7
Août 2020
19e finale de la Coupe de France féminine
Le Paris Saint Germain a la possibilité de prendre cette finale et de ramener la Coupe au PSG (la 3e) face à un OL dont il faut arrêter de regarder le passé si les parisiennes veulent atteindre cet objectif élevé.
L’enjeu de la 19e finale pour le PSG : L’Olympique Lyonnais est connu pour ses titres dans le football féminin. 13 championnats consécutifs depuis 2007 ; 6 Coupes d’Europe dont quatre consécutives depuis 2016 ; 10 Coupes de France dont une série de 7 depuis 2012 avec un seul intermède, la victoire du Paris Saint Germain en 2018 (deux titres).
L’Histoire est donc pour l’OL. L’enjeu parisien de la rencontre est d’arrêter de regarder l’Histoire, le passé, pour se construire un avenir autre que celui d’éternel dauphin de l’Olympique Lyonnais
Marie-Antoinette Katoto, deux fois meilleure buteuse du championnat à 20 ans et buteuse de la victoire du PSG en finale 2018 de la Coupe de France. Avec Marie-Laure Delie, buteuse fin 2016 de la dernière victoire du PSG face à l’OL en championnat. Dans les bras de Kadidiatou Diani, meilleure salaire du football féminin français, qui sera peut-être la buteuse 2020 du Paris Saint Germain.
Photographie par Gianni
Le passé. Paris Saint Germain gagne, rarement, et sur des scores serrés.
Sur cette photo de Gianni, vous avez les deux dernières buteuses pour une victoire du Paris Saint Germain face à l’Olympique Lyonnais. Cela remonte à 2016 et 2018, c’est assez loin. En championnat, la dernière buteuse a été l’internationale des Roses d’Aciers, Wang Shuang .. en 2018 (1-1), sur une erreur de Sarah Bouhaddi.
Pour les non-spécialistes Marie-Laure Delie avait envoyé un boulet de canon au Camp des Loges, en décembre 2016, (1-0) permettant au PSG de prendre la tête du championnat, vite perdue pour cause de pénalité (-4 points) et Marie-Antoinette Katoto (2018, finale de la Coupe de France), à 19 ans, s’était jouée d’Amandine Henry sur un sombrero pour offrir la deuxième Coupe de France de l’Histoire du PSG au club de la capitale (1-0).
Voilà le passé. Le PSG, comme les autres équipes, marque rarement contre l’OL et pas souvent.
Le Présent du Paris Saint Germain.
Quels sont les arguments du Paris Saint Germain pour réaliser cette performance ?
Kadidiatou Diani, 26 ans, excellente au Mondial 2019 par sa puissance physique et ses qualités de duels sur le côté droit des Bleues a fait exploser son revenu et ses sollicitations en Juillet 2020, entre l’OL, Portland et d’autres qui se sont effacés à l’annonce du tarif. Elle a terminé ce rodéo financier avec un salaire mensuel hors de proportion de ses performances passées et unique dans l’hexagone pour une joueuse qui marque une dizaine de buts par saison. 37.500 € mensuel, hors prime. La finale de la Coupe de France, en attendant l’aventure du final 8 de la Women’s Champions League 2020 (fin Août) sont deux excellentes sources pour montrer et légitimer son talent.
Si une joueuse ne fait pas une équipe, elle contribue à faire un résultat.
Le second argument qui peut faire la différence avec l’Olympique Lyonnais pourrait être dans sa qualité offensive collective. Mais elle ne me paraît pas être supérieure à la défense lyonnaise faite de Lucy Bronze, Wendie Renard, Kadeisha Buchanan et Selma Bacha ou Alex Greenwood voire Amel Majri, si elle est appelée à descendre pour bloquer Diani. Je dirais qu’il y a égalité.
A mon sens, le Paris Saint Germain féminin, « à l’image des larmes de Basile Boli pour la perte de la 1ère Ligue des Champions de l’OM en 1991 face à l’Etoile Rouge de Belgrade, buteur unique de la victoire, deux années plus tard, contre le Milan AC », les parisiennes en ont assez de pleurer face aux lyonnaises.
Il y a comme un ras-le-bol- pour des défaites devenues très serrées mais qui se terminent à l’avantage des lyonnaises. Les joueuses anciennes sont là depuis assez longtemps pour ne plus en vouloir, de cette illogisme historique et de cette injustice quand on se remémore la finale de la WCL en 2017 (0-0, 7 tirs au but à 6) comme de la Coupe de France jouée la même année et perdue après avoir mené (1-1, 7 tab à 6).
Ce n’est pas si loin et Grace Geyoro, 21 ans à l’époque, avait fondu en larmes en 2017. Jeune, elle avait eu toute l’émotion de son tir au but raté. Avec bientôt 100 matches de D1F à son actif, 31 sélections en A ; une Coupe du Monde perdue en 1/4 au Parc des princes face aux USA : la joueuse n’a plus envie de verser des larmes, même face aux meilleures, même face à des objectifs élevés.
Comme toutes les jeunes, elle veut gagner.
Collectivement, ce sentiment est partagé par le groupe du Paris Saint Germain. Françaises, étrangères, staffs, personnel médical. Il y a une dynamique positive qui est l’avenir face à une dynamique logique qui est le passé.
Je ne prendrais pas comme argument le niveau insuffisant de l’Olympique Lyonnais face à Guingamp en 1/2 finale (0-1). Je ne prendrais pas comme argument les difficultés en 2019-2020 de l’OL face à Dijon, sur les deux rencontres de championnat (0-0 ; 2-0). Je ne prendrais pas comme argument le fait que l’Olympique Lyonnais construit ses victoires plus difficilement en seconde mi-temps plutôt qu’en première dans le passé. Je ne prendrais pas comme argument l’arrivée de Jodie Taylor (34 ans), l’internationale anglaise arrivée in extremis le lundi pour jouer le dimanche, bénéficiant du report au 8 Août, de la toute dernière loi, demandant aux voyageurs venant des pays qui ne sont pas sur une liste privilégiée (dont les USA), d’avoir à présenter un test COVID PCR négatif, 72 heures avant son départ. Très compliqué à faire aux USA.
Mon second argument est simple. Le Paris Saint Germain joue « jeunes ». L’OL joue « vieux ».
Il ne reste plus que 90 minutes pour aller chercher un titre, et une finale ça se gagne. On va aller à Auxerre pour récupérer ce titre.
Le coaching du PSG. Interrogé par l’Equipe, Carlo Ancelotti, plusieurs fois vainqueur de la LDC masculine et ex-coach du PSG masculin avait dit : « pour gagner la Ligue des Champions, il faut de l’inconscience, de la chance et du courage ! »
Pour gagner, il faut de l’inconscience, de la chance et du courage.
Olivier Echouafni (44 ans), a eu l’inconscience de la jeunesse en disant, au soir de la qualité de détermination exprimée par son groupe, pour se qualifier face à Bordeaux, 3e de la D1F, après avoir été mené (1-0) à l’extérieur « on ira à Auxerre pour ramener la Coupe gagnée en 2018 » Le peuple lyonnais et les joueuses ne supportent pas qu’on puisse penser qu’elles vont perdre.
Son groupe a eu du courage face à Bordeaux. Les titulaires comme le banc. Elles sont allées chercher une qualification qui ne s’est faite qu’à la 86′. A quatre minutes près et quelques extra time, c’était la loterie des tirs au but puisqu’il n’y a pas de prolongations en Coupe de France féminine.
Quant à la chance, elle se provoque dit le dicton. Avec Bernard Mendy comme adjoint, coach de la finale 2018 suite à un « arrêt maladie » de Patrice Lair en conflit avec ses dirigeants ; l’ex-joueur parisien n’a pas manqué de chances pour être sur le banc et, de manière magistrale, garder les joueuses concentrées sur l’objectif quand Jean-Michel Aulas, Reynald Pedros, avaient tous dans l’idée, de manger l’arbitre Florence Guillemin.
Stoïque et calme, les joueuses du PSG, encore plus jeunes que maintenant, n’ont pas manqué d’inconscience, de courage et de chance pour soulever ce Trophée, si difficile à gagner en France, avec l’OL dans son championnat.
Au bilan : à moins que le Paris Saint Germain ne veuille pas de ce titre 2020 ; elles ont des arguments pour l’emporter. Elles représentent l’avenir face au passé.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Finale Coupe de France 2020. Dimanche 9 Août 2020. 21h00. Stade de l’Abbé Deschamps à Auxerre. Jauge maximum des spectateurs, délégués, staffs, médias : 5.000. Retransmission en direct sur Eurosport 2 et France 4.
Groupe de l’OL (10 Coupes de France sur 19) : Gardiennes : Bouhaddi, Gallardo. Défenseures : Bacha, Bronze, Buchanan, Cayman, Greenwood, Renard, Sombath. Milieux : Gunnarsdottir, Henry, Julini, Kumagai, Majri, Marozsan
Attaquantes : Cascarino, Le Sommer, Parris, Taylor, van de Sanden
Groupe du PSG (2 coupes de France sur 19) : pas communiqué. Voici le groupe de Bordeaux : GK : Christiane Endler. Charlotte Voll. Défenseurs : Paulina Dudek, Irène Paredes, Perle Morroni, Ashley Lawrence, Le Guilly, Luana, Grace Geyoro, Formiga, Sandy Baltimore, Sara Däbritz, Lea Khelifi, Attaquantes : Karina Sævik, Jordyn Huitema, Signe Bruun, Marie-Antoinette Katoto, Kadidiatou Diani, Ramona Bachmann, Nadia Nadim