L’Allemagne est double championne du Monde en 2003 et 2007. Elle a remporté huit titres européens perdant celui de 2017 au profit des Pays-Bas. Néanmoins, elle a réussi à prendre l’Or aux JO de 2016. Sur le plan des clubs, elle a dominé l’Europe dans la période 2001-2010 avec 6 titres (Women’s Champions League) et 2 finales. Pour la décennie suivante, elle a dû subir la loi des clubs français (OL et PSG) avec 3 titres et quatre finales.

Depuis le classement FIFA, elle est collée à la 2e place mondiale.

Et pourtant, elle joue dans un championnat amateur quand tous les nouveaux pays veulent constituer un championnat professionnel ; les joueuses ont souvent une double activité qu’elles réussissent. Et comme dans les autres pays (Angleterre, France, Espagne, Italie), les deux premières places sont trustées par deux clubs professionnels masculins qui veulent développer, sans retour de budget, une image gagnante avec le football féminin. Il reste que tout cela se fait dans un budget maitrisé.

Visiblement, les joueuses allemandes ne sont pas si nombreuses à évoluer à l’étranger. En France, le PSG en a reçu quelques unes. C’est certainement le club a en avoir le plus choisi (Annike Krahn, Linda Bresonik, Ann-Katrin Berger, Josephine Henning, Fatmire Alushi, Anja Mittag, Charlotte Voll, Sara Däbritz). Cependant, la plus connue, capitaine de la Mannschaft, Dzsenifer Marozsan évolue à l’OL depuis quatre ans et vient de renouveler son contrat pour trois années supplémentaires. Certainement, le plus long bail d’une joueuse allemande à l’étranger.

Championnat exceptionnel – Finale de Coupe extraordinaire

À la fin d’un championnat et d’une compétition de coupe dont les derniers jours de match ont été joués dans des conditions jamais connues, le VFL Wolfsburg s’avère de nouveau le géant du foot féminin en Allemagne. Cependant, le suspense a été crée par d’autres.

Le Covid-19, différent si on est professionnelle ou amateur. 

Wolfsburg est le champion incontesté – invaincu, ne laissant que deux scores nul face à son vice-champion habituel, le Bayern de Munich (0-0, 1-1). Une qualité qui a fait la différence (+12) quand le Bayern a dû enregistrer des défaites face aux autres clubs composant le championnat allemand, nommé cette saison, le Flyeralarm.

Pour pouvoir finir le championnat et jouer les quarts, demi et finales de la Coupe ; les équipes, staff, arbitres, etc ont du observer des mesures d’hygiène et de quarantaine très strictes. Énorme sacrifices surtout pour toutes les joueuses et notamment pour celles qui ne sont pas professionnelles, poursuivant à côté de leur sport, une formation, des études ou travaillant tout simplement – et c’est la majorité.

Le FlyAlarm, un championnat amateur qui a montré son dynamisme.

Il y a eu du suspense pour cette seconde place européenne. Des surprises ont été possible. La dernière journée (28 juin 2020) aurait pu produire une véritable surprise, parce que le TSG Hoffenheim était sur les talons du Bayern München. Si Bayern perdait son dernier match contre la forte équipe du SGS Essen et le TSG Hoffenheim gagnait son dernier match contre Turbine Potsdam, l’équipe de Munich aurait perdu sa place de la Ligue des Champions et Hoffenheim serait apparu sur la scène internationale.

La réalité a brisé les rêves des filles de Hoffenheim dont l’entraîneur est enseignant dans une une école professionnelle. Puisqu’il a dû enseigner, il n’a pas pu être en quarantaine avant tous les matches encore à jouer et en conséquence il n’a pas toujours été admis sur le banc de l’entraîneur, mais seulement dans la tribune. Règles strictes du concept d’hygiène du DFB! Troisième place très méritée pour le TSG Hoffenheim.

Pas une surprise, mais un fait remarquable : l’équipe la plus jeune de la saison, le 1. FFC Turbine Potsdam finit la saison sur la quatrième place du championnat après avoir battu le TSG Hoffenheim, Numéro trois et aspirant à une place de la LdC. Un signe qui montre qu’en Allemagne, les équipes évoluent avec des périodes fastes (deux fois championne d’Europe) et d’autres moins (plus près de la 7e place depuis 3 ans) et peuvent resurgir et se recréer un autre cycle de vie.

Suspense en bas du classement: Seulement les matches de la dernière journée ont décidé que le 1. FC Köln et pas le MSV Duisburg descendra. Duisburg, championne d’Europe en 2009.

Une finale de Coupe entre un club amateur et le leader Wolfsburg (3-3) qui a enchanté 2, 65 millions de téléspectateurs.

Le 4 juillet, une autre surprise aurait pu se produire dans la finale de la Coupe, joué dans le grand mais vide stade de Cologne. Le public de 2,65 millions à la télé a peut-être vu le meilleur match de finale dans l’histoire du foot féminin en Allemagne. L’équipe du SGS Essen avait quasiment poussé le VFL Wolfsburg au bord de la défaite. Quelle performance énorme de la part d’une équipe amateure contre ces professionnelles d’une des meilleures équipes de l’Europe (double championne d’europe en 2013 et 2014, concurrent direct de l’Olympique Lyonnais).

À la fin de la prolongation le score était 3-3. Un résultat surprenant non pas sur le plan offensif des Louves de Wolfsburg mais sur celui offensif d’Essen. Les clubs n’étant pas nombreux à faire subir trois buts à la défense des championnes d’Allemagne. Suivent les tirs au but qui sont cruels et parfois injustes. Tirs au but: 4-2 pour Wolfsburg qui sort vainqueur de la finale pour la sixième fois de suite.

Quatre internationales du SGS Essen quitteront le club, mais dans ce dernier match elles ont encore donné tout pour Essen, club qui peut-être n’aura plus jamais une telle occasion. Parmi ces joueuses il y a la défenseure Marina Hegering, 30 ans, qui pour la première fois dans sa carrière jouera au foot comme professionnelle pour Bayern München. En tant que joueuse à Essen elle avait, à côté de son sport, travaillé dans le bureau d’une entreprise de construction.

La saison 2020/2021 – Qui a envie de changer de club ou chercher son bonheur vers l’étranger prometteur?

Des joueuses de grande qualité cherchent leur bonheur hors de l’Allemagne : depuis la saison dernière Sara Däbritz est déja une joueuse du PSG, Mélanie Leupolz (Bayern München) jouera pour FC Chelsea et Turid Knaak (SGS Essen) commençera son aventure espagnole avec l’Atletico Madrid.

L’exemple des quatre internationales quittant le SGS Essen, qui est d’ailleurs un club de divers sports et pas un club exclusivement foot, montre qu’à partir d’un moment certaines joueuses quittent parce qu’elles veulent enfin gagner un titre ou tout simplement pour être mieux récompensées financièrement. Les unes choisissent un des deux clubs forts allemands, Bayern München (Marina Hegering, Lea Schüller) ou VFL Wolfsburg (Lena Oberdorf) ou vont à l’étranger, comme Turid Knaak (Atlético Madrid).

Les joueuses venant de clubs de formation (SGS Essen, Turbine Potsdam, etc) renforcent les clubs forts en Allemagne ou ailleurs. Est-ce que cette tendance, à la longue, ne risque pas de cimenter le clivage entre les clubs de formation et les clubs pros et de faire de ce championnat un championnat sans suspense? Pour l’instant, ce n’est pas le cas et à l’analyse, devant le peu de joueuses au très haut niveau, chaque championnat a ses deux ou trois leaders qui sur la durée, s’imposent. Faute pour les autres, d’avoir des joueuses sur le marché concurrentiel.

Est-ce qua la professionnalisation des budgets est la réponse quand il n’y a pas assez d’offres de qualité pour remplir 12 clubs et six championnats.

L’idée de clubs exclusivement foot féminin quitte la scène ? – Professionnalisation ?

Depuis le 1er juillet, le 1. FFC Frankfurt (champion d’europe en 2015 faisant un 4e titre européen) n’existe plus en tant que club exclusivement féminin. Il est devenu une section du club Eintracht Frankfurt. Comme club féminin il avait été sept fois champion, neuf fois vainqueur en Coupe et quatre fois vainqueur de la compétition européene. En 2015 Francfort avait mis fin aux rêves du PSG en finale de la Ligue des Champions à Berlin.

Un autre club, le USV Jena( club de l’université) va aussi joindre un club du foot masculin. Réléguée, l’équipe jouera en 2. Bundesliga sous les couleurs du FC Carl Zeiss Jena.

Avec la concurrence par de grands clubs comme Wolfsburg et Bayern qui ont des moyens financiers nettement au-dessus des capacités de tous les autre clubs du championnat, il semble être inévitable de chercher au moins le soutien des grands clubs car le marché augmente sans raison puisque les championnes et vice-championnes ne changent pas.

Comme partout en Europe, le marché augmente car les équipes ne veulent pas descendre. Limitées financièrement, ce sont elles qui recherchent l’appui d’un club masculin professionnel.

Le 1. FFC Turbine Potsdam, qui peut être fier de sa grande histoire, a gagné son dernier titre de Champion de la Ligues des Champions en 2010 et son dernier titre de champion de Bundesliga en 2011. Ce club exclusivement de foot féminin, a surpris ses fans, deux jours après la fin du championnat par l’annonce d’un nouvel entraîneur qui avant était entraîneur des U-16 de Hertha BSC Berlin, grand club de la capitale. En même temps, il a été annoncé un soutien financier par Hertha et une coopération des deux clubs en marketing et communication pour les trois ans à venir. On ne peut pas savoir encore ce qui se cache derrière, c’est un développement intéressant à observer : les deux entités partagent autre chose que du budget.

Le football féminin se structure mais perd du public en Allemagne.

À la fin de la saison 2019/2020 on a, comme dans les années précédentes, deux clubs qui semblent être abonnés aux deux premières places qui qualifient pour la Ligue des Champions. 1. VFL Wolfsburg et 2. Bayern München. Les autres comme Hoffenheim font des efforts, mais en fin de compte ne réussissent pas. En bas du classement, deux clubs qui sont remontés redescendent tout de suite après une seule saison: USV Jena et 1. FC Köln.

Toujours la même histoire ? Le public s’ennuie? Pas assez de suspense? La sélection manque de succès, on a du quitter la Coupe du Monde en quarts de finale. Est-ce que cela explique que le nombre de spectatrices et spectateurs diminue progressivement? Même les matches de la sélection n’attirent plus les grandes foules comme dix ans auparavant.

On le voit, notamment pour les championnats matures depuis longtemps. Les clubs gèrent une place finale (Europe ou ne pas descendre) mais se sont tous éloignés de ce qui faisait la qualité du football féminin : le spectacle. Inévitablement, la sanction tombe par rapport au public.

Certainement que la pandémie a joué un grand rôle dans cette année, mais l’avenir du foot féminin a besoin d’un essor. Le match, la technique, l’athlétisme a progressé énormément ces dernières années. Les filles mériteraient un intérêt plus grand. Cela passe par du spectacle.

Là ou pas là ?

Gerd Weidemann avec William Commegrain Lesfeminines.fr