Le Parisien d’aujourd’hui fait une interview intéressante de la jeune Vicki Becho (16 ans), sociétaire du Paris Saint Germain qui s’est engagée pour l’Olympique Lyonnais jusqu’en 2024.

Un coup de mains ponctuel.

Il s’avère que j’ai donné un cours de révision d’environ 2 heures à cette joueuse quand elle a été appelée par Gilles Eyquem à Clairefontaine avec les U19 dans le courant du 4e trimestre 2019. Sandrine Roux m’avait sollicitée pour deux-trois joueuses qui avaient besoin de maintenir la présence scolaire.

Un professeur sait juger rapidement

Un professeur peut avoir beaucoup de défauts. C’est la vision de ces élèves notamment quand il note et à sa manière d’attendre que l’élève ou l’étudiant atteigne le niveau de réflexion qu’il souhaite. Il a une qualité, que l’on trouve chez quasiment tous les professeurs, notamment avec l’expérience, c’est sa capacité à évaluer une prestation d’élève.

Ce sont des notions souvent mal connues de cette profession. Sachez qu’un enseignant corrige, examens compris et sur la base de seulement 3 évaluations par trimestre, environ 1000 copies différentes à l’année (9 copies*35 élèves*3 classes). Cette année, j’ai un emploi du temps de 30 heures en présentiel et j’ai 6 classes dont quatre d’examen. Potentiellement, sans le confinement, j’aurais du corriger 2000 copies.

Vicki Becko aime apprendre très rapidement, cela alimente sa confiance, moteur actuel de son parcours. 

Rapidement, je me suis fait un avis sur Vichi Becko dans ces deux heures de cours de Management. Pendant tout ce cours quasi-individuel, je l’ai appelé avec le nom d’une autre jeune joueuse. Elle n’a pas « moufté » d’un cil. Juste en sortant de cette salle, j’ai croisé les deux jeunes joueuses qui montaient. Elles ont souri. Si la seconde reste à l’OL, elles seront ensemble. Le PSG a mal évalué le lien d’amitié qu’ont les jeunes d’une même génération en dehors de leur club. La seconde a signé à l’OL pour évoluer. La première se devait d’y penser. Challenge de base, obligatoire à cet âge quand on a l’esprit d’une SHN.

Sur le cours, Vichi Becko sait apprendre. C’est sa qualité première. Elle a cette capacité intellectuelle de comprendre rapidement dès lors qu’on s’attache à lui donner des exemples qu’elle peut associer à une perception qu’elle a eu du quotidien. Alors, puisque c’est un fait qu’elle a connu, elle peut intégrer la notion nouvelle à une réalité bien qu’elle ne l’ait pas vécu puisque, dans ce cours de Management, elle n’a que 16 ans. Quand cela marche, son sourire éclate. Elle a appris. Elle aime cela.

Sa deuxième qualité est celle de retenir. Ce n’est pas une notion qui va s’envoler dans le moment. Puisqu’elle a fait le lien, elle le capitalise dans sa mémoire courte. Encore plus quand l’exemple se base sur une émotion comme de nombreux jeunes de cet âge. Elle l’a intégré. Avec la répétition, elle aura conservé cette notion.

Sa 3e qualité, dans ce cadre, est qu’elle a plaisir à apprendre et comprendre. Pour elle, c’est un jeu d’obstacles qu’elle réussit à passer. Le fait de comprendre lui donne confiance. Et elle adore avoir confiance. C’est l’un de ses moteurs principaux. Si elle n’y arrive pas, elle va s’échapper. Passer à autre chose. C’est la base d’un profil STMG.

Elle va très vite dans sa compréhension

Sa 4e qualité qui va devenir son principal défaut, c’est la vitesse. Cela explique certainement ses nombreux sur-classements. U17, U19, U20. Tout cela, elle le fait avec respect, droiture, jeu mais surtout avec vitesse. C’est une jeune fille qui va très vite dans ses réflexions et décisions. Elle se sent mal dans la lenteur. Je le dis souvent aux jeunes : « l’excès d’une qualité devient le défaut ». C’est une chose dans laquelle on plonge sans s’en rendre compte et l’excès nous amène à trop de différences avec les autres. Cela crée un déséquilibre compte tenu que notre vie est faite « avec les autres ». Devenant un défaut pour la plus grande majorité des autres qui n’accepte que très rarement un talent trop différent. Il faut de l’expérience et de la compétence pour que l’Autre sache le recadrer sans retirer cette qualité.

Dans ce cours, elles étaient trois. La première n’était pas spécialement intéressée. Elle avait un devoir de maths. La seconde, formation ES de mémoire suivait car les notions n’étaient pas si éloignées de son contenu et que son approche intellectuelle avait déjà intégré le fait de comprendre des notions théoriques. La troisième Vichi, était dans le cours de soutien.

On était à l’oral. Exactement ce dont les STMG ont besoin. Question, réponse. Compréhension. Application orale. A l’évidence, elle doit être bien moins à l’aise à l’écrit, quand il faut poser le stylo et argumenter une position. Elle n’a que 16 et bientôt 17 ans.

Son moteur, c’est la confiance dans les mots : « +vite, +haut, +fort ».

Elle a choisi l’OL car le PSG a été trop lent. Elle a choisi l’OL car elle veut apprendre quand le PSG lui propose de poser son talent. Elle a choisi l’OL et pourtant, dans ses mots de l’Automne 2019, elle avait plein de respect pour les couleurs du PSG. Je me souviens du ton respectueux qu’elle avait eu sur Formiga qu’elle m’avait redonnée comme exemple sur une situation de management que j’expliquais.

Elle est très « plus vite, plus haut, plus fort ». Elle a 16 ans, bientôt 17. Pas surprenant, d’autant plus avec ces qualités. Elle a une dernière qualité qui me vient à l’écriture. Elle peut « jouer » mais elle ne triche pas. C’est essentiel pour un jeune qui a du talent. Franchir l’obstacle sans tricher.

Scolairement, en prèsentiel. Quand cela passe, avec la confiance, cela va avec une mention entre « Bien » et « Très Bien ». Sportivement, il n’y a rien à prévoir mais juste à voir. Ca marche ou ça marche pas. Parce que, la vérité, c’est que ce n’est pas qu’une simple marche à passer quand on signe à l’Ol à 16 ans. Chez les filles.

William Commegrain Lesfeminines.fr

PS : article le Parisien http://www.leparisien.fr/sports/football/psg/psg-feminines-pourquoi-vicki-becho-va-rejoindre-l-olympique-lyonnais-26-04-2020-8306214.php