Pas facile d’être coach aux USA avec la puissance des internationales américaines dans la gestion de l’environnement. D’après le Progrès (source ici) , l’actuelle star mondiale du football féminin, Mégan Rapinoe (34 ans), Ballon d’Or 2019 de France Football, Ballon d’Or Adidas du Mondial 2019, Soulier d’Or pour la même compétition, The Best FIFA 2019, et surtout égérie des différences sociales et sexuelles a pris une décision qui pose une interrogation politique.

L’art de la politique c’est l’adaptation quand l’art de la médiatisation est de prendre position ! 

Partie avant la Coupe du Monde comme une simple joueuse renommée de football féminin pour s’élever, tel le Space X d’Elon Musk, au firmament des étoiles américaines, allant jusqu’à jouer des mots avec le candidat démocrate Joe Biden aux prochaines élections américaines ; la femme d’influence Megan Rapinoe n’a pas pris la meilleure décision politique en s’effaçant du Tournoi de la NWSL.

Une décision opposée à celle de son nouveau boss, Jean-Michel Aulas.

D’abord, en restant terre à terre, au regard de la position française de Jean-Michel Aulas, son patron de l’OL Reign, développant des arguments de plus en plus crédibles sur une reprise de championnat en France, dans le cadre du respect du protocole sanitaire, et voyant sa joueuse phare prendre une position de retrait qui va, à l’encontre de sa position actuelle défendue judiciairement et médiatiquement comme de sa stratégie mondialisé dans le football féminin.

Je ne sais pas si le combat engagé par le Président lyonnais a bien été entendu Outre-Atlantique. Une opposition marquée contre la Ligue, des demandes auprès du gouvernement, de la Ministre de Tutelle, des actions judiciaires auprès du Conseil d’Etat, et en filigrane, une future demande d’indemnisation pour 800 millions d’euros auprès de l’Etat. Ce n’est pas rien, et cela demande la même ligne suivie par l’ensemble des structures de l’OL Group.

De plus, cela met en péril la stratégie qui aurait été encore plus vraisemblable de gagner le titre NWSL sur un tournoi sec, afin d’avoir dans ses cartes, deux clubs champions : l’un en Europe avec l’OL (6 titres), l’autre aux USA, pays des quadruples championnes du Monde avec l’OL Reign, pour un investissement légèrement supérieur à 3 millions d’euros.

Dans les clubs américains, c’est d’abord : First « I », After « Us ».

Le slogan de l’USWNT « One team, One nation » ne passe pas à l’étage inférieur des clubs. Les professionnelles américaines savent très bien que leurs revenus – maintenant conséquent – tirés de leurs statuts d’internationales et de leurs victoires ne vient pas de leurs réussites en clubs. A partir de là, le raisonnement devient celui de l’intérêt personnel. Et dans ce cadre, elles peuvent devenir un contre-pouvoir fort impossible à imaginer en Europe où les revenus des footballeurs professionnels et professionnelles dépendant à plus de 75% pour les meilleures et la totalité pour les autres, des clubs auxquels ils et elles obéissent.

Dans une Amérique habituellement courageuse, son retrait – sans rapport à une contestation de protocoles insuffisants – montre bien que les franchises américaines ne sont là que pour servir l’équipe nationale dès lors où le communiqué précise que d’autres internationales américaines prendront la même décision dans leurs franchises respectives.

Une position surprenante quand on sait que les internationales américaines sont en litige judiciaire pour obtenir 61 millions de dollars d’indemnité à se partager auprès de leur fédération et qu’aucune compétition internationale ne s’annonce avec le report des JO de Tokyo en 2021.

Un régime Coupe du Monde refusé, faute d’en avoir le goût et surtout l’impact ?

Enfin l’argument de jouer 25 matches ne correspond qu’à une réalité arithmétique mais chaque équipe ne jouera que quatre matches par phase de poule, pour jouer derrière, en tant que finaliste, 3 matches supplémentaires. Soit 7 matches. Le régime de la Coupe du Monde, en sachant que les franchises américaines font énormément tourner lors d’une saison puisque les internationales, convoquées tous les deux mois par leurs fédérations en stage, sont rarement sur le terrain pour leurs clubs. Là, Megan Rapinoe n’aurait certainement, joué que quatre matches sur un mois.

C’est assez rare que les américaines reculent sur un risque et non pas une réalité. Certainement que le régime proposé, faute d’avoir l’impact d’une Coupe du Monde FIFA, représente moins d’intérêts personnels et de médiatisation que celui accepté en 2019 par les américaines pour conquérir un quatrième titre mondial, dans l’univers mondialisé que propose un Mondial FIFA.

La politique aurait proposé de la concession en ne jouant que les matches significatifs.

Si Megan Rapinoe a montré des qualités incroyables de médiatisation ; il lui reste à développer des qualités politiques dans ces décisions si elle veut perdurer au-delà du rectangle vert pour une fin de carrière qui s’annoncera dans les trois à quatre années prochaines.

Sa nouvelle marque, re-INC (avec un E retourné) partagée avec Christen Press, Tobin Heath et Meghan Klinkerberg s’énonce ainsi « La capsule BW consiste à être bruyant, courageux et audacieux. » La femme au 1 million d’abonnés sur twitter aime marquer son territoire.

Peut-on l’être, au niveau où elle souhaite être, sans être politique ? Son avenir nous le dira. 

Farid Benstiti, nouveau coach de l’OL Reign, intronisé pour réussir l’objectif fixé par JM Aulas d’avoir le titre NWSL afin de faire disputer la prochaine finale mondiale des clubs créée par la FIFA entre l’OL et l’OL Reign, ne peut que constater, à mon avis, la force des internationales américaines.

Le Progrès rapporte sa réaction : « C’est dommage. Je comprends ses motivations mais je suis déçu et frustré qu’elle ne soit pas avec nous pour disputer ce tournoi. Megan est importante pour le groupe et nous aurions pu concrétiser quelque chose d’important avec le club, si elle s’était jointe au reste du groupe. Elle va beaucoup manquer à l’équipe mais aussi au football féminin », a regretté Farid Benstiti.

Si tout cela est exact, pas simple d’être coach aux USA avec la force des internationales américaines. Un équilibre à trouver entre intérêt personnel et intérêt général, chacun ayant de bonnes raisons de prendre des décisions.

William Commegrain Lesféminines.fr