Le football féminin a de fortes chances d’être impactés par les décisions politiques et sanitaires prises par les gouvernements européens et notamment français.

Huis clos, pas de soucis. Pas de matches, là c’est pas la même chose.

Pour les clubs de D1FArkema, onze sur douze sont des filières totalement dépendantes des ressources des clubs professionnels masculins. La situation des clubs en 2018-2019, établie par la DNCG, institution officielle, a été connue dernièrement :

  • Les Girondins de Bordeaux ont un déficit de (-25,702 millions d’euros) mais une disponibilité positive de 15 millions d’euros avec une utilisation du compte courant très faible (200.000 €) qui peut nettement s’augmenter. Avec une masse salariale à 6 millions mensuels, cela laisse deux mois de trésorerie sans ressource.
  • Dijon Côte d’Or est dans une situation contraire. Un résultat positif (+1.389.000) mais un compte courant assez conséquent (1.500.000 €) limitant la capacité des actionnaires à investir davantage et surtout une marge de manoeuvre réduite avec une trésorerie 4 millions pour une masse salariale à 2.200.000 mensuel. Là aussi, deux mois de trésorerie sèche.

Si on prend ces deux clubs, les huis clos ne posaient pas un souci majeur. D’après la DNCG, un match de Dijon ramenait 64.000 €. Pour Bordeaux, c’était 360.000 € en billetterie. Les clubs peuvent donc supporter les huis clos.

Les TV vont-elles fermer les yeux longtemps ?

Ce qu’ils ne peuvent pas supporter, c’est la diminution des droits TV comme ceux des contrats de partenariats. 43 millions pour Bordeaux avec 6 millions de partenariats.

Si les financiers de la télévision s’y mettent, comme le disent les experts du CDES, il y a une certitude de voir une rupture contractuelle. Elles sont en train de payer pour quelque chose qui n’existe plus. Pire, elles perdent des abonnements à l’évidence pour des téléspectateurs qui ne venaient que pour cela. A l’évidence, malgré la diversité de l’offre potentielle dans d’autres contenus, il va y avoir une perte au feu qui ne pourra se compenser que par des baisses de prix sur les abonnements.

Même l’Olympique Lyonnais, avec ses 200 millions de dettes dû à son stade a une marge de manoeuvre réduite bien que sa trésorerie soit positive de 11 millions. Que dire du FC Nantes avec un compte courant à 16 millions alors que le Paris FC s’équilibre sur les droits TV et son compte courant d’actionnaires. La trésorerie étant de 36.000 € en fin de saison 2019.

Le football mondial tenu par les télévisions qui cherchent des programmes ! Pour combien de temps ?

Sans assurance spécifique, ce qui semble être le cas pour la totalité des clubs concernés, personne ne peut tenir sans le regard bienfaisant de la télévision.

Sauf que le football est dépendant de décisions politiques qui ont d’autres raisons que de tenir compte de leurs contraintes. Un risque politique individuel réel.

Il ne faudrait pas que la situation perdure, car les chaînes vont aussi avoir leurs contraintes et sans nul doute, savoir relire le contrat pour défaut d’exécution contractuelle dès lors que l’exécution dépend de décisions non-maitrisables. Le Coronavirus répond-il aux définitions juridiques de la force majeure (imprévisibilité, irrésistibilité, extériorité) ? Certainement dans un premier temps, mais beaucoup moins si la situation perdure, d’autant que les chiffres futurs sont très inflationnistes.

La capacité financière des propriétaires réduite.

Les propriétaires de club n’auront plus la capacité de suivre. C’est souvent quelque chose dont on pense qu’elle est illimitée quand elle n’est pas sollicitée mais qui a une véritable limite dans le cas contraire.

Le marché du football est très libéral. Les prix sont liés à l’offre et la demande. Inéluctablement, les dépenses vont être réduites. C’est souvent le parent pauvre qui paie le premier. Il faudra envisager une baisse de la charge du football féminin d’autant que les recettes des clubs vont être incertaines.

Droits TV, retour des spectateurs, pouvoir d’achat en berne et surtout arbitrage des besoins par les supporters. Tout l’environnement économique du sport, même les équipementiers, va baisser.

C’est pour le football de l’élite. Mais le football amateur va prendre de plein fouet la récession économique qui s’annonce. Moins d’activité, moins de taxes, moins de subventions et moins de revenus donne moins de pratiquants.

Personne ne pourra tenir les charges actuelles pour la saison suivante, d’autant si les JO sont reportés. Cela va ébranler ce marché, médiatiquement et financièrement. Les deux sources essentielles du marché sportif.

On ne sait jamais quand on est dans une bulle. On ne le sait que lorsqu’il y a une crise. Dans ces conditions, elle descend rapidement et fortement. Alors on sait qu’on était dans une bulle.

Les boursicoteurs disent : « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ».

Espérons que ce scénario ne soit pas réel.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Sources :