Il a manqué des choses au PSG. Il n’a rien manqué, au contraire à Guingamp.

Il a manqué quelque chose au Paris Saint Germain face à Guingamp. D’abord son Kop habituel des Ultras, en grève tant chez les femmes que les hommes. Un public qui nous avait donné des habitudes. Il a manqué de la presse. Nous étions deux au dernier étage de Jean Bouin. Un truc qui nous renvoyait à un septennat passé. Non, pas que le PSG féminin ne soit pas suivi. Il y avait visiblement du monde pour le 1/8e retour de la WCL, jeudi. La presse parisienne l’a joué à la parisienne. Certaine déjà du résultat.

Il a manqué surtout un rôle de leader de championnat, mais cela, on n’en avait pas l’habitude au PSG et j’y vois là, la base du résultat des filles d’Olivier Echouafni face à Guingamp et l’explication de la main mise des lyonnaises sur les treize titres de championnes de France.

La première place demande des efforts et les joueuses du PSG n’ont pas su les produire collectivement pour renverser les troupes de Frédéric Biancalani qui s’exprimait avec humilité à la fin de la rencontre : « On est bien sûr satisfait de ce point pris contre cette grosse formation du PSG. Nous avons concédé l’ouverture du score bien trop tôt mais n’avons pas réalisé la seconde période qu’on espérait ».

Guingamp aurait pu l’emporter avec un peu plus de vitesse en contre.

C’est dire si le coach breton pouvait entrevoir la victoire. A dire vrai, elle aurait été possible avec une Oparanozie plus jeune (4′, 10′, 63′), qui aurait pu user de sa vitesse ou de sa frappe de balle redoutable dans les contres bretons. Là reprise par une défense centrale sans Paradès, sa capitaine habituelle.

Tyryshkina et Daoudi au milieu ont récupéré ou relancé des ballons qui auraient pu faire mal aux parisiennes. D’autant que Fleury en fin de match, sur les côtés, prenaient de vitesse Eve Perisset dans les contres qui pouvaient s’annoncer.

Une absence d’Irène Parédès qui n’a rien à voir avec le but contre son camp de Paulina Dudek (72′, 1-1). Obtenu sur coup de pied arrêté. Un csc que les footeux connaissent. Tu fais mille fois. Rien ne rentre. Souvent, la moindre erreur paie car les adversaires se galvanisent de nos échecs et eux, de l’exploit qui nait. Cela fait faire des « poteaux entrants » au lien de « poteaux sortants ».

Le PSG rate un sacré ipon.

En effet, si la perception collective du PSG a été une des sources de ce résultat nul, à considérer comme une défaite car une double victoire dans les deux journées concernées (Guingamp et OL) auraient mis le PSG à 5 points de l’OL. Un exploit à faire à Lyon pour un titre quasiment assuré. C’était jouable. Une chance incroyable que le PSG a laissé passer pour se retrouver habituel second, à jouer un face-à-face contre l’habituel premier. Le goût, la motivation et la mobilisation ne sont plus les mêmes.

Solène Durand a recrée l’Epée Durand-AL de la chanson de Roland

Reste que l’EA Guingamp a joué un super match collectivement. Nadia Nadim « parlait de bus » en zone mixte d’après-match. Je ne la rejoins pas dans ce qualificatif. Les bretonnes ont défendu bloc médian, à quatre at non à cinq, et haut, sans le ballon que le PSG avait 80% du temps. Les parisiennes ont juste été très défaillantes dans la dernière passe comme dans les occasions de début de match. Notamment Kadidiatou Diani, à la 6′ et 9′. Deux centres offerts par Marie-Antoinette Katoto à l’attaquante des bleues, repris avec trop de certitude par la native de Vitry sur seine. Plat du pied que Solène Durand, troisième gardienne de l’équipe de France capta avec détermination et assurance.

Une Solène Durand qui assura aussi devant la tentative de lob de sa co-équipière en Bleue (49′), extraordinaire dans sa performance individuelle sur cette rencontre. Un mur psychologique qu’elle s’est mise à dresser devant les joueuses du PSG en stoppant Diani par trois fois, mais aussi Grace Geyoro dans un duel cadré sur enfin à jeu à trois en une touche de balle (32′, Kadi, Dabritz, Geyoro), et en toute fin de rencontre (90’+5) Sandy Baltimore sur, enfin, un corner significatif pour le PSG. Au moins un, sur la dizaine qui n’ont absolument rien donné de Paris.

Les corners, un indicateur de la force du jeu parisien au quelle Grace Geyoro a montré une puissance physique rarement vu, sortant plusieurs fois de son rôle à la manière d’une Amandine Henry, sans être payée mais une faiblesse à l’image d’une défense de Guingamp exemplaire, soit par une tête, soit par un pied (35′, 40′, 42′, 65′, 77′). Aucune parisienne infiltrée n’a pas senti le souffle d’une bretonne qui lui collait aux pieds. Hoarau, Gevitz, Hudson, Jezequel, Yango, Robert et les autres. D’un retard, elles produisaient l’effort pour revenir et lutter.

Les internationales du PSG, à part Nadim, n’ont pas su utiliser leurs expériences.

L’erreur individuelle des parisiennes a été justement de toucher bien trop le ballon dans les transmissions et tentatives. Là, où l’expérience de Nadim Nadim s’exprimait avec des profondeurs nombreuses en une touche de balle, les autres joueuses touchaient bien trop le ballon, ralentissant la verticalité et permettant aux guingampaises de revenir nombreuses dans les trente mètres. Si kadidiatou Diani, Marie-Antoinette Katoto arrivaient sans souci à prendre le meilleur sur leur adversaire direct, le temps pris pour cela, permettait à Guingamp de se reconstruire défensivement. La maladresse faisait le reste.

Le seul but parisien est d’ailleurs venu d’une action où la justesse technique et l’expérience ont primé. Kadidiatou Diani perce côté droit, centre pour la tête de Nadia Nadim qui voit Sara Däbritz esseulée. Remise intelligente de l’internationale danoise pour l’internationale allemande qui sans contrôle, use d’un plat du pied pour trouver les filets. Le tout en une touche.

En résumé, l’habitude d’être leader a manqué au PSG. Le jeu en une touche à manqué au PSG. Voilà pour les deux premiers points mais ce qu’il a aussi manqué, c’est l’expérience de la lecture du jeu sur le terrain. A cet égard, la jeunesse du PSG est devenue une faiblesse et les internationales Ashley Lawrence (Canada), Sara Dabritz (Allemagne), n’ont pas été au niveau exigée par la rencontre. Formiga n’intervient jamais donc difficile de lui en faire le reproche d’autant que sa forme physique est au top. C’est elle qui va chercher sur 40 mètres, Fleury la plus rapide des bretonnes, pour lui reprendre la balle (34′) sur un contre dangereux.

Une critique que l’ont peu formuler à Kadidiatou Diani, très impliquée physiquement sans surprise mais qui doit maintenant utiliser son background international (54 sélections) pour proposer des solutions de leaders à son équipe. Un reproche que l’on ne peut pas faire à Marie-Antoinette Katoto, trop jeune encore et qui, par ses deux premières actions, avaient fait une partie de son travail, si Diani les avaient transformé. Reste à savoir si la française aime les critiques ?

Paris était trop sûr de l’emporter. Remettant à demain, l’action ratée d’aujourd’hui. Paris, presse comprise, l’a joué à la « parisienne ». Trop sûr du résultat.

Guingamp habituel chat noir des franciliennes à domicile.

En face, Guingamp a senti que le PSG ne jouait pas au-dessus. Guingamp est une équipe habituée à poser des problèmes aux franciliennes en général quand elles viennent en Ile de France. Le Paris FC s’y est souvent mordu les doigts. Le Paris SG a subi un spécial (3-3) alors que les bretonnes étaient menées (3-0) à la mi-temps au Camp des Loges, faisant perdre dans la foulée, la place européenne aux parisiennes de Patrice Lair pour que Montpellier la prenne.

Guingamp solidaire comme jamais. En défense et il faudrait citer toute l’équipe. Galvanisée par une capitaine gardienne des grands soirs qui renvoyait en Bretagne le coach des gardiennes après une blessure au genou grave. D’un geste clair. Je reste alors que le malheureux, sans réponse du bord du terrain, avait eu l’idée d’entraîner la gardienne remplaçante derrière les filets bretons pour s’essayer à une réponse. La kiné s’occupant du genou gauche de Durand, visiblement traumatisé sur une réception. Une douleur qui l’a faite grimacer pendant tout le reste de la rencontre.

Têtue, elle sentait la performance. Elle voulait rester. Elle a bien fait. Dans les dix dernières minutes d’arrêts de jeu donnés par Solenne Bartnik, à chaque dégagement, elle n’avait plus mal. Son équipe aussi. Seules les parisiennes étaient mal.

Le PSG de leader, redevient challenger. Volontaire ? 

Malheureusement, à distance. Les voilà remises dans la situation du passé. Pour une fois devant, et maintenant derrière l’OL.

Comptablement, ce n’est pas significatif. Nadia Nadim le disait : « le match face à l’OL sera toujours aussi important ». Pour Frédéric Biancoloni « Les filles ont eu la réaction que nous attendions après la déception contre Fleury ». L’expérimentée danoise relativisait « nous sommes déçus, nous avons essayé sans réussir. En football ce sont des choses qui arrivent. Avec l’OL, il n’y aura pas de bus, ce sera plus facile pour nous. »

Sauf que le PSG a montré une limite. Dans un championnat qu’elle domine avec l’OL, il faut savoir s’imposer devant des bus et jouer en leader du championnat. Lyon le dit. Gagner tout le temps n’est pas chose aisée. Visiblement, Paris vient de l’apprendre.

Après la semaine FIFA, les deux équipes vont se rencontrer. Lyon sans Wendie Renard, buteuse, capitaine et grande compétitrice mais leader d’un championnat qu’elles dominent depuis 13 ans. Le PSG sans être leader, en tant que challenger, avec une équipe qui doit montrer autre chose.

Après 24 heures, je me demande si le turn over n’a pas aussi comme incidence de rendre la performance des nouvelles entrantes moins fortes. Je pense à Ashley Lawrence que j’ai connu plus incisive et qui n’a joué que deux matches en championnat (Dijon et Marseille) où les remplacements nombreux de Marie-Antoinette Katoto (5 matches sur huit). En fait, après analyse des feuilles de match du PSG, seule Grace Geyoro a joué toutes les rencontres.

A voir. Au bilan, l’OL est à égalité de points mais devant le PSG au goal average. Les deux clubs se rencontrent dans quinze jours pour ce qui sera, « le premier match attendu » de la D1FArkema 2020.

William Commegrain Lesfeminines.fr

source footofeminin

Dimanche 03 novembre 2019 à 14h45

Paris (Stade Jean Bouin) PSG – Guingamp : 1-1 (0-0)

  • Spectateurs : 885
  • Arbitre : Solenne Bartnik assisté de Camille Daas et Amira Locutura.
  • But pour PSG : Sara Däbritz 51′
  • But pour Guingamp : Paulina Dudek 72′ csc

Avertissement : Ekaterina Tyryshkina 41′ pour Guingamp

PSG : 16-Christiane Endler , 17-Ève Périsset, 4-Paulina Dudek, 5-Alana Cook, 12-Ashley Lawrence, 8-Grace Geyoro, 24-Formiga, 13-Sara Däbritz (21-Sandy Baltimore 83′), 11-Kadidiatou Diani (15-Karina Sævik 82′), 9-Marie-Antoinette Katoto (23-Jordyn Huitema 66′), 10-Nadia Nadim ©, Entr.: Olivier Echouafni

Non utilisées : 1-Katarzyna Kiedrzynek, 2-Hanna Glas, 7-Aminata Diallo, 19-Annahita Zamanian

Guingamp : 16-Solène Durand ©, 19-Emmy Jézéquel (10-Adélie Fourré 81′), 4-Luna Gevitz, 22-Carlin Hudson, 3-Fanny Hoarau, 25-Faustine Robert, 28-Sana Daoudi, 23-Ekaterina Tyryshkina (15-Margaux Le Mouël 71′), 8-Jeannette Yango, 11-Louise Fleury, 9-Desire Oparanozie (20-Alison Peniguel 71′), Entr.: Frédéric Biancalani

Non utilisées : 30-Agathe Fauvel, 6-Ella Palis