L’Allemagne remporte le match de prestige devant l’Angleterre (1-2) dans un Wembley bien en-deça des 90.000 spectateurs annoncés par la FA (billets vendus) prévoyant de battre le record du Monde des 90.185 spectateurs du Rose Bowl de Pasadena lors de la finale de la 3e Coupe du Monde en 1999 (USA-Chine), puisque 77.778 spectateurs étaient présents sous la pluie londonienne.

Malgré des billets à 1£ pour les enfants et un maximum de 20 £ pour les adultes, le record mondial marketing anglais, utile à créer une dynamique pour le Championnat d’Europe 2021 à venir, n’a pas été atteint. Il faudra faire attention dorénavant à cette politique du chiffre qui court à travers le monde pour justifier d’une crédibilité du football féminin. Prendre tout cela avec des pincettes si on s’intéresse aux faits.

Cela reste néanmoins le nouveau record de l’équipe nationale, battant nettement le précédent de 2014 (45.619) face à l’Allemagne. Voilà pour l’environnement.

Une précédente défaite pour une nouvelle défaite. 

En 2014, L’Angleterre finissait l’année sur une défaite (0-3) à Wembley. En 2019, il en sera de même. La première avait été une défaite après une série de quinze victoires, contre des petites équipes européennes certes, comprenant cependant la Suède et le Canada. De quoi se relancer, l’Angleterre sortait d’une élimination terrible en phase de groupe à l’Euro 2013. Seule la France avait réussi à renouveler ses victoires contre l’Angleterre en finale du Tournoi de Chypre.

Là, en 2019, à nouveau, l’Allemagne (2e FIFA) ramène à la raison l’Angleterre (5e FIFA) qui pendant un temps a frôlé la seconde place mondiale en 2018. Depuis 2013, le palmarès des filles de Phil Neville s’est très nettement étoffé. Troisième au mondial 2015, 1/2 finaliste de l’Euro 2017, quatrième du Mondial 2019, l’Angleterre est une des trois équipes européennes qui a réussi à se qualifier pour les JO de Tokyo 2020 avec les Pays Bas (3e Fifa) et la Suède (5e Fifa) à la suite du Mondial, entraînant avec elle, les galloises, écossaises et irlandaises du Nord (Royaume Uni).

De son côté, l’Allemagne, ex-leader du football féminin européen, bute sur les récompenses internationales après une médaille d’Or aux JO 2016 de Rio qu’elle ne défendra pas en raison d’une élimination en 1/4 du Mondial 2019 en France, dans la droite ligne d’un 1/4 de finale perdue à l’Euro 2017 face aux surprenantes danoises, futures finalistes.

L’opposition était équilibrée et avait le goût d’une finale européenne.

Les Lionesses, touche le fond avec six défaites sur les sept derniers matches.

Si l’ambiance était explosive et émotive pour ces matches de l’Amitié de Novembre qui viennent en souvenir de la guerre de 14-18 pour deux nations largement impliqués dans ces événements, Phil Neville se trouve les deux pieds dans une guerre de tranchées qui pourrait s’annoncer.

Habitué aux médias par son statut de joueur professionnelle et international, il revendique la responsabilité des cinq défaites et un match nul sur les sept derniers matches des Lionesses après la Coupe du Monde 2019. « Il n’y a qu’un seul responsable, c’est moi, excluant maintenant les effets de la Coupe du Monde 2019, très suivie en Angleterre. »

Pour autant, cette position comme le record des spectateurs n’exclura pas la question du sélectionneur, à quelques mois des JO et dans l’optique de l’Euro à domicile. C’est le propos juste de

Critique normale, alors quelle critique apporter à la prestation anglaise ?

Le match a été un cauchemar pour l’Angleterre.

Non pas que le résultat ait été dramatique. Perdre (1-2) contre la seconde équipe mondiale installée à ce rang depuis que le classement existe n’est pas infamant. D’autant que le nul a tenu une partie de la rencontre (1-1, 44′) ; la sanction n’intervenant qu’à la 90′ sur un contre bien terminé par la jeune Klara Buhl (18 ans), excellente au demeurant, d’un tir en coin. Montrant qu’il fallait un vainqueur et que ce vainqueur ne pouvait être que l’Allemagne.

Le match a été un cauchemar car il n’a apporté que des interrogations et aucune solution. L’Angleterre n’a pas existé pendant les trente premières minutes. Mais vraiment pas existé. La seconde passe était interceptée par l’Allemagne. Non pas que le jeu était compliqué et la passe difficile. Tout simplement des « plats du pied » lus, vus, anticipés et récupérés. Un cauchemar pour le statisticien en charge des transmissions.

De plus, dans le froid londonien, Alexandra Popp ouvre le score dès le début de la rencontre. A la 6′ sur une offrande alors que la joueuse concernée, latérale de son état, se retrouvera quatre fois dans cet exercice. En position arrêtée. Pire, jamais attaquée. N’ayant plus qu’à se concentrer pour délivrer une passe qui trouve un partenaire.

Après ce temps d’inexistante anglaise, on se dit que l’Allemagne a raté la possibilité de tuer le match. Une possibilité qui semble lui coûter cher quand Stephanie Frappart désigne le point de pénalty pour une faute logiquement sanctionnée de Merle Frohms sur Beth Mead dans la surface (36′).

Nikita Parris (25 ans), assez décriée après son départ de Manchester City vers Lyon au regard de son attrait financier lui faisant d’ailleurs faire une interview pour y parler plutôt ambition, prend le rôle de tireuse. Logiquement malgré ses deux pénaltys précédents non transformés. Phil Neville, en conférence de presse d’après match précisant l’ordre que lui et son staff avait désigné « Nous avions une liste de trois aujourd’hui: Nikita était la première; Alex Greenwood, Beth Mead était la 3e ». L’attaquante lyonnaise trouve sur son tir Merle Frohms réalisant son 3e raté consécutif et surtout le 4e de l’Angleterre depuis celui de la capitaine Houghton en Coupe du Monde 2019.

Il faudra toutes les qualités d’Ellen White pour que les Lionesses égalisent (44′) sur une superbe passe de Kiera Walsh que la 3e Soulier d’Or du Mondial 2019 (Rapinoe, Morgan, White avec 6 buts) transformé en Bronze en raison d’un temps de présence plus long sur les terrains, coupera subtilement devant une défense immobile pour la glisser au fond des filets de Wembley qui pouvait enfin commencer à gronder.

Un but d’une telle qualité qu’il ne pouvait que faire regretter la fin du vote du Ballon d’Or féminin – la veille -, méritant à la trentenaire de gagner plusieurs places. Elle, à qui la VAR avait refusé sur la ligne, un septième but lors de la petite finale mondiale, qui lui aurait donné, seule, le soulier d’Or. Une situation plutôt à l’avantage de Lucy Bronze, qui ne devrait pas être loin du titre donné le 2 décembre au Théâtre du Châtelet, transparente sur cette rencontre.

Tout cela fait peu pour une équipe qui n’a, à son palmarès récent, qu’une victoire sur le Portugal (31e FIFA). Sur un score serré (0-1), pour cinq défaites et un nul contre la Belgique (3-3) à l’extérieur.

Les solutions anglaises doivent être originales.

Phil Neville a eu le bonheur d’arriver avec un background professionnel où le temps est la réponse à la malchance. Chez les féminines, il y a un ingrédient supplémentaire à prendre en considération. Il s’appelle l’émotion. Dans ce cadre, le sélectionneur anglais doit vite chercher et trouver des clés nouvelles. Sinon, les filles s’habituent vite à la contre-performance et surtout les adversaires ne manquent jamais de croquer des équipes en difficulté.

Je ne suis pas certain que sa phrase soit la seule solution : « Nous devons parler à Nikita et voir ce qu’elle ressent. Je ne suis jamais du genre à prendre une sanction envers quelqu’un si elle se sent confiante. » Tout simplement, parce que chez les filles, toute situation non sanctionnée est un aveu de faiblesse. Un faiblesse, soit elles l’utilisent, soit elles déconsidèrent.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Source The Telegraph.

Angleterre (4-3-3): Earps; Bronze, Houghton, Williamson, Greenwood; Scott, Walsh, Nobbs (Stanway 77); Parris (Chanvre 73), Blanc (Taylor 73), Mead (Daly 73).
Supports non utilisés: Telford (g), Bright, Stokes, McManus, Staniforth, Angleterre, Roebuck (g), Bonner.

Allemagne (4-3-3): Fromms; Kleinherne, Doorsoun, Oberdorf (Hegering, 45 ans), Hendrich; Marozsan, Dabritz (Leupolz, 70), Magull (Lattwein, 84); Stark (Knaak 65), Popp (Bremer, 65), Buhl.
Supports non utilisés: Maier, Schuller, Benkarth (g), Dallmann, Rauch, Schmitz (g), Knaak, Gasper, Lettwein.
Réservations: Frohms, Doorsoun, Kleinherne.