Corinne Diacre revenait sur le devant de la scène après cinq mois où les Bleues étaient restées de côté, se quittant sur une victoire facile contre la Serbie (6-0) en match qualificatif pour l’Euro. Avec l’actualité des dissensions exprimées par certaines joueuses commentant en public -ce qui se fait ou faisait en interne- leurs différences de vision avec la sélectionneuse, la conférence de presse a commencé avec une question sur l’absence de Gaetane Thiney pour se terminer par une dernière intervention sur l’évolution de son management.

Il faudra un certain temps pour que les échanges ne portent plus que sur les 23 et leurs contenus. C’est le temps nécessaire pour que l’émotion mitigée laissée aux journalistes de la prestation des Bleues au Mondial 2019 fasse partie des souvenirs oubliés, ne ressortant qu’à la condition que les faits viennent à se renouveler.

Que ressortir des 20 minutes d’intervention ?

Quelle est la finalité de ce premier Tournoi de France ?

Un format proche de celui organisé par la fédération américaine au lendemain de son sacre au Canada en 2015 avec la SheBelievesCup. Corinne Diacre, y voit l’occasion de « retrouver le public et redonner les émotions de la Coupe du Monde ». Un investissement important pour la fédération permettant de compenser le déficit de public et d’intérêt de la D1FArkema et de maintenir la flamme entrevue lors de la Coupe du Monde 2019, avec des stades pleins.

Installé dans « les Hauts de France » pour cette année, appelée à tourner les années suivantes. Valenciennes qui avait bien répondu à ce Mondial avec une moyenne de 20.457 spectateurs, pour une jauge de 95% d’occupation du stade de la Hainaut. Un stade qui correspond aux besoins des Bleues à l’heure actuelle, bien choisi, « d’autant plus que l’Equipe de France n’avait pas joué dans cette région pendant la Coupe du Monde ».

L’objectif de Corinne Diacre dans ce tournoi ?

« Installer notre jeu » dans l’optique des quatre matches à venir de qualifications pour l’Euro 2021. Pour une équipe qui, « si elle doit bien jouer, doit surtout gagner ». Précisant que son rôle est d’entraîner et sélectionner pour cette Equipe de France, « qu’elle est payée pour cela », et ne souhaite pas courir « plusieurs lièvres à la fois », dont l’un serait d’assurer le développement du football féminin à travers l’équipe de France.

Qui y sera ?

Une liste des 23 ouverte aux françaises du championnat et d’ailleurs « j’ai vu Pauline Peyraud Magnin, Maeva Clemaron en Angleterre et Aissatou Tounkara à Madrid » s’en est tenue aux performances récentes du moment qui ont permises aux deux bordelaises Ouleymata Sarr (10 sélections, 2 buts) et Estelle Cascarino (1 sélection) de réintégrer le groupe. La première sortie sur pépins physiques en 2019, qui semblent oublier aujourd’hui. La seconde, pour la tester face à des nations qui auront « la pression » puisque qualifiées pour les JO de Tokyo à venir (Canada, Brésil, Pays-Bas).

L’absence de Gaetane Thiney, prévue par la coach et communiquée à la joueuse en Novembre 2019 est autant due à l’intégration des jeunes qu’à « des performances moins convaincantes en 2020 qu’en 2019 ».

Quels sont les éléments conjoncturels de Février qui ne seront pas nécessairement présent en septembre 2020 ?

A la réflexion sur l’absence de présence de jeunes dans cette sélection, Corinne Diacre répond que les U19 et U20 ont un programme de compétitions à assurer. Les U19 doivent se qualifier pour l’Euro quand aux U20, ils préparent le Mondial 2020 à venir. La priorité est laissée à ces deux formations pour ce qui « n’est qu’un tournoi amical ». Précisant que « la porte est ouverte » à celles qui exploseraient après cette période.

Reste la question centre des dissensions aux sein des Bleues.

Le cas de Marie-Antoinette Katoto est posé sur la table. On apprend qu’une longue discussion a eu lieu avec la joueuse en expliquant les raisons de sa non-sélection à la Coupe du Monde, visiblement comprises par la joueuse. Corinne Diacre ne voulant fixer « aucune pression » à l’attaquante parisienne, « juste qu’elle prenne du plaisir comme elle en prend avec son club actuellement ». Elle explique le choix d’Eric Blahic, inscrit sur une short list après le départ de Philippe Joly à la DTN mais n’explique pas celui d’Elisabeth Tournon-Bougeard. Ne ferme pas la porte à Gaetane Thiney même si elle regrette les interventions dans les médias préférant le téléphone et le face-à-face. Reporte le fait de vouloir que les Bleues jouent à l’extérieur, aux calanques grecques de 2021. Et tiendra compte du temps de jeu des joueuses de l’Olympique Lyonnais comme du Paris Saint Germain, pour ne pas interférer dans le futur choc du championnat (14 mars), décisif pour le titre de Championne de France 2020.

Au bilan, une intervention souriante avec humour, maîtrisée, qui ne ferme rien mais qui ne change rien. Comme elle le dit, c’est « une femme têtue (elle ne changera pas sa vision) mais qui n’est pas obtue (elle acceptera de prendre d’autres chemins) ».

Une phrase qui a du être entendue par Gaetane Thiney, la grande absente. A l’évidence, elle va se battre pour revenir en Bleue.

William Commegrain lesfeminines.fr