Le Paris FC a montré sa meilleure prestation depuis bien longtemps. Non pas que les joueuses de Sandrine Soubeyrand méritaient plus la victoire (1-1, 4 tab à 5), mais surtout, qu’à l’opposé de la rencontre face au Paris Saint Germain (dernière rencontre de championnat de décembre) qui les avaient vu exploser en contenu après l’ouverture du score à la 25′ de Katoto, elles sont montées crescendo et ont fourni une bien meilleure seconde mi-temps que les bordelaises, pourtant 3e au classement de la D1F Arkema, à qui elles rendaient 13 points en championnat, n’ayant connu la victoire qu’à quatre occasions au soir de la 12e journée.

Pourtant Bordeaux a commencé son début de rencontre tambour battant.

Incroyable la qualité et rapidité de passes que les joueuses de Pedro Martinez Losa ont produit pendant les quinze premières minutes. Sophie Istrillart, Ines Jaurena et à un degré moindre, Gouthia Karchouni ont animé un jeu rarement vu à ce niveau de la compétition, à l’exception d’un Olympique Lyonnais ou d’un Paris Saint Germain. Cela allait vite et bien. Les parisiennes subissaient totalement, courant après le ballon.

Les excentrées pas assez déstabilisantes.

Une tactique qui, si elle manque de verticalité, n’occasionne que rarement des occasions franches. A défaut d’avoir des débordements latéraux indispensable afin de déstabiliser une défense, le regard trop porté sur le ballon, oubliant un marquage au centre.

C’est ce qu’il a manqué aux bordelaises pour enclencher le but validant cette présence de leader qu’elles voulaient imposer aux parisiennes. Emelyne Laurent, internationale A (5 Sélections) bien plus rapide que Savin, ne terminant pas ses dribbles du côté droit. Viviane Asseyi, internationale A (39 sélections) meilleure buteuse bordelaise avec 9 buts au compteur, ne les tentant pas, préférant rentrer vers le centre.

Un Paris FC qui subit mieux les dominations adverses.

La percussion était si forte qu’on aurait pu attendre que le Paris FC craque néanmoins. Cela n’a pas été le cas et on trouve là, la première qualité de l’équipe de Sandrine Soubeyrand. Elle sait subir, sans paniquer quand bien même, elle se trouve prise à défaut dans la moitié de son jeu de relance. Elle ne descend pas dans ses qualités défensives. Toutes les joueuses font un gros travail défensif.

Plus même, elle les conserve et cela devient même leur premier atout. Clara Mateo est tout autant présente dans l’attaque qu’elle n’utilise sa qualité de vitesse pour défendre et suppléer Julie Soyer sur le coté droit. Gaetane Thiney, qui a dû toucher 90% des ballons de transitions offensives, est plus d’une fois dans la surface parisienne pour empêcher un contre bordelais de s’exprimer.

Une verticalité bien jouée par Jaurena, donne un pénalty à Asseyi.

C’est d’ailleurs elle qui fera la faute sur Emelyne Laurent dans la surface parisienne alors que l’action s’est portée dans la seconde par un contre joué tout en verticalité par Ines Jaurena. La jeune internationale U20, prise par Corinne Diacre dans les 23 du Mondial 2019, enroule un dribble et bute sur Thiney. On aura beau entendre un « j’ai rien fait » des tribunes, faute et pénalty pour Bordeaux, transformé par Viviane Asseyi devant une Honneger bien plus sécurisante que face au PSG (0-1, 33′).

L’expérience du Paris FC maintient le jeu des parisiennes.

Menées à domicile devant 500 personnes, les parisiennes ne prennent pas l’eau, d’autant plus que Bordeaux lève le pied au milieu de terrain. Ines Jaurena n’est plus trouvée, les ailières excentrées tombent dans l’individualité et Khadija Shaw, au physique décathlonien montre les limites d’une joueuse de poids dans un jeu de contrôle-passe de qualité mais sans volonté de faire mal.

Il n’en faudra pas plus pour que les armes offensives du Paris FC, pas si nombreuses en ce premier acte, s’expriment. Une montée de Julie Soyer, une faute de Viviane Asseyi. Une balle arrêtée à la 44′ et les parisiennes reviennent au score sur une balle déposée par Gaetane Thiney sur la tête de Comba Sow, oubliée au second poteau (1-1, 44′).

Une égalisation heureuse en jeu, mais pas volée. Bordeaux n’a pas su se mettre à l’abri, le Paris FC l’a compris. La seconde mi-temps sera parisienne.

Bordeaux s’embourbe

Bordeaux s’embourbe sur un terrain devenu gras d’autant plus que le Paris FC monte d’un cran dans le jeu et développe des animations offensives empreintes de volonté et visiblement travaillées dans des entraînements. Elles produisent – à l’image des commentaires de coach – un jeu cohérent, loin des remontadas des matches de Coupe de France.

C’est aux bordelaises de courir après le ballon, sans le récupérer. Sophie Vaysse joue un peu plus haut que face au PSG, les balles restent dans le camp bordelais. Un début de vagues pourraient s’instaurer si la bordelaise Chatelin, côté gauche, fluette, ne montrait pas des qualités défensives et d’anticipation qui ont tout de la tunique Bleue.

Cela dribble en défense centrale bordelaise, un signe d’un manque de disponibilité qui ne trompe pas.

On commence à pressentir que le pied gauche d’Estelle Cascarino, contrainte très souvent à dribbler pour relancer le jeu, pourrait lui être fatal si les parisiennes, plutôt de la bloquer, allaient chercher le ballon. On voit qu’il en est de même du côté de Julie Thibaut. Cette volonté de repartir balle au pied pourrait coûter cher aux bordelaises. Des défenseuses centrales qui cherchent une solution, ne l’ayant pas ou ne la voyant pas. C’est un signe de faiblesse bordelais.

Le Paris Fc a buté sur une limite offensive.

Un signe qu’à certainement enregistré Gaetane Thiney. Expérimentée à souhait, dont le jeu actuel est au niveau d’une équipe de France par sa qualité d’intentions de passes ne trouvant pas la partenaire qui ait la vitesse et l’anticipation de lire, au juste moment, l’opportunité qui se présente.

Je compterais cinq situations chaudes pour le Paris Fc dans la surface bordelaise, devenues lettres mortes pour un temps de réaction trop long face à une situation qui demandait l’instantané du très haut niveau. De son côté, Clara Matéo, excellente sur son côté droit, – la malchance de l’internationale B aura été de tomber sur une très bonne Chatelin – sortira un tir si pur et puissant que Nayler se fera un plaisir de le prendre pleine mains, sans pour autant que l’initiative de la parisienne ne soit à critiquer.

Au final, après cinq minutes de temps additionnel, les deux équipes s’opposeront aux tirs au but puisque pour les féminines, le réglement de la fff ne dispose pas de prolongations. Une épreuve où le choix de faire appel à des joueuses d’expérience sera évident. Thiney, Bourdieu, Soyer, Matéo, Butel pour le PFC. Lavogez, Asseyi, Lardez, Bilbault, Jaurena pour Bordeaux. Julie Soyer verra son tir contrepied sortir de peu Ines Jaurena, lèvera les mains au ciel en mettant le 5e et dernier tir de la série.

Sur ce match

Ce qu’il aura manqué au Paris Fc pour mettre un but, c’est une joueuse offensive d’un niveau supérieur pour agir plus rapidement. Ce qui n’aura pas manqué au Paris Fc, c’est un mental collectif de qualité et sans faille.

J’ai trouvé la prestation du Paris FC cohérente, le fruit d’un travail et d’une confiance. Le problème, c’est que les parisiennes n’ont pas assez de joueuses offensives pour ne pas subir le risque d’une défaillance défensive. J’ai été surpris du titre de l’article sur le site internet du club : « Sorti d’entrée ! ». Idem sur le fil twitter. Visiblement, sur le moment, le rédacteur avait de mauvaises influences autour de lui.

Du côté de Bordeaux, j’ai trouvé les bordelaises très bonnes dans les trente premières minutes. Je ne les ai pas trouvé meilleures avec l’entrée de Charlotte Bilbault (64′), Claire Lavogez (64′) mais à l’inverse, l’équipe bordelaise s’est réveillée dès leurs entrées, surtout Shaw qui a commencé à utiliser sa puissance. A l’évidence, psychologiquement, les joueuses n’ont pas la même attitude (façon de penser) avec ces deux joueuses. Une Shaw d’ailleurs capricieuse à sa sortie du terrain, qui est loin d’avoir fait le show. Ouleymata Sarr, utilisant au mieux sa seule opportunité, une frappe d’ailleurs cadrée.

J’ai trouvé pour Bordeaux, une prestation mitigée et trop individuelle. Si on doit regarder avec un oeil visé sur leur position en championnat (-2 par rapport au PSG, 2e), à chaque période, il a manqué quelque chose pour les mettre au niveau de l’Ol et du PSG.

On annonce des recrues à gauche et droite. Sur ce que j’ai vu, et compte tenu que les bonnes et très bonnes joueuses sont déjà sous contrat, la possibilité de monter le niveau de jeu avec des recrues est loin d’être garantie. Surtout pour des équipes qui ont dans leur ADN le développement d’un jeu collectif. Le niveau de la D1F Arkema s’est très nettement relevé. Recruter n’est pas seulement la réponse. Il faudra avoir le nez fin pour trouver la perle rare. Un travail de dirigeant.

Source Footofeminin. Coupe de France – 16es de finale
Paris FC – FC Girondins de Bordeaux : 1-1 (1-1) (tab 4-5)
Bondoufle (Stade Robert Bobin) – 451 spectateurs
Arbitres : Victoria Beyer assistée de Clothilde Brassart et Camille Daas
Buts
0-1 Viviane ASSEYI 33′ s.p. (Faute de Thiney sur Laurent à l’entrée de la surface côté gauche. Asseyi frappe le penalty du droit à ras de terre sur la gauche de la gardienne partie du bon côté)
1-1 Coumba SOW 44′ (Coup franc de Thiney à 20 m dans le couloir droit frappé du droit par Thiney pour trouver la tête de Sow à l’opposé, esseulée qui décroise sa reprise de la tête et place le ballon dans le petit filet gauche de Nayler)

Avertissement : Bourdieu (35e) pour le Paris FC ; Cascarino (60e) pour Bordeaux

Tirs au but : Thiney (1-0), Lavogez (1-1), Bourdieu (2-1), Asseyi (2-2), Soyer (non cadré), Lardez (2-3), Matéo (3-3), Bilbault (3-4), Butel (4-4), Jaurena (4-5)

Paris FC : Honegger – Soyer, Muller Prissen, Butel, Savin – Sow (Jean-François 71e), Vaysse, Thiney (cap.) – Matéo, Bourdieu, Aigbogun. Entraîneure : S.Soubeyrand

Bordeaux : Nayler – Lardez, Thibaud, Cascarino, Chatelin – Jaurena, Istillart (cap., Bilbault 64e) – Laurent, Karchouni (Lavogez 64e), Asseyi – Shaw (Sarr 76e). Entraîneur : P.Martinez Losa

William Commegrain Lesfeminines.fr