Le Brésil défensif

L’article d’hier, écrit en fin de journée après des cours et présentant le match avait pour ligne directrice de jouer avec les stéréotypes féminines et surtout brésiliens. Carnaval, déhanchement, cassage de reins sur des dribbles surprenants, etc …

Le match des onze brésiliennes face au française a montré et surtout démontré la nouvelle réalité concoctée par Pia Sundhage. Inconnue hors du football féminin ; coach « star » pour tous les suiveurs de cette pratique. Suédoise qui vous glace un jeu, capable de mener toutes ses équipes au firmament olympique avec ces deux finales gagnées pour les USA (2004 et 2008) et sa finale 2016 à Rio, après avoir battu les américaines. Là, à la tête de son pays d’origine, la Suède.

Elle l’avait dit lors de sa prise de fonction en Septembre 2019. « Si j’arrive à faire bien défendre cette équipe ; alors on aura des titres ».

Un truc qui n’est pas neutre pour celles qui ont buté tant de fois au plus haut niveau, avec des équipes au talent incroyable. Finale Olympique perdue en 2004. Finale Olympique perdue en 2008. Finale Mondiale perdue en 2007. Elimination en 1/2 finale des Jeux de Rio quand les hommes remportaient l’Or Olympique.

Pour les Bleues de Corinne Diacre, il s’agit de sortir des 1/4 de finale des compétitions internationale. Un feu rouge français depuis 2013, 2015, 2016, 2017, 2019 qui ne passe jamais au vert. Pour le Brésil, les médailles sont déjà tombées, mais de titres internationaux, hors celui de leur continent, .. que nenni !

Dur à avaler quand tu possèdes pendant cette période la joueuse élue meilleure mondiale pendant six éditions. Un peu comme Messi. Sans titre avec l’Argentine, lui quatre titres européens avec le FC Barcelone quand Marta a joué en Suède (double nationalité et USA). Et des récompenses individuelles à foison.

Un Carnaval de Rio avec pull et cachemire !

Cristiane et Marta ont été transparentes. 34 ans toutes les deux, à la pointe du jeu ou de l’attaque. L’une en première mi-temps ; l’autre en seconde. Le jeu carioca n’a pas ensoleillé Valenciennes et les 17.022 spectateurs de ce dixième France-Brésil (6 victoires et quatre nul). Temps d’hiver. Passes dans le dos de l’action, course lourde. Bousculées à l’impact pour Marta avec une Wendie Renard qui lui fait goûter son épaule.

Les satisfactions offensives brésiliennes ont été rares. Et pourtant, en appliquant la formule de la réalité d’un jeu qui se joue sur 90′ ; elles ont eu les deux ou trois opportunités attendues par une équipe défensive. Souvent des actions en profondeur, suite à des déplaçements tactiques qui ont permis de se trouver esseulée devant Perrault Magnin, et de tenter le duel. Bloquées par le hors jeu pour l’une. Mal maitrisée par la technique pour un lob ouvert à l’égalisation.

De quoi faire match nul ou remporter un match si le score subit n’a pas dépassé l’unité.

La France aime gagner (1-0) !

C’est ce qui aurait pu arriver à ce match puisque les Bleues n’ont trouvé la faille qu’une seule fois, sur une tête de Valérie Gauvin (55′, 1-0), marquant là son 14e but pour seulement sa trentième sélection. Un but tous les deux matches. Une belle performance pour une joueuse décriée mais qui correspond exactement au jeu de Corinne Diacre. Des centres et au centre, une joueuse physique pour les terminer.

La coach française, autant décriée que sa joueuse, préfère mille fois plus gagner (1-0) que de prendre le risque de perdre (3-4).

Ce faisant, le match se divise en partie à temps fort et d’autres à temps faible. La première mi-temps étant celle de la découverte de l’adversaire, du jeu opposé sur le moment, pour qu’en seconde, des directives de vitesse et d’engagement soient demandées, afin de mettre ce but vainqueur et repartir avec les trois points de la victoire.

La formule a été appliquée face au Canada (1-0, 54′ Asseyi). Elle a été renouvelée contre le Brésil avec une première mi-temps sans émotion. Denis Balbir, commentateur des Bleues pendant cette période de qualifications nous confirmait l’appétence des féminines à prendre le dessus en seconde mi-temps. Elle sera certainement la marque de fabrique des Bleues pendant cette préparation au prochain Euro, prévue en Angleterre pour l’été 2021.

Que retenir des Bleues sur ces deux matches ?

Pauline Perrault-Magnin (Arsenal, 4e selection, 27 ans) a fait une belle prestation dans les buts français. Plus sollicitée que Sarah Bouhaddi (149 sélections, 33 ans) contre le Canada ; elle confirme sa position de Numéro 2 et certainement de future numéro 1.

Les lignes défensives ont été au niveau attendu (Marion Torrent, Eve Perisset, Griedge M’Bock, Aissatou Tounkara). Wendie Renard faisant un meilleur match que face au Canada. Sakina Karchaoui (24 ans, 31 sélections) étant la confirmation positive au poste de latérale gauche avec cette capacité d’engagement offensif et ce talent magnifique de la créativité sans pour autant que les adversaires canadiens et brésiliens n’aient réussi à nous démontrer qu’elle possède des qualités défensives au même niveau, assurant alors un couloir de niveau mondial avec Amel Majri devant elle. Le Canada, fait de joueuses du championnat américain est en pré-saison. Le Brésil est venue travailler son système défensif à l’évidence.

Perle Morroni (PSG, 22 ans, 1 selection) devra faire attention à son sytème défensif. Avec son tempérament, elle a tendance à jouer physique dans la surface. C’est un lieu de saint sacrement d’autant plus que les arbitres féminines ne sont pas des reines de la décision.

Au milieu, Grace Geyoro (23 ans, PSG), avec déjà 29 sélections, pourtant considérée comme non-titulaire jusqu’au Mondial d’Août 2019, a pris le costume du jeu en très peu de temps. Titulaire face au Canada, entrée en jeu contre le Brésil ; elle est la future signature du milieu de terrain français. Amandine Henry a joué son rôle en ayant l’expérience de la victoire. (1-0) est bien suffisant. Ce serait le diable de perdre (1-2) à une vingtaine de minutes de la fin du match.

A l’inverse, Kenza Dali (West Ham, 25 sélections, 28 ans) comme Charlotte Bilbault (Bordeaux, 23 sélections, 29 ans), titulaires face au Brésil, n’ont pas confirmé un jeu de propriétaires. Leurs prestations ont manqué de l’assurance que demande la production d’un 4e FIFA dans un Tournoi relevé qui est soumis au zoom des médias.

Amel Majri, (56 sélections, 27 ans, OL) sur les deux rencontres, est la percussion française. Elle impose la présence de Valérie Gauvin à la réception de ces centres.

Certainement laissée au repos contre les Pays-bas, il sera intéressant de voir comment le jeu de débordement français va se trouver. Delphine Cascarino (OL) ou Kadidiatou Diani (PSG) seront à droite. Qui sera choisie au centre entre Marie Antoinette Katoto (PSG) ou Ouleymata Sarr (Bordeaux).

Sur le plan des interrogations

Marie-Antoinette Katoto n’a pas encore trouvé sa place dans ce onze des Bleues ; à hauteur de celle qui est la sienne au PSG et dans la D1F Arkema. Eugènie Le Sommer a été transparente en animatrice du jeu. Il lui faut de la vitesse pour faire la différence avec les autres ; en reprise, elle en a trop manqué. Il est à noter que c’est sa seconde période négative avec les Bleues après le Mondial. A 30 ans, il va falloir qu’elle se gère certainement ; d’autant que l’OL a annoncé une septième blessure (ligament) pour une joueuse de son effectif.

D’un terrain miné vers un terrain déminé.

La situation avant le Tournoi était compliquée. Interventions médiatiques sur interventions médiatiques. A l’évidence, la communication et la vie de groupe sont maitrisés. D’une situation minée, les Bleues se retrouvent au sein d’un terrain déminé.

Une des directives de Corinne Diacre a été de respecter son engagement envers l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint Germain pour ne pas utiliser sur les trois rencontres les joueuses des deux clubs, dans l’optique du match qui devrait décider du gain du championnat, joué dès Samedi à Jean Bouin (15 h30) à moins d’une décision attendue Lundi de la FFF, le repoussant début avril sur avis du CNOSF, du syndicat des joueuses et joueurs, et à la demande de l’OL.

Les Pays-bas se joueront le 10. La décision officielle aura été donnée.

Elle pourrait être un élément décisif de titularisation pour Corinne Diacre. Avec le gain du premier Tournoi de France ; une victoire sur les Pays-Bas, 3e mondial et vice-championne du Monde d’un Mondial qui se passait en France serait « la cerise sur le gâteau ».

La France affirmerait une place sur le podium du classement mondial de la FIFA quasiment acquit après les deux nuls des Pays-Bas (Canada et Brésil) ; seuls deux points les séparent.

On ne rate pas l’occasion de s’affirmer quand elle se présente.

William Commegrain Lesfeminines.fr