Léonardo est un homme riche. Les hommes riches adorent payer mais détestent payer cher ce qui ne le vaut pas. C’est une règle d’Or à connaître quand on a la chance d’évoluer à ce niveau là. L’oublier, c’est grande colère.

Le football féminin économiquement n’existe pas. Il y a bien des salaires mais point de transfert. L’intérêt pour les clubs est très limité. Seules aujourd’hui les joueuses ont vu leur revenu, pour les meilleures, exploser et toucher la barre du demi-million annuel pour certaines. Encore faut-il faire partie du Top ten mondial.

Il y a eu une attaque sévère sur les joueuses du Paris Saint Germain en fin de contrat. La grille de rémunération du Paris Saint Germain a explosé avec le nouveau contrat de Kadidiatou Diani (37.500 € mensuel hors primes) quand la norme situait les meilleures rémunérations à 15.000 €. Une situation tendancieuse, puisque Bruno Cheyrou, directeur sportif, n’a pu que valider cette demande initiée par une concurrence lyonnaise ; en étant quinze jours plus tard, intronisé responsable du recrutement du club lyonnais et faisant partie du Comité Directeur de la nouvelle association crée par les clubs professionnels de la Ligue 1, pour organiser le développement professionnel du football féminin auprès de la D1F Arkema.

Un salaire qui a dû faire le bonheur de la sosorité féminine du pouvoir français dans ce milieu réservé. A la recherche perpétuelle du « Toujours plus ». Le football ayant des moyens. Les plus hauts salaires donnant de la crédibilité médiatiques aux féminines.

Sauf qu’on ne veut payer cher que ce qui le vaut. Et aujourd’hui, le contenu n’y est pas, à ce prix-là.

Qui a poussé à cette éruption cutanée financière qui ne pourra pas se guérir avec du Roaccutane ? Médicament très dangereux que toutes les jeunes filles aux peaux d’adolescentes n’ont pas manqué d’utiliser.

Leonardo parle des féminines dans son entretien consacré à JDD. C’est très rare. “L’Olympique lyonnais a approché beaucoup de nos joueuses. Deux jeunes sont parties là-bas, mais des pros ont aussi été contactées. Si ce sont les manières de faire, on va s’y mettre aussi. Avec les filles comme avec les garçons…”

L’Olympique Lyonnais aurait contacté plus d’une fille. Des jeunes mais aussi des pros. Katarzyna Kiedrzynek le confirme.

Elle rappelle même l’incident de la WCL avec une défaite lourde en 1/2 finale aller (7-0) au Groupama Stadium qui avait défait deux fois l’OL dans son antre de Gerland. Une en championnat (2014), l’autre en Coupe d’Europe 2015. Trois joueuses titulaires parisiennes étaient sorties sur blessures en première mi-temps : Laure Boulleau (21′ sur blessure), Kheira Hamraoui (33′ sur blessure) Laura Georges (36′ sur blessure) pour un match mi-avril. Quatre joueuses parisiennes étaient parties en fin de saison à l’OL. Caroline Seger, Kheira Hamraoui, Jessica Houara d’Hommeaux et Kenza Dali. Elles sont professionnelles disait Caroline Seger, capitaine suédoise. Farid Benstiti avait été remercié.

Rien de nouveau. Gagner la Coupe d’Europe à la place de l’Olympique Lyonnais oblige à jouer sur et en-dehors du terrain féminin. La plupart des Présidents ont abandonné le projet. Trop coûteux pour un gain limité, éloigné de la stratégie lyonnaise d’avoir, dans l’académie, chez les féminines, et auprès des hommes, des références qualitatives à exprimer.

Si Léo veut intervenir dans ce débat. Il va falloir qu’il s’équipe.

Je viens de voir la réussite de l’Everest en 1978 par Pierre Mazeaud, alpiniste et Conseiller d’Etat, futur ministre du Sport. Fier d’avoir mis les couleurs françaises au plus haut sommet du monde. C’est une épopée, une organisation, un travail de fond. Et là, une réussite.

Je l’avais rencontré en 1982 dans une conférence à l’Institut océanographique monégasque de Paris, devenu la Maison des Océans. Il faisait une conférence.

Je sortais de la vingtaine. Parmi les médecins et spécialistes qui assistaient, j’avais posé une question qui me brûlait les lèvres : « pourquoi avoir fait cela ? Il ne vous reste plus rien à faire ! ». On n’avait pas le même âge et la même compétence à l’évidence. Il avait pris un ton paternel pour me répondre : « tu n’es jamais sûr d’atteindre ton rêve. Quand il se présente, ne le rate pas. » A 48 ans, sa vie était faite.

Si le rêve de Leonardo est de prendre la Coupe d’Europe féminine à l’OL. Alors qu’il le fasse. Ce sera comme un Everest. Dur mais prenable. Il a les joueuses pour. Après, l’environnement fera la victoire ou la défaite.

William Commegrain Lesfeminines.fr