8 millions à être au chômage partiel ! Du jamais vu. Limite, le système est utilisé comme un fonds de trésorerie. Initialement prévu pour les entreprises en difficulté, le délai rétroactif de 30 jours pour le proposer a fait exploser les demandes en fin de mois. 4 millions de salariés de plus en une semaine dans le privé.

Se déclarer en activité partielle, c’est demander à l’état de prendre en charge les salaires en les remboursant aux clubs et entreprises. D’un palier issu du SMIC horaire avant la crise du COVID pour être étendu à 4,5 fois la base horaire de 10,15 € soit pour un temps complet, une indemnité nette maximale de 4800 € par mois et par salarié pour un salaire brut de 6.900 €. Un délai de participation étendu de 6 mois à 12 mois. La note va être sévère. 10 milliards minimum pour 1 mois sur une base du SMIC nette. Plus près de 15 milliards sur la base du salaire médian français (1.850 €).

Sans compter la perte de charges sociales patronales puisque l’indemnité n’y est pas assujettie. Soit 40% de charges en moins encaissé par l’Etat. Un petit 6 milliards.

Une charge qui va être lourde. D’autant plus lourde que le Ministre de l’Economie vient de dire « Il faudra faire des efforts pour réduire la dette ». 100 milliards de dettes nouvelles budgétées. Serrage de ceinture à prévoir.

J’envisage mal la suite sociale de tout cela dans un pays qui a vu les Gilets Jaunes sur une période de plus d’un an, la grève de Décembre sur les retraites, les réformes pour les lycées, et même l’annonce d’une grève par la CGT dans le service public pendant le confinement. Un pays qui est allé très facilement dans la rue. Se serrer la ceinture, cela risque de bouger sur le simple argument. Vous avez trouvé 100 milliards, trouvez 100 milliards pour maintenir nos droits.

Sur le plan des entreprises, on annonce un bon 25% d’entreprises à liquider dans l’année à venir. 1 million de chômeurs en plus en Allemagne, plus de 10 millions aux USA. On attend les chiffres pour la France. Ce n’est pas la situation d’aujourd’hui qui pose seulement un problème, c’est aussi celle de Demain.

Dans ce cadre futur tendu, la négociation entre la LFP et le syndicat des joueurs UNFP m’a paru lunaire.

Le droit impose aux footballeurs et footballeuses l’activité partielle et sa rémunération. Sur quelle base garantir à des footeux et footeuses une rémunération à hauteur de leur contrat quand un club est en difficulté ? Ou il l’est ou il ne l’est pas ? S’il l’est alors, il faut l’application, déjà large, du plafond de l’activité partielle.

Pour ceux et celles des joueurs et joueuses qui sont au-dessus, à eux de prélever sur leurs économies pour compenser des dépenses qui en confinement sont très réduites. Comme tout cadre d’entreprise qui vit cette situation. Ils n’auront aucun souci pour avoir une facilité de caisse de leur banque.

On le sait les salaires versés, alors qu’ils sont pris en charge en totalité pendant leur travail (voyages, déplacements, nourriture et repas), génèrent très peu de frais fixes dans leurs vies personnelles à moins d’avoir envie de les faire. Ils se transforment très rapidement en épargne et économies sur les comptes de joueuses et joueurs. Un mois de besoins primaires (nourriture, hébergement) à assurer, cela ne va pas les mettre à zéro.

On traite ces personnes, joueurs et joueurs comme des Dieux et Déesses qu’ils sont loin d’être. Il serait bien qu’ils reviennent à des réalités économiques applicables à tous, déjà très protectrices.

Pourquoi négocier quand on est en difficulté ? Appliquons la Loi tout simplement. 

L’activité partielle est un principe qui ne demande pas de négociation. Il ressort du pouvoir de direction de l’employeur soumis à l’agrément de la DIRECCTE. Avec l’agrément, il n’y a aucune rupture de contrat de l’employeur, juste une suspension. D’où la demande de validation à la DIRECCTE.

Que les joueurs et joueuses insèrent une clause protectrice d’un meilleur retour me parait juste mais que l’abondemment (compléter par les clubs entre la somme indemnisé et le salaire initial) des salaires pendant cette période de confinement soit instaurée -voire restitué en fin du mois de juin-, c’est un contresens énorme. D’autant que certains montants sont astronomiques.

Difficile de dire après cela que l’on est en difficulté ! Et cela donne peu de crédibilité à la réaction « bon coeur » des joueurs et joueuses professionnelles sur les réseaux sociaux. Quant à l’idée de verser un complément conséquent pour que les joueurs et joueuses en donnent une partie à des fonds d’aides aux hôpitaux. Cela n’a rien à voir et ce n’est pas leur fonction. L’activité partielle est faite pour sauver leur entreprise, là leur club. Pour sauver les hôpitaux, service public, la réponse est dans le vote. A chacun de décider du sien.

Que les joueurs et joueuses n’oublient pas que les clubs sont leurs employeurs. S’ils prennent tout dans la situation actuelle, la capacité à supporter un second choc sera proche de zéro. Et rien n’est dit qu’il n’y aura pas un second choc dans les mois qui viennent. Il est temps que les clubs redeviennent des entreprises et pas des caisses dans lesquels les joueurs se servent.

L’activité partielle, c’est la mise sous oxygène de l’entreprise. 

L’activité partielle n’est pas un organisme de trésorerie, c’est un système qui prend en charge des difficultés parce que les entreprises ne peuvent plus le faire. Difficile de les croire si derrière, les clubs alignent des compléments conséquents aux joueurs et joueuses.

Tout cela pour des jeunes qui poussent un ballon. A comparer avec d’autres qui sauvent des vies, hôpitaux et services publics à qui on ne promet qu’une prime de 1000 € pour quelques fois donner leurs vies.

Attention, quand les comptes se feront, l’addition sera très lourde en France. A mon avis, dans le climat social qui va prévaloir, cela ne restera pas lettre morte cette histoire.

Un gag cette situation et ce football.

Arrête-toi à 4.800 € et pour le reste fait comme tout le monde. Reporte, emprunte, demande. Plus que les autres, tu sais que si le foot repart, tu ne vas même pas voir ce qui s’est passé.

Le football est amoral. Trop concentré sur l’argent. Il semble que les joueurs ne veulent même pas de l’accord convenu entre la Ligue et l’UNFP.

Il n’aurait pas fallu négocier. Juste appliquons la Loi, et que cela soit une leçon pour un football inflationniste quand tout va bien et qui doit supporter le contraire, logiquement, quand cela va mal. Un mois ou deux mois, une rigolade pour ceux qui gagnent plus de 7.000 € par mois. En confinement, sans dépense.

Le football vit dans un monde sans contrainte. Ce n’est pas celui qui se dessine dans les 3 années à venir.

William Commegrain Lesfeminines.fr

PS : un petit conseil pour les réseaux sociaux. Arrêtez de dire que vous suivez le programme envoyé par les staffs. Vous n’êtes plus, alors, en activité partielle mais en télétravail. L’activité partielle c’est la suspension du contrat de travail. Sinon, la DIRECCTE va demander le remboursement. Le PSG l’a compris puisqu’il demande de ne pas utiliser le téléphone professionnel ni les mails professionnels pendant le confinement.