Grosse pression juridique sur la demande des américaines, réclamant à leur fédération, un peu plus de 60 millions de dollars, pour discrimination de genre dans la répartition des revenus entre l’équipe nationale masculine et celle féminine.

Les américaines déboutées en première instance

En fait, le Juge Gary Klausner, du tribunal de district de Californie, a suivi l’argument de l’US Soccer qui avait étayé sa position selon laquelle l’équipe féminine avait, dans la réalité, gagné plus « sur une base cumulée et moyenne par match » que l’équipe masculine au cours des années en cause dans le procès.

Les joueuses, par l’intermédiaire de sa porte-parole Molly Levinson, ont déclaré qu’elles feraient appel de la décision.

Les Alex Morgan (30 ans), Megan Rapinoe (34 ans), Carli Loyd (38 ans) toutes à fait capable de se retirer de la sélection

Une victoire qui pose tout de même un problème à la Fédération, déjà mise à mal avec la démission de son Président Carlos Cordeiro suite à un dépôt d’arguments jugés trop sexistes par les américaines et surtout le principal sponsor Coca-Cola.

En effet, Megan Rapinoe (The Best FIFA 2019), Alex Morgan (15 millions de fans), Carly Lloyd (The Best Fifa 2015 et 2016) et ses consoeurs sont les seules à faire briller le football américain avec le début d’une série gagnante du titre Mondial (2015 et 2019) ; un quatrième titre Mondial (1991, 1999, 2015 et 2019) ; quatre titres Olympiques (1996, 2004, 2008, 2012) et l’objectif d’être les premières à doubler un Mondial (2019) avec les Jeux Olympiques (Tokyo 2020 à jouer en 2021).

Des filles, forts de leurs réussites financières, qui sont tout à fait capables de claquer la porte de la sélection féminine d’une manière ou d’une autre même en sachant qu’elle est la base de leurs revenus.

La Fédération à la recherche d’un consensus pour le futur

Sa nouvelle Présidente, Cindy Parlow Cone, ex-internationale, n’a pas manqué de faire une communication consensuelle : « Nous sommes impatients de travailler avec l’équipe nationale féminine pour tracer une voie positive pour faire progresser le jeu ici, à la maison et dans le monde », a déclaré le communiqué. « US Soccer est depuis longtemps le leader mondial du football féminin sur le terrain et hors du terrain, et nous sommes déterminés à poursuivre ce travail pour nous assurer que notre équipe nationale féminine reste la meilleure au monde et établit une nouvelle norme pour le football féminin. »

Déboutées de leur demande d’égalité salariale ; il restera néanmoins à attendre la décision liée à une égalité de traitement entre les deux équipes en terme de voyages, d’hébergement à l’hôtel et de personnel d’équipe qui sera rendue le 16 Juin.

Un combat international

Une position américaine qui dépasse le continent américain. Toutes les joueuses internationales étant très à l’écoute de leurs positions.

Les américaines jouent une carte importante individuelle mais aussi en terme de Jurisprudence mondiale. Leur première revendication avait vu une flambée de grèves et de revendications au Danemark, Espagne, France, Amérique du Sud. Le point d’orgue avait été la décision des joueuses danoises menées par leur star Pernille Harder, vice-championnes d’Europe, de ne pas jouer un match de qualification pour le Mondial 2019 face à la Suède (Octobre 2017), donnant des cheveux blancs à leur fédération, la DBU.

Une simple perte de trois points était venu sanctionner cet inédit qui avait eu néanmoins pour conséquence de ne pas réussir à se qualifier pour le Mondial français.

La réalité économique face à l’attente du public

Les fédérations jonglant entre la réalité économique qui montre que les revenus générés par les féminines sont bien inférieurs à ceux masculins (sponsors, publics, audiences), justifiant les différences ; pour d’un autre côté, l’envie du et des publics, de voir une égalité de traitement, peu importe les raisons économiques l’expliquant.

Les joueuses veulent associer les hommes et les filles dans un même ensemble

Sur le plan économique, les choses se sont nettement améliorées pour les joueuses dans un débat qui n’intéresse que les internationales et les stars. En effet, la plupart du Top 30 Mondial gagnent le même revenu que des joueurs de Ligue 2, produisant leurs performances devant un public bien plus inférieur.

Sauf que le football génère de tels revenus que les joueuses pensent justement qu’il y a encore du grain à moudre dans le partage des revenus du Football. Associant les filles et les hommes dans un même ensemble.

Le combat devrait être dans l’égalité pour toutes les joueuses.

La vraie discrimination est ailleurs. Pour toutes les joueuses qui pratiquant de manière professionnelle, méconnues et faisant partie d’un championnat de l’élite. On tourne autour de 1.500 à 2.500 € mensuel. Là, il y a une vraie inégalité de revenus entre les joueuses, dans un sport collectif, où pour qu’une fille brille, il faut des joueuses sous-payées qui la mettent en valeur.

Mais les filles dans le football sont comme les hommes. Elles font un combat individuel de stars. Là, l’enjeu est seulement pour les internationales américaines qui au passage, pourraient recevoir un complément individuel de 200.000 $ à plus d’1.000.000 $ pour celles toujours convoquées en sélection sur les dernières années. On n’est pas dans une revendication collective pour améliorer le quotidien des joueuses professionnelles de football.

On le voit avec les hommes en France. Le football est d’abord un jeu collectif fait d’intérêts individuels très prononcés. Elles découvrent des rémunérations conséquentes (100.000 euros annuel) potentielles que les autres sports collectifs (Basket, Volley, Hand) proposent moins ; sommes qu’elles ne pourraient jamais gagner dans la vie civile.

En sachant que l’économie du football est 10 à 1000 fois supérieur à d’autres sports. La marge pour avoir plus est importante d’autant si l’augmentation des droits TV se maintient.

Le phénomène inflationniste du football s’est mise en place. Au quotidien, on ne parle plus de sport mais de métier. Sauf que l’évidence est là, à part des affiches spécifiques et opérations de marketing ou événements mondiaux, le public ne répond pas comme pour l’élite masculine. On est, pour l’instant, en Europe, au niveau des championnats, proche du niveau amateur (500 à 1000 spectateurs). Les chiffres américains tournent entre 5.000 à 15.000 spectateurs. Sur les équipes nationales, cela va de 10.000 à 30.000 habituellement.

Personne ne peut contester cela. C’est un fait.

La mondialisation du Covid19 risque de mettre en sourdine cette inflation débutante.

Avec le Covid19 qui est un problème mondial, le football devient un astre éloigné des décisions politiques ; le renvoyant aux principes du marché. Demande plus importante, prix qui monte ; demande moins importante, prix qui baisse.

Or, avec le Covid-19, le problème -avec un PIB attendu en récession de 5 à 12% selon les scénarios – est économique, donc politique. Loin du football, comme l’a justement dit la Ministre du Sport français, Roxana Maracineanu

Dans le cadre du développement des revenus aux joueuses qui s’est fait plus pour respect d’une égalité que d’une réalité économique ; le football mondial n’aura certainement pas les moyens ni l’envie, avant un certain temps, de revenir à cette stratégie de conquérir une cible féminine et familiale sans effet dès lors que le public ne soit plus amené à être, correctement, dans un stade.

Le football mondial risque surtout de s’attacher à récupérer et renforcer son public initial. Tout l’art des féminines, sera de réussir à maintenir le lien sans tomber dans le féminisme excessif qui n’a jamais fait recette politique.

William Commegrain Lesfeminines.fr