Quelle performance d’avoir organisé le Challenge Cup en si peu de temps. Si les joueuses de Houston Dash ont crée leur exploit en remportant leur premier titre NWSL sans jamais avoir eu une finale précédente à jouer ; Lisa Baird, nouvelle directrice de la NWSL, recrutée en Février dernier, n’a pas été en reste avec le chemin parsemé d’embûches qu’elle a dû régler en l’espace de quelques mois.

Nouveau job en Février, plus de job en avril !

En résumé, c’est un peu ce qu’elle a pu se dire, au volant de sa voiture américaine, juste avant de passer le porche de sa maison, avec le sourire américain de rigueur ! « Hi, la famille ! »

Un background si fourni qu’il ne nécessite pas une vérification tellement ses postes ont été publics, permettant à chacun d’en mesurer la qualité, notamment sous un grand angle : marketing, travaillé comme une artisan, aux détails.

L’ex-directrice marketing du Comité Olympique américain et vice-présidente marketing des licences pour la NFL n’a pas chômé avec la pandémie COVID19, partie pour mettre au placard tout un championnat américain, se jouant du 18 avril à mi-octobre, avec sur le plan comptable, neuf franchises indépendantes, obligées de payer des joueuses et un staff, sans avoir un match à jouer et en constatant, un compte des recettes, ne dépassant pas le zéro pointé. Le tout dans un univers où l’activité partielle prise en charge par l’Etat ferait fondre le Trumpiste américain, biberonné à l’initiative individuelle : « ce qui est bien pour toi, est bien pour les autres ! ». Oubliant tous ceux qui ont du mal.

« Chaud » comme situation pour un championnat américain qui a déjà connu deux faillites précédentes.

Entrer dans cette fonction oubliée depuis 2017 avec la démission de Jeff Blush -après avoir été contacté par le cabinet Nolan Partners- et prendre de pleine face, une telle tempête. Il en a fallu de l’intelligence et de l’adaptation pour s’en sortir. Elle l’a fait.

D’autant que la WNBA (professionnelles du basket féminin) ont décidé de ne pas jouer en 2020 en raison du Covid.

Comment ? 

« Il a fallu l’accord et un travail en étroite collaboration avec le général Burton, le gouverneur Herbert et le maire du comté de Salt Lake pour ce faire » dit-elle dans un video-conférence zoom avec la presse qui a suivi le Tournoi 2020. Utah est donc la conjonction de ces trois consensus qui a permis, en deux mois de préparation, de recevoir huit équipes avec staff et joueuses, autour d’un titre dont le seul défaut aura été le Trophée.

Quels talents de conviction son équipe a dû développer pour assurer la retransmission par CBS sport, partenaire contractuel de la NWSL pour une nouvelle année, dans un agenda télévisé qui se prépare comme le fait un Chef Cuisinier français. La moindre anicroche fait exploser la cuisine.

Que dire alors quand Lisa Baird apprend qu’Orlando Pride se désengage pour cause de Covids positifs au sein de son équipe. Passant d’un tournoi à huit, ce qui était prévu pour être un tournoi à neuf. Rendant logiquement les matches de groupe sans enjeu dès lors où le format de la compétition finale commence sur des 1/4, imposant huit équipes de qualifiés.

Le plat n’étant pas assez épicé ; voilà que les stars internationales du mondial 2019, double championne du monde, se désengagent comme Megan Rapinoe (meilleure joueuse FIFA 2019), quand Alex Morgan prend du plaisir à materner sa fille Charlie, que Carly Lloyd (meilleure joueuse FIFA 2015 et 2016) reste à la maison et que le Monde s’indigne au décès scandaleux de Georges Floyd, entraînant le mouvement « Black Lives Matter », faisant constater aux spectateurs internationaux, que si toutes et tous ont eu le droit de manifester leur soutien, un genou à terre, la terre américaine du football féminin comptait très peu de joueuses noires. De là, à penser au racisme et à la discrimination sociale, il y a peu de pas à faire.

Obstacles qui n’ont pas entamé la relation professionnelle de Lisa Baird avec le monde des sponsors, trouvant en très peu de temps, P&G et Secret, en complément de Budweiser, partenaire contractuel de la NWSL.

Arrivée février, plus de boulot en avril, une entreprise restaurée en Juillet.

Pas peu fière d’être les premiers sportifs professionnels des USA à reprendre une compétition, avant même de la NBA prévue dans l’immense Disney World de Floride ne le fasse ; Lisa Baird compte les points positifs pour l’avenir de la NWSL.

  • 653.000 téléspectateurs pour la finale chez CBS quand l’an dernier, elle avait péniblement dépassé les 166.000.
  • Une retransmission de qualité pour les fans internationaux sur le réseau Twitch.
  • Une gestion d’un tournoi sportif de l’élite avec 23 matches à réaliser, selon un process de santé qui a permis de n’avoir aucun cas COVID dans le tournoi quand les USA ont dépassé les 150.000 décès.
  • Des joueuses heureuses d’avoir gagné un titre et d’avoir joué.
  • Une NWSL qui va passer à dix en 2021 avec une franchise accordée à Louisville quand Los Angeles et ses stars hollywoodienne ont obtenu l’agrément de créer une Franchise en 2022 (la onzième), actuellement nommée ANGEL City.

Pas mal comme bilan.

Lorsqu’elle répondait à Sport Illustrated sur son apport : « je vais passer mon temps sur le côté commercial et le parrainage médiatique», a déclaré Baird. «C’est un domaine dans lequel j’ai beaucoup d’expérience et de bonnes relations avec de grandes entreprises qui sont non seulement de solides sponsors sportifs de longue date, mais aussi vraiment intéressées à faire progresser le sport féminin.» ;  visiblement pas grand chose n’était faux.

On peut penser que la NWSL va bouger dans un temps proche : « J’ai beaucoup d’expérience dans la création de marques, la construction d’extensions numériques de marques, la construction de communautés sociales autour du jeu et de rivalités. Et c’est un domaine sur lequel j’espère pouvoir mettre mon empreinte. »

A suivre, et peut-être plus rapidement que ce que l’on peut attendre. 

En effet, les joueuses n’ont plus de compétition et pourtant sont sous la direction des clubs. La question se pose donc d’une autre compétition. Lisa Baird confirme que lors de la réunion du 21 juillet dernier avec le comité stratégique, la question a été travaillée sans pour autant avoir de solutions encore concrètes.

Il faut juste savoir que 31 états ont mis en place des mesures restrictives de déplacements par rapport au Covid-19. Ce qui n’est pas rien. Tout le travail de Lisa Baird est de montrer aux Etats concernés que le protocole de santé mis en place par la NWSL a montré son efficacité et sa qualité pendant le tournoi.

La prochaine saison américaine devrait commence mi-avril 2021 pour se terminer en Octobre 2021 si la pandémie COVID-19 régresse et le permette. Il faut, à l’évidence, qu’une compétition puisse s’y intercaler.

Cette femme est à suivre.

William Commegrain Lesfeminines.fr