Mercredi, la veille avant d’avoir Laurent Nicollin, j’ai Pascal Bovis au téléphone pour un court entretien. L’objet est bien entendu de parler de cette nouveauté des six millions d’euros que les clubs professionnels de Ligue 1 ont rétrocédé aux sections féminines de leurs clubs, en prélevant sur leurs droits TV à venir.

On le voit, la situation prête à confusion. Tout simplement par le fait qu’on ne dissocie pas le football féminin de la FFF, en charge de la D1FArkema. C’est exactement ce que dit Pascal Bovis qui rappelle « que la D1F est amateur, gérée par la FFF et de plus qu’une convention lie la 3F avec la LFP, évoquant ces 6 millions d’euros. » 

Pour lui, « c’est un problème 3F » quand pour Laurent Nicollin, c’est un problème « de clubs professionnels masculins ». L’argent venant de leurs droits et les deux entités n’ayant pas de liens directs. Encore moins l’Association pour le développement du football professionnel féminin, créée par les syndicats Première Ligue et UCPF des présidents des clubs professionnels masculins français.

Pascal Bovis défend un autre argument, moins pragmatique, beaucoup plus symbolique. Pour lui, faire une différence entre les clubs amateurs et les clubs professionnels, c’est aller à l’encontre de « l’Esprit du Sport, de son universalisme où chacun s’oppose sur un terrain, sans différence et sans discrimination quelle qu’elle soit ».

D’ailleurs il note, sur un budget en réduction de 40% suite au problème du Covid-19 et qui a dû susciter des licenciements économiques, que les clubs amateurs font bien plus d’efforts en terme budgétaire pour tenir une section féminine de haut niveau, avec des budgets « entre 1 et 2 millions pour les gars et les filles » quand les clubs professionnels « donnent des clopinettes » au regard du budget général qu’il ont.

Faire une distinction, c’est augmenter les différences alors que déjà, elles sont conséquentes sur le plan financier pour ces clubs amateurs que sont Soyaux, Fleury et Issy.

Un langage qui se tient sur le plan de la FFF. Sauf que là, cet argent a été prélevé sur les clubs professionnels, par leurs associations et pour qu’ils soient redistribués trouvant que la FFF ne redonne rien aux clubs professionnels au regard des investissements qu’il font pour le football féminin.

Aurait-il fallu faire un pot commun ? Pascal Bovis dit que « cette distinction rajoute peu aux clubs professionnels ». En divisant 5.100.000 € par douze, on obtient 425.000 € pour chaque club. Avec la répartition, chaque club professionnel masculin ayant une section féminine recevra 508.333 €.

Une différence qui ne vaut pas une telle situation pour lui. Sauf que, l’argent vient des clubs professionnels. La source n’est pas fédérale. Et le Covid-19 nous a montré que, même parmi les meilleurs amis, quand un droit n’a pas d’origine, il est contesté et contestable. Le football est un monde pragmatique en back-office.

Laurent Nicollin le dit « pour lui, c’est un principe. Quand l’argent n’est pas à moi, je ne réclame pas. »

Au final, il ne faut pas confondre la Ligue avec la FFF. Il ne faut pas confondre les clubs professionnels masculins et les club amateurs. Il ne faut pas confondre les joueuses et les staffs. il ne faut pas confondre … le football est fait de multitudes de rapports différents et opposés qui se retrouvent sur un même rectangle vert.

William Commegrain Lesfeminines.fr