Le beau coup juridique du football féminin ! Les nouveautés ne sont pas nombreuses dans cette partie du football.

Après la grande tendance surfaite sur l’égalité, suivie maintenant par celle d’un même monde permettant d’augmenter considérablement le salaire des joueuses -petit pourcentage d’un budget qui lui est conséquent sur le plan masculin ; on voit arriver les prêts pour les écuries largement servies faute de moyens pour assurer des rachats de contrats.

Les transferts sont rares car les contrats des joueuses sont d’une durée très courtes.

Le football féminin se contente, dans cette période de mercato, de constater le départ d’une joueuse, faute de temps de jeu ou pour un revenu supérieur, vers un autre club. Le tout convenu dans des contrats courts qui ne justifient pas d’un transfert. Chacun attendant que la joueuse libre, soit libre au bout d’une année, soit de deux.

Difficile de trouver un prêt

Après avoir rappelé ces règles pour les profanes, le souci des directeurs sportifs et coaches du football féminin, est de trouver une solution à très court terme quand une compétition s’annonce alors que les autres clubs, faute d’un nombre de joueuses encore suffisantes, s’évertuent à garder leurs compétences !

Un club tourne avec 16 joueuses de même niveau sur une saison, complétant avec des jeunes joueuses dont le début de la maturité n’intervient qu’à partir de 20-24 ans. Qui prêter quand on a besoin de tout le monde sur le pont !

Seuls les gros budgets féminins ont des réserves utilisables !

En France, seuls deux clubs ont les capacités de prêter. Le Paris Saint Germain et l’Olympique Lyonnais. Ce dernier, société mère de l’OL Reign que Jean-Michel Aulas vient de racheter aux USA, pour un budget légèrement supérieur à 3 millions d’euros, pourrait potentiellement répondre aux besoins de son coach français installé récemment aux USA, Farid Benstiti.

Un besoin de de défenses physiques dans un surprenant tournoi de Juillet, le Challenge Cup (27 juin- 26 juillet) remplaçant le championnat américain (18 avril – Octobre), bloqué par le Covid 19 et qui va puiser dans les organismes avec sept matches pour atteindre la finale et le titre. Un régime que les joueuses n’ont assuré qu’une fois dans leur carrière, lors de la Coupe du Monde 2019, dès lors que tout cela se réalise sur un mois.

Janice Cayman (31 ans), capitaine des Flammes Rouges belges, latérale qui a évolué aux USA (Flash de NY) en 2016, revenue Championne des USA ; Kadeisha Buchanan (24 ans) internationale canadienne ; et les deux stars françaises Griedge MBock (25 ans, 1m75) et Wendie Renard (29 ans, 1m87) auraient pu répondre à la contrainte de l’OL Reign, filiale de l’OL Group, côté en Bourse parisienne.

L’OL, société mère, bloquée par le tournoi WCL d’Août 2020.

Sauf que la rupture du tendon d’Achille de Griedge, opérée depuis une quinzaine et le futur planning du Tournoi UEFA d’Août pour clore la Women’s Champions League européenne contraint le sextuple champion d’Europe (2011, 2012, 2016, 2017, 2018, 2019) à continuer la montée en condition physique de sa défense pour aller conquérir un 7e titre.

Record en cours. Un des mots-clé qui réveille l’ardeur et la concentration du Président lyonnais.

L’enjeu et les contraintes du Titre NWSL 2020

Rappelons les contraintes de l’OL Reign. L’objectif lyonnais dans cet investissement américain est de mettre un pied aux USA pour compenser le risque de perte de leadership en Europe avec l’arrivée des gros clubs masculins (Barcelone, Juventus, Chelsea, Bayern de Munich) bousculant la grille de rémunération des stars européennes, faisant que l’OL ne pourra plus revendiquer les meilleures joueuses européennes et mondiales, du simple fait de payer beaucoup plus dans un monde qui était sans budget.

Le partenariat avec Tony Parker, présenté maintenant comme futur Président de l’OL par l’Equipe après que nous en ayons émis l’hypothèse dès son intronisation, validant ces stratégies à moyen terme.

L’objectif sportif lyonnais, lié au football féminin, un des environnements du monde de l’OL Group, était de gagner la NWSL pour avoir, dans un temps très court, la possibilité de voir une finale mondiale entre les deux clubs lyonnais : l’OL d’un côté pour l’Europe et l’OL Reign pour la partie américaine.

Un enjeu très difficile à réaliser pour la simple et bonne raison que les internationales américaines jouent assez rarement en club, prises par les nombreux stages de la fédération pour maintenir le leadership américain avec quatre Coupes du Monde (1991, 1999, 2015, 2019), quatre JO (1996, 2004, 2008, 2012) et une position de numéro 1 mondial depuis la création du ranking (2003).

Megan Rapinoe (ex-joueuse de l’OL en 2013), Ballon d’Or et Soulier d’Or du Mondial 2019, Ballon d’Or 2019 France Football, égérie des LGBT du Monde n’aurait pas joué la saison entière. D’ailleurs, c’est North Carolina Courage qui est championne de la NWSL depuis deux saisons. L’enjeu était donc élevé.

Rapinoe

Même avec l’arrivée de Shirley Cruz, capitaine du Costa Rica, mais surtout star internationale du ballon rond après avoir joué et mené l’Olympique Lyonnais aux titres européens et mis sur orbitre le Paris Saint Germain en 2012, se lançant à la conquête de l’OL ; l’objectif n’était pas simple à atteindre.

Un partenariat qui s’était terminé sous les étoiles en 2015. Une superbe saison avec l’élimination de l’OL (1/8e) et Wolfsburg (1/2) pour buter à la 92′ contre le FFC Frankfurt, prenant là, son 4e titre européen.

L’opportunité du tournoi et ses contraintes

Un appel Whatsapp, récent et amical de Farid Benstiti, avait abouti à une position commune. Sept matches dans un tournoi sur un mois …. C’est quasi mission impossible à tenir pour une équipe féminine. On l’a vu avec la récente Coupe du Monde qui proposait pour la première fois ce régime aux joueuses internationales. Les Pays-Bas (championne d’Europe 2017) et finaliste du Mondial 2019 s’étaient écroulés en finale face aux USA (2-0). La Suède, 3e avait très mal joué sa 1/2 quand l’Angleterre, n’avait pas existé physiquement dans la petite 1/2 finale à Nice, terminant 4e du Mondial.

En plus, le jeu américain est bien plus homogène que celui européen, concurrentiel seulement à partir des 1/4, alors que chaque match américain se joue sans garantie de victoires. Il faut tout donner et d’ailleurs, le premier sentiment du coach français, à la suite de l’annonce de Megan Rapinoe comme des internationales américaines, à ne pas participer au tournoi au double risque de blessures et du Covid, ne l’inquiétait pas outre-mesure, tellement les joueuses du groupe s’investissaient en totalité à chaque moment du jeu.

La prise d’Alana Cook par l’OL, avec un prêt auprès du PSG

Dans ce cadre quelle n’a pas été la surprise de voir que le PSG prêtait une joueuse à l’OL, l’aidant dans un projet de suprématie contraire à son intérêt. Quelles ont été les clés de ce prêt obtenu auprès de son meilleur ennemi européen, le Paris Saint Germain, finaliste malheureux de la WCL 2017 et concurrent direct au titre national de l’OL. (-1 point) sur l’exercice 2020 pour le 14e titre consécutif de l’OL ?

J’en vois plusieurs. La première, c’est Farid Benstiti et son besoin d’une défenseuse physique qui sera une arme supplémentaire dans ce combat qui l’attend dans quelques jours. La seconde, c’est le rappel que le coach français aux USA a été le coach qui a relancé le Paris Saint Germain (2012-2016) féminin après la mise en place du football féminin de haut niveau à l’OL (2004-2010). Il connaît la maison. Le troisième, c’est l’arrivée de Bruno Cheyrou comme responsable du recrutement à l’OL, société mère de l’OL Reign, venant juste de quitter, la semaine précédente, la direction sportive de la section féminine du Paris Saint Germain …

Enfin la dernière, c’est la double nationalité d’Alana Cook (23 ans), universitaire américaine venue inconnue au Paris Saint Germain en 2019 (1 sélection en U23) et qui a été appelée comme rooster dans le premier stage du nouveau sélectionneur américain, Vlatko Andonovski, en janvier 2020. Une bonne manière de se montrer au plus haut niveau de la NWSL.

Le superbe jeu juridique des deux leaders français.

D’abord l’annonce surprenante du prêt pour le temps du tournoi ! Puis dans la foulée, la confirmation de la prolongation de son contrat avec le PSG Féminines jusqu’en 2023 ! Et la précision de l’UEFA que la joueuse pourra jouer sous les couleurs parisiennes la finale du tournoi de l’UWCL dans le pays basque espagnol de fin août 2020.

Un superbe coup « gagnant-gagnant » pour tout le monde, bien que l’américaine jouera en Juillet et en Août pour un potentiel de dix matches à enjeux. Dans quel état sera-t-elle pour la fin de saison ? Ce qui demande à le regarder de plus près pour comprendre que le football féminin de très haut niveau a aussi ses réseaux d’influence dans ses décisions.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Une position qui reste surprenante quand on se souvient de la réaction de Léonardo au JDD de la semaine dernière face au pillage potentiel de l’Olympique Lyonnais sur les jeunes joueuses comme sur les contacts avec les pros