Qui a déjà joué au football dans les rues de Tunis, Alger ou Casa sait que les pieds maghrebins sont capables de saccer le dos des prochains M’Bappé et CR7 européens. Avec du papier, des rouleux de scotchs et plein de rêves dans la tête, l’enfant du Maghreb est, sans contexte, le roi du football de rue.

Garçon ou fille, fille ou garçon. A cet âge, les stéréotypes et préjugés sont envoyés comme des coups de poing avec des mots. La réponse part aussi cinglante. Véridique. Celle du terrain. C’est ainsi que se gagne la reconnaissance chez les jeunes du Monde entier.

Dès qu’on grandit, ce Monde s’ébranle. Se transforme. Terminator de l’inégalité et des différences. Le talent ne prend plus son envol. Cimenté par les besoins du football, si facile à maitriser en Europe. Impossible dans cet univers qui donne à chacun les plaisirs gratuits du Soleil et de la mer, les éloignant des moyens de répondre aux besoins matériels.

Inch’Allah, pour les terrains, moyens de transport des championnats nationaux, équipements, formations, primes et salaires. Ne parlons même pas de subventions qui a tout du pélérinage à la Mecque pour ceux qui l’obtiennent. « Hadj » du football.

Déjà vrai pour le football masculin, alors encore plus vrai pour celui féminin.

Amel Majri (Ol, 26 ans, 9 titres de championnes de France, cinq de championnes d’Europe), née à Monastir, n’a pas mis longtemps à le comprendre. Joueuse de l’équipe tunisienne des U20, elle a choisi l’Equipe de France, dans le Top 5 mondial depuis 2010, plutôt que celle de Tunise qui ne s’est plus réunie depuis trois saisons maintenant. Disparue du classement FIFA. Même si l’Equipe de France ne lui a donnée que la SheBelievesCup de 2017, elle a évolué avec des joueuses et des conditions sans commune mesure, sportive, matérielle et financière.

Une Tunisie qui est à l’image de ce qui se passe pour le Maroc (81e FIFA) et l’Algérie (84). Un championnat marocain de l’élite au naming Botela, sans cahier des charges, ayant même obligé des joueuses de 1ère division à se changer sur le terrain, faute de vestiaires praticables. Des situations ayant poussé ces dernières à faire grève, mouvement devenu habituel dans le football féminin après les danoises, américaines, espagnoles pour obtenir la moitié des subventions attendues, 250.000 dinars soit 2.500 euros pour une saison de la part de la fédération Royale Marocaine de Football.

Un Maghreb qui se bat donc pour exister. Hesterine de Reus, experte de l’UEFA, reçue comme une princesse par le Président de la Fédération Algérienne de Football, pour prodiger conseils et visions auprès de structures ronflantes sans moyens : Commission du football féminin, Ligue Nationale de Football Féminin, Chef du département du développement du football féminin.

La Tunise, delon le même modèle d’organisation, relançant une équipe nationale après avoir signé une convention de partenariat avec la Fédération norvégienne de détection des jeunes talents.

Des moyens inexistants dans une zone où la balle au pied est religion. Dommage.

Ne soyons pas surpris de voir leurs internationales actuelles aller s’expatrier, comme une fuite en avant, vers des pays plus accueillants. Sans parler de l’Europe, mais plutôt de la Turquie, où elles peuvent retrouver une culture musulmane. Comme Mariam Bouihed qui a faussé compagnie à la délégation marocaine lors d’un séjour en Espagne, prête à pratiquer des Arts Martiaux pour obtenir la nationalité espagnole.

Il faut faire avec. Inch’Allah.

SI j’étais un club de D1FArkema, n’ayant pas les moyens de l’Ol d’aller chercher les leaders de mes stratégies d’externalisation, j’irais voir là-bas.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Sources : La Presse/Express-dz/m.le360/ma