COUPE de France 2020 – L’OL remporte son 30e titre dont sa 11e CDF

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Août 2020

Finale de la 19e Coupe de France féminine de football. Paris Saint Germain – OL

Rien n’y a fait. L’Olympique Lyonnais, appliqué et concentré sur sa tâche, a remporté sa 11e finale (en intégrant le FC Lyon) avec une habituelle séance de tirs au but (4-3) qu’elles maitrisent à la perfection. Le Paris Saint Germain s’est mis au niveau de l’enjeu défensif en rendant un clean sheet (0-0) mais a failli offensivement, sans occasion majeure. Avec les t.a.b., le résultat bascule souvent favorablement pour l’OL. Sur les dix dernières années, l’Ol a remporté 7 Coupes de France et signe son 30e titre, tout confondu. 

Les compositions : L’Olympique Lyonnais a communiqué une heure plus tôt son onze de titulaires avec l’intégration de Selma Bacha au poste de latérale gauche et l’entrée de Delphine Cascarino à droite. Une situation qui coûte sa place à Eugènie Le Sommer et Alex Greenwood, sur le banc. Amel Majri reprenant le côté gauche, son pied naturel. Nikita Parris est confirmée comme avant-centre. Jodie Taylor, arrivée lundi de la filiale lyonnaise, OL Reign, se place sur le banc.

Du côté du Paris Saint Germain, Olivier Echouafni qui a obtenu le BEPF dans la même session que son adversaire du soir, a confirmé l’essentiel de son groupe qui a commencé face à Bordeaux. Formiga (41 ans) prend la place de sa compatriote Luena au milieu de terrain et Sandy Baltimore, passeuse décisive pour le but vainqueur à Bordeaux, prend celle de Nadia Nadim, l’internationale danoise.

Katoto en dix et Huitema en 9 ? Quesaco ?

La grosse surprise vient de l’OL avec la présence d’Eugènie Le Sommer sur le banc. Les deux jeunes du match, Selma Bacha (OL) et Sandy Baltimore (PSG) ont donc gagné leur place. La jeune lyonnaise, mise en face de Diani et sa puissance connaîtra une soirée difficile, dans l’impossibilité de suivre le démarrage de  l’internationale française. Une situation prévisible qui nous fait penser que le choix de JL Vasseur s’est fait sur l’idée de formation pour montrer à la « pépite » lyonnaise, le travail encore à fournir. D’un autre côté, il semble qu’il ait été aussi sensible à la qualité d’Alex Greenwood, partante, la tenant par les épaules à la fin de la rencontre, pour lui placer « des mots forts » qu’on peut glisser quand l’émotion et la certitude d’un titre sont là.

Pour le Paris Saint Germain, on a du mal à comprendre les possibilités de Jordyn Huitema, notamment au poste d’avant-centre, alors qu’Olivier Echouafni possède en Marie-Antoinette KATOTO, la leader des buteuses depuis plusieurs saisons avec Ada Hegerberg. Pourquoi la mettre en dix quand l’équipe possède une flèche avec Kadidiatou Diani dont les centres ne trouveront jamais preneurs ? La seule réponse, la maitrise du ballon limitant les possibilités de vagues de l’OL. Le passé nous a montré qu’à chaque fois qu’un coach a voulu expérimenter, la sentence est vite tombée. Je me souviens d’un Montpellier au Camp des Loges ayant mis sur le banc ses meilleures joueuses : Sofia Jakobsson, Virginia Torricella et Anouk Dekker. Un combat potentiel, une défaite constatée.

Présentation des équipes à Noël Le Graët sous une pluie battant. Stade de l’Abbé Deschamps à Auxerre

Photographie @psg

Un match qui s’est joué sans certitude offensive, sans certitude météorologique, entre pluie et chaleur. 

L’anecdote retiendra la coupure de courant à la 10′, suite à un orage qui a rappelé aux plus grand nombre, les conditions de la victoire parisienne de 2018. Faisant dire, au micro de France 4, à Jean-Luc Vasseur : « j’ai dit aux filles que c’était l’occasion de réécrire l’histoire ».

Effectivement, elles l’ont entendu puisque deux heures plus tard, elles soulevaient la Coupe pour une série commencée en 2012, proche des 14 titres consécutifs gagnés en championnat, interrompu seulement en 2018 (8 titres).

L’Olympique Lyonnais et le Paris Saint Germain font un minimum d’erreurs. L’Ol faisant une petite différence sur le plan offensif. 

Les occasions n’ont pas été nombreuses des deux côtés mais bien plus présentes du côté de l’Olympique Lyonnais, quand le Paris Saint Germain n’a existé offensivement que par les percussions de Kadidiatou Diani, qui n’a pas raté son objectif, de briller devant les dirigeant suprêmes du club parisien : Nasser Al Khelaïfi, Léonardo, Jean-Claude Blanc. Voilà un salaire (37.500 € mensuel) qui devait se justifier et qui l’a été, à Auxerre.

Vous me direz que vient faire une observation individuelle dans un compte rendu de match ? La réponse est simple. Le football est un sport individuel qui se joue collectivement chez les hommes. La tendance commence à mordiller sur le football féminin de haut niveau. 

L’OL prend le jeu à son compte. Dès la 8′, Amel Majri déposera une balle sur la tête de Wendie Renard, grande mais surtout esseulée et oubliée au deuxième poteau. Un extérieur qui aurait très bien pu être le seul but de la rencontre. Un échec vite oublié. La capitaine lyonnaise réussissant de son côté, tout au long du match, des passes longues de très bonnes qualités.

A l’image des joueuses des deux camps qui se sont concentrées pour minimiser les erreurs. Défensivement, elles ont été rares, avec notamment Kadeisha Buchanan, peu utilisée et vaillante depuis son arrivée à l’OL (elle commence sa 5e saison), mais qui a fourni un match de qualité internationale, en remplacement de Griedge M’Bock (rupture du talon d’achille), titulaire habituel du poste. 

Le centre de la défense lyonnaise a été parfait. On a donc vu une Jordyn Huitema, jeune internationale canadienne (19 ans), promener sa grande taille(1,80), sans avoir la moindre possibilité de réaliser une différence, à l’exception d’une tête hors cadre (12′) et limité dans la gestion de ses contrôles. A l’évidence, elle n’était pas là pour marquer mais pour apporter du poids comme un Dembelé peut avoir à le faire pour l’OL masculin. Sauf qu’il en manque un peu, beaucoup (62 kgs). Il faudrait arriver à lui trouver une place où son jeu puisse s’épanouir autrement que face à des équipes faibles. Pour l’instant, ce n’est pas encore le cas (1 but en D1F Arkema). La 3e canadienne de la rencontre, Ashley Lawrence, réussira à contenir, des fois à la limite, le couloir gauche lyonnais. Une performance, mais sans possibilité de déborder pour ses couleurs, ce qu’elle peut faire plus aisément, à gauche. Sa place préférentielle.

Kadidiatou Diani centre face à quatre joueuses de l’OL, sans beaucoup de maillots du PSG (source @psg).

L’Olympique Lyonnais est donc plus présent offensivement mais craint les débordements de Kadidiatou Diani, dont on cherche les raisons pour lesquelles, elle n’a pas plongé de temps en temps, au centre. Le malheur qu’elle a fait à Selma Bacha, aurait poser des problèmes à Wendie Renard comme Kadeisha Buchanan. Non, elle est restée sur la droite. Débordement, centre. Défense lyonnaise. Quatre fois, cinq fois. Cinq centres. Personne au bout. Sarah Bouhaddi n’aura aucun arrêt à faire de ce côté.

Avec Lucy Bronze, de l’autre côté pour l’Olympique Lyonnais, il était difficile d’attendre de Sandy Baltimore qu’elle lui fasse passer un mauvais moment. Pour autant, la jeune parisienne d’1m56, a réalisé un match plein pour ses 20 ans.

C’est là, où 48 heures après le match, une vérité m’éclate au visage. Marie-Antoinette Katoto n’a eu aucune occasion dans cette rencontre. Pas facile à écrire pour celle qui a été deux fois meilleure buteuse du championnat (2019, 2020).

Dans ce contexte, les occasions seront lyonnaises. Avec Nikita Parris qui lance haut sur Amel Majri (24′), reprise de justesse par une Grace Geyoro, qui doit apprendre à être patronne du milieu de terrain et non plus adjointe de Formiga. Quelques minutes plus tard, ce sera l’opportunisme de la même Parris  (36′), très rapide sur ses appuis, qui ira chercher une balle en retrait mal appuyée par Paulina Dudek (36′) butant au millimètre, sur Cristiane Endler, très sûre d’elle tout au long de la rencontre, et sollicitée plusieurs fois sur balles hautes. Pas de souci pour la gardienne, placée sans concurrence, au poste de numéro 1.

La gardienne chilienne ne pourra rien sur le contre lyonnais, laissant Parris réussir son duel mais buter sur le retour d’Irène Parédes, empêchant la balle d’entrer quand l’anglaise avait réalisé l’exploit de réussir à la remettre dans la ligne des buts (40′). Deux minutes plus tard, Delphine Cascarino bénéficiera d’une balle sur corner, déviée par Katoto sur son droit et par Kumagai pour son gauche (42′).

L’arbitre, Victoria Beyer, auteure d’une belle prestation, siffle la mi-temps sur le constat de deux équipes concentrées défensivement. L’Olympique Lyonnais disposant de velléités offensives plus marquées ; chacune se disant que tout est possible.

Pour Paris, parce que tout le monde défend et rien ne rentre ; pour l’Olympique Lyonnais, en constant que les percussions de Diani sont maitrisées au centre et que l’OL trouve des failles offensivement, avec l’idée centrale, qu’il en suffit d’un pour gagner un match et un titre.  3si

« Katoto en 10. Est-ce une solution à renouveler quand tu as Diani qui centre et déborde à droite ? »

Une seconde mi-temps sous la pluie. 

La seconde mi-temps se jouera sur le même tempo avec une présence plus hardue et maitrisée du Paris Saint Germain. Grace Geyoro à la mi-temps, nous dira : « il faut rester concentrées. On a un bon bloc, il faut juste trouver des combinaisons pour aller vers l’avant. » Les parisiennes resteront bien concentrées sur le plan défensif avec trois faits majeurs lyonnais. Un superbe contrôle poitrine de Nikita Parris suivi d’un tir trop enlevé (61′). Une belle tentative d’Eugènie Le Sommer, captée facilement par Endler (66′) et une demi-finale du niveau mondial de Lucy Bronze, qui s’est terminée dans les gants de l’internationale chilienne (69′).

L’Olympique Lyonnais devant au niveau des occasions, face à un Paris Saint Germain qui comptera un très beau tir de Nadia Nadim, tout juste entrée (76′) et une belle occasion initiée par Diani, repris par Katoto et terminée par Sarah Däbritz (85′).

Le fait du jeu viendra de l’entrée, dans la toute dernière minute, de Bruun et Khelifi du côté parisien, futures actrices des tirs au but, renvoyant sur le banc, Katoto et Lawrence. 

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Arrêt du 3e tir d’Eugènie Le Sommer par Christiane Endler, mettant le PSG devant (crédit psg)

Les tirs au but

Parmi le onze parisien disponible (Endler, diani, Khelifi, Dudek, Paredes, Morroni, Geyoro, Dabritz, Bachmann, Bruun, Nadim) ; les tireuses ont été Nadim, Dabritz, Bruun, Endler, Khelifi. Du côté lyonnais, parmi les onze sur le terrain (Bouhaddi, Bronze, Buchanan, Renard, Majri, Gunnarsdottir, Kumagai, Van de Sanden, Marozsan, Eugènie Le Sommer, Taylor) ; les tireuses ont été Majri, Marozsan, Renard, Le Sommer, Bronze.

Le Paris Saint Germain prend la tête que Eugènie Le Sommer voit son tir arrêté par Endler ; sauf que la gardienne tente sa chance mais enlève trop son tir. Egalité, Bronze marque et l’OL reçoit le trophée car Lea Khelifi rate son tir au but. Pas assez appuyé. Sarah Bouhaddi le captant sans difficulté.

Un exercice que les lyonnaises maitrisent parfaitement. Face au PSG (coupe de france 2017, europe 2017, Trophée des championnes 2019) comme pour l’Europe avec deux titres emportés (2016 et 2017) sur cet exercice.

Le Paris Saint Germain perd le Trophée pour des raisons psychologiques. Un tir trop enlevé pour un excès de motivation d’Endler. Un autre trop faible pour Léa Khelifi, entrée très rarement en jeu dans son passage au PSG, et qui a pris le 5e tir pour montrer une motivation qui s’est retournée contre elle.

William Commegrain lesfeminines.fr

Finale Coupe de France 2020

Ol – PSG

Finale Coupe de France 2020. Olympique Lyonnais – Paris Saint Germain (0-0, 4 à 3). Dimanche 9 Août 2020. 21h00. Stade de l’Abbé Deschamps à Auxerre. Jauge maximum des spectateurs, délégués, staffs, médias : 5.000  Retransmission en direct sur Eurosport 2 et France 4. Arbitre : Victoria Beyer.  Cartons jaunes : Dudek (18′) Katoto (29′)

OL Gardiennes : Bouhaddi (GK) – Bronze, Buchanan, Renard (cap), Bacha (62′ Le Sommer) – Henry (74′ Gunnarsdottir), Kumagai – Cascarino (74′ Van de Sanden), Marosjan, Majri – Parris. Coach : JL Vasseur. Banc : Gallardo (GK), Cayman, Greenwood, Sombath, Gunnarsdottir, Julini, Le Sommer, Taylor, Van de Sanden.

Groupe du PSG : Christiane Endler -Ashley Lawrence, Paulina Dudek, Irène Paredes, Perle Morroni -Grace Geyoro, Formiga (57′ Däbritz)  -Kadidiatou Diani, Jordyn Huitema (74′ Nadim), Marie-Antoinette Katoto, Sandy Baltimore (74′ Bachmann)-  coach : Olivier Echouafni. Banc : Charlotte Voll, Cook, Karina Sævik, Signe Bruun,  , Ramona Bachmann, Nadia Nadim, Le Guilly, Luana, , Sara Däbritz, Lea Khelifi.