Il ne faudra pas que le Paris Saint Germain se rate. Il y a deux manières de présenter les Girondines de Bordeaux dans cette 1/2 finale de la Coupe de France féminine, version 2020, qui se jouera Dimanche 20h30 à Libourne, stade Jean Moueix.

Le verre à demi-vide, un club trop jeune, en cours de construction face à la maturité internationale du Psg.

La première, c’est de rappeler que le club bordelais est récent en D1FArkema, faisant l’acquisition et l’insertion du club de D2F Blanquefort en 2015, à deux doigt de descendre pour leur première saison en D1F (2017), sauvant leur tête à Charlety, lors de la dernière rencontre face au Paris Saint Germain (2-2).

Un club qui est en constante évolution depuis avec une 7e, 4e et 3e place, marqué par la reconnaissance de son coach, Jerôme Dauba, élu par ses pairs meilleur coach de D1F pendant deux saisons et dont la direction sportive est assurée par Ulrich Ramé, ayant démontré qu’il était à même de prendre des décisions permettant d’afficher une réussite dans les objectifs fixés.

Bordeaux, version féminine, ne vivant pas les tumultes internes des hommes, voyant un revirement conséquent en 2018-2019 dans le cadre d’un budget doublé (1.500.000 €) avec l’arrivée de Claire Lavogez (OL) et Viviane Asseyi (OM). Reprenant Gouthia Karchouni (ex-PSG), partie vivre une première expérience dans les championnats universitaires américains. Des internationales en puissance, des retours en demande de réussite dans l’hexagone.

Puis la saison suivante, intégrer celle d’Estelle Cascarino, Charlotte Bilbault, Ines Jaurena du Paris FC. Des joueuses fortes de la D1F. Un ensemble accompagné par la jamaïcaine Khadija Shaw (1m80), un physique impressionnante pour une avant-centre lui ayant permis de scorer 10 buts en 2020 et Ouleymata Sarr (ex-losc et PSG), jeune joueuse habituée aux triplés dans certains matches.

Terminant, pour les renforts, avec l’arrivée d’Eve Perisset (Internationale PSG) et Elena Linari (internationale italienne,Coupe du Monde 2019) cette saison.

Un ensemble déjà positif en 2020 mais une défaite lourde face au PSG

Un ensemble plus que positif mais une défaite lourde dans le seul match qui aura opposé les deux clubs lors de cette saison brimée au 28 avril 2020. (3-0, Katoto, Geyoro, Nadim) pour le Paris Saint Germain à Jean Bouin, sans qu’il y ait la moindre discussion sur le score, tellement les parisiennes avaient été supérieures en jeu et efficacité.

De plus, le 1/16e de finale face au Paris FC, s’est terminé favorablement sur le score de (1-1, 5 tab à 4) en montrant des difficultés face à l’équipe parisienne de Sandrine Soubeyrand, en verve cette fois-ci, tout en étant loin du Paris Saint Germain en février 2020, comme en Juillet, puisque le PSG a disposé de ses voisines par deux fois en match de préparation (4-1 et 2-0).

Si on fait le décompte des capes internationales et de l’expérience qui va avec, Claire Lavogez (35 sélections en A) mène la danse devant Charlotte Bilbault (25 sélections). Le reste de l’effectif est fait de jeunes internationales A (19 pour Eve Perisset) ou/et de sélectionnées en B, U23, U20, U19.

Le nouveau coach Pedro Martinez Losa, pour sa 1ère saison, aura donc réussi à placer Les Girondines à une 3e place, qualificative la saison prochaine pour l’Europe, mais n’a pas réussi à les mettre au niveau des parisiennes, habituelles seconde du championnat (7 fois sur 8 depuis 2012) bien que terminant proche du PSG d’Olivier Echouafni avec une différence de (-4).

Le verre a demi-vide étant terminé. Qu’en est-il du verre à demi-plein ? 

Une différence faible (-4) qui montre surtout que le Bordeaux 2020 n’a pas perdu contre les autres équipes. En se renforçant, on peut penser qu’il en restera ainsi. Quel enseignement en tirer pour ce premier argument ?

Ne pas perdre contre les autres est un indicateur fort de puissance dans le football féminin. Montpellier a gagné sa seconde place au championnat en 2017 en faisant un retour parfait (9V dont le PSG, 1D face à Lyon, 1N contre le Paris FC) sans perdre un match face à des équipes moins bien classées. Le PSG de Patrice Lair y avait laissé, pour la première fois depuis 2012, sa place européenne. L’ex-Juvisy devenu le Paris FC était redouté car Gaetane Thiney et consoeurs ne perdaient jamais contre les équipes après le Top 3 du championnat.

Bordeaux s’est amélioré après le confinement avec la possibilité de doubler les postes jusqu’au milieu de terrain sans perdre en qualité défensive et en animation offensive. (voir les arrivées plus haut). A cet égard, le récent match nul contre les jeunes U17 masculins de Girondins de Bordeaux (1-1) en match de préparation est à prendre en considération, avec un but de Khadija Shaw. La différence est habituellement en faveur des futurs jeunes professionnels, avec des scores plus conséquents, trois ou quatre buts encaissés de plus.

Voilà un second indicateur de puissance.

Bordeaux au féminin, très peu touché par les remous de l’équipe professionnelle masculine (Budget, nouveau logo, interventions dans les médias), vit dans une dynamique positive avec des joueuses abordant la maturité sportive (24 ans) et d’autres ayant une très grande expérience de la D1FArkema (Ines Jaurena, Charlotte Bilbault Delphine Chatelin, Claire Lavogez). Elles n’attendent, avec envie, que de « jouer ce match » qui sera de plus, à domicile.

Un management où toutes les parties prenantes y trouve leur compte. A cet égard, Pedro Martinez Losa a une gestion globale ou chaque partie prenante (fans, Président, joueuses) y trouve son compte. Le PSG a affaire à un jeune coach (44 ans) empreint d’une approche multi culturelle. L’Espagne avec le Rayo Vallecano Femenino ; l’Angleterre avec Arsenal women et maintenant Bordeaux. Plus qu’une philosophie de jeu qui est de donner du plaisir aux fans, il est dans la gestion d’un groupe pour lui faire passer une étape supérieure correspondant aux objectifs du club, en intégrant des progrès personnels et individuels pour chaque joueuse.

Si on y regarde précisément. Chaque partie prenante du club (fans, Président, joueuses) y trouve leur compte. De ce fait, ce management quand il est réussi et compris, il retire toute interférence extérieure négative. Bordeaux, dans ce verre à demi-plein, est donc dans une dynamique positive où chacun et chacune a envie de faire mieux et plus.

voir la video du coach (site officiel des Girondins)

Un directeur sportif, Ulrich Ramé, qui sait ne pas renouveler les collaborations comme d’aller en chercher de nouvelles, plus proches de son objectif. Sans Etat d’âme.

Et dernier point, seul cinq joueuses étrangères sur 22. Au niveau où va jouer Bordeaux, les portes des Equipes de France s’ouvriront plus facilement qu’ailleurs. Une performance en Coupe le confirmerait.

En fait l’objectif bordelais est de passer 2e du championnat en améliorant sa présence dans le football féminin français.

Ne pouvant pas aller chercher des joueuses chez les adversaires (Ol et PSG), leurs moyens étant bien inférieurs ; ils gèrent la situation en interne avec un groupe qui a des choses à dire et qui saura identifier, dans le courant du match, une faiblesse potentielle de l’adversaire, pour se glisser entre les mailles du filet.

Potentiellement, le Paris Saint Germain est supérieur mais il ne lui faudra pas jouer « en-dedans ». Une formule qui justifie l’interrogation compte tenu qu’il s’agit d’un match couperet avec un premier match officiel depuis quatre mois.

William Commegrain Lesfeminines.fr