En cette période calme de football féminin, j’ai eu l’envie de travailler un point précis qui ne cessait de m’interpeller en regardant les équipes de France féminines après 2013. Les Bleues, sur ces sept années de prestations présentent souvent les mêmes détails quant à ses latérales.

Une latérale à gauche, émotive, puissante sur ses appuis, petite de taille et qui adore pousser ses montées jusqu’à la ligne adverse, dans des dribbles chaloupés et souvent gagnants. Des centres au cordeau qui partent à l’instinct, au dernier moment, comme un fusée d’artifice du 14 Juillet.

De l’autre côté, une défenseuse droite, petite de taille, présentant un style de jeu plus calme. Posé, cartésien, réfléchi. Très concentrée sur son jeu défensif, moins poussée à l’offensive qu’à gauche. Délivrant des centres à la moitié de la partie adverse. Posés. Calibrés.

En fait, la France joue avec deux cerveaux différents. A l’opposé de celui humain. Le droit étant attribué à l’émotif, le gauche au rationnel.

Là, les Bleues jouent émotivement à gauche, rationnellement à droite.

Les Bleues jouent à droite de manière réfléchie et ordonnée.

Depuis 2013 et après Corinne Petit (89 sélections) sous l’ère de Bruno Bini, Sabrina Delannoy (PSG, 39 sélections) et Jessica Houara d’Hommeaux (PSG-OL, 64 sélections) ont convaincu Bruno Bini et Philippe Bergerôo pour la première quand la seconde, faisait l’acquisition de ses capes internationales avec le basque champion du monde 1998 (2013-CM 2015 – JO 2016), confirmée par Olivier Echouafni jusqu’à l’Euro 2017. Des joueuses au profil réfléchi et cartésien.

Eve Perisset (PSG, 19 sélections), toujours aux basques de son adversaire a préfiguré la main mise de Marion Torrent (MHSC, 31 sélections) sur ce poste depuis l’intronisation de Corinne Diacre (2017-) au poste de sélectionneuse des Bleues. Là, encore des profils de battantes, réfléchies, cartésiennes qui travaillent cette dynamique de jeu vers l’avant sans faire oublier que leurs qualités premières relèvent de leur ténacité défensive.

Du classique sur la droite, allant de la valse à l’édulcoré Rock devenu un classique en 2020.

A gauche, c’est tout l’inverse. Feux follets et surprises au programme !

Après Sonia Bompastor (154 sélections) terminant sa carrière internationale sur les JO de Londres 2012, Laure Boulleau (PSG, 65 sélections) a pris le relais jusqu’à la Coupe du Monde 2015. Puis Amel Majri s’est imposée (OL- JO 2016-CM 2019, 57 sélections). Deux gauchères impulsives, émotives, inattendues jouant de leurs qualités d’initiatives les portant le plus souvent vers l’avant.

Sakina Karchoui (MHSC, 33 sélections) s’est insérée dans cet univers notamment avec la blessure d’Amel Majri avant l’Euro 2017, est la copie conforme de ces tempéraments et styles de jeu. Enfin, la récente Perle Moronni (2 sélections, PSG) confirme l’analyse.

Sur la gauche des Bleues, c’est Tango et Rumba au programme. Cassage de reins pour l’adversaire.

La taille ne compte pas !

Vrai ou faux, peu importe. Depuis que Corinne Petit (1,78 fin en 2013) et Sabrina Delannoy (1,70, fin en 2016) ont quitté le maillot Bleue, la France taille petit sur les côtés défensifs. 

A droite, Jessica Houara d’Hommeaux pointe à (1,61). Eve Perisset lui rend 1 centimètre (1,60). Marion Torrent gagne quelques centimètres avec 1,64.

A gauche, c’est encore plus petit. Sonia Bompastor faisait 1,62. Laure Boulleau pointe à 1,60. Amel Majri monte la moyenne d’un cran (1,64), vite descendue avec Sakina Karchaoui (1,60) et Perle Morroni (1,58).

1,61 à droite ; 1,608 à gauche de moyenne. On est loin des 1,78 et 1,70 de Corinne Petit et Sabrina Delannoy. 

D’autres solutions ? 

Cela a-t-il eu un impact sur les performances des Bleues, coincées en 1/4 de finale depuis 2013, 2015, 2016, 2017 et 2019 ? Est-ce que la taille des joueuses permet d’aller plus vite pour récupérer une balle en profondeur adressée sur les côtés ? Je ne saurais le dire avec certitude.

Ce qui sûr, c’est que la tendance est récurrente depuis sept ans d’avoir, pour les Bleues, des petites joueuses sur les côtés. A droite avec un jeu cartésien. A gauche avec un jeu émotif.

Aissatou Tounkara (1,74, Atletico Madrid) étant plus utilisée comme une défenseuse centrale, même si elle a été testée à droite comme à gauche. Seule Julie Debever (1,75, Inter Milan) a joué comme latérale droite. Rarement et dans une défense à trois.

En France, les grandes tailles sont destinées à l’axe centrale. Les côtés aux petites, souvent d’anciennes attaquantes reconverties à ce poste.

Je ne sais pas si on verra un jour un 4-4-2 défensif d’1m75 chez les françaises. Est-ce une raison quand on bute contre le Top 3 final ? Cela le deviendra certainement quand les filles sauront faire plonger un centre au 2e poteau. Haut pour éviter l’axe central. Descendant comme une fusée au 2e poteau.

William Commegrain Lesfeminines.fr