Avec quatre joueuses anglaises internationales (Bronze, Greenwood, Parris et Christiansen) alignées contre Bordeaux par l’Olympique Lyonnais, la question de l’incidence du Brexit m’a interpellé. D’autant que Lucy Bronze est une candidate au podium du Ballon d’Or après sa nomination comme meilleure joueuses UEFA 2019.

Qu’aura le Brexit comme incidence sur le football international ? A première vue, cela poserait un problème inhérent à la liberté de circulation instaurée dans l’UE et qui n’existerait plus dès lors que le Royaume-Uni sera sorti des frontières de l’Union Européenne.

De là à imaginer que la Premier League soit démantelée de tous ces joueurs étrangers. Cela paraît impossible où aurait un coût significatif compte tenu que la Premier League est vendue à l’étranger pour une somme de 4,8 milliards d’euros pour la période 2019-2022.

La Football Association a quand même pris la balle au bond en proposant de réduire le nombre de joueurs extra-communautaires à 12 dans les clubs de la Premier League au lieu de 17 actuellement. Il faut dire qu’en général, par journées, il n’y a que 30% de joueurs du Royaume-Uni alignés en Premier League.

Les européens (27 pays UE) seront extra-communautaires.

Si le Royaume-Uni sort avec un accord (agrément actuel du Parlement mais désaccord sur la manière), alors les règles extra-communautaires ne s’appliqueraient qu’après le 31 décembre 2021. Si le Royaume Uni sort sans accord, la date se rapprocherait au 31 décembre 2020.

Un principe général qui s’appliquerait au monde du football.

Libre de ratifier ses accords, le Royaume Uni pourrait très bien considérer comme non-résident des nations qui aujourd’hui sont à considérer comme extra-communautaire. Je pense à la Chine dont la FA autoriserait l’impatriation sans réserve, ce qui serait alors un sacré objectif marketing, bien dans l’esprit des sujets de sa Gracieuse et Royale Majesté.

Quels sont les principes anglais ?

La FA s’était décidé d’autoriser plutôt la qualité pour les joueurs extra-communautaires. Sur les deux dernières années, le joueur ou la joueuse doit avoir réalisé 75% des derniers matches de sa sélection qui doit avoir été, au plus loin de la 70e place FIFA sur les deux dernières années.

Les anglais créent des limites, mais ils donnent des possibilités de s’en exonérer en proposant, après un test d’anglais, la possibilité pour un joueur de qualité mais ne répondant pas à la première condition très restrictive, de constituer un panel indépendant qui certifiera, après examen, que le joueur « est capable de contribuer significativement au développement du jeu à un haut niveau en Angleterre ».

Tout cela donnera permis de séjour et de travail. Le football féminin anglais s’étant aligné sur celui masculin, on peut penser que les règles seront les mêmes.

Sinon, pour vivre (permis de séjour) et travailler (permis de travail) dans le Royaume-Uni, il sera attribué à toutes personnes ayant travaillé plus de cinq ans en Angleterre. Pour ceux ayant actuellement un permis de résidence, il faudra juste le transformant en « résident permanent » (Settled status). Un statut qui peut permettre de demander la nationalité britannique. Pour les autres, il y a la possibilité de demander le « pre-settled-status » qui vous donnera le permis de séjour et de travail.

A demander sur le site du Home Office (Ministère de l’Intérieur) jusqu’au 31/12/2020. Lien ouvert au lendemain du 31 Octobre. Cela concerne Pauline Peyraud-Magnin (Arsenal), Maeva Clemaron (Everton Ladies), Kenza Dali (West Ham), Karima Benameur (Manchester City).

Du côté de l’hexagone, la situation est différente.

Suivant l’application de l’article 22 « règlements généraux, qualifications », alinéa 9, le nombre d’extra-communautaire est spécifique pour le football féminin. Le critère s’applique sur la feuille de match, limitée à 3 joueuses extra-communautaires.

Par exemple, sur la feuille de match de l’Olympique Lyonnais, directement concerné par le Brexit avec quatre anglaises dans l’effectif : Lucy Bronze, Nikita Parris, Alex Greenwood, Isibol Christiansen, les quatre ont joué dont les trois premières comme titulaires.

Cela poserait le problème de gérer les titularisations de Saki Kumagai ou l’ouverture vers des joueuses américaines.

Qui est communautaire ?

Ne sont pas extra-communautaires, les nationaux ou bi-nationaux provenant de l’UE sans surprise, de l’Espace Économique Européen (Islande, Norvège, Liechtenstein), et ceux provenant des pays ayant signé un accord avec l’UE ou l’EEE.

On parle des accords de Cotonou (Afrique, Caraïbes, Pacifique) pour ceux ayant au moins une sélection nationale ou ayant signé une licence amateur depuis au moins trois ans avec la FFF et de l’arrêt Malaga (Pays de l’Est Européen), du nom de la joueuse de volley qui avait sollicité l’intervention judiciaire pour faire reconnaître son droit au travail.

Qui est extra-communautaire ?

Le reste est extra-communautaire. Dans certains pays, le fait d’avoir été formé dans un pays ne le rend plus extra-communautaire. En Allemagne, il faut produire une licence de la DFB (15-21 ans) prise pendant 3 ans pour ne plus être extracommunautaire. La France, limitant pour les joueurs professionnels à quatre joueurs extra-communautaires se pose la question d’en accepter un cinquième, mais réservé à la Chine.

Chaque fédération peut créer ses règles pour les extra-communautaires.

Pour le football féminin de haut niveau, cela concerne surtout des joueuses issues du Brésil, des USA, du Japon comme du Canada.

En attendant la signature d’accord avec l’UE qui devraient intervenir dans la décennie, il faudra donc rajouter au 31 décembre 2020 ou 2021 (avec accord) les pays du Royaume-Uni composé de l’Angleterre, de l’Écosse, du Pays de Galles et de l’Irlande du Nord.

Bien que l’Ecosse se sente flouée dans cette Histoire. Elle a voté pour un grand « Yes » européen en 2014, et se trouve coincée avec le référendum anglais du Brexit qui a emporté le « NO ». Quant à l’Irlande du Nord, pas très contente de devenir le gendarme douanier des marchandises qui arrivent dans l’UE alors qu’elle n’en fera plus partie.

Pas évident que le Royaume-Uni ne se désagrège pas ou relance un nouveau référendum pour un « Oui » européen. En attendant, rien ne change jusqu’au 31 décembre 2020 au minimum.

William Commegrain Lesfeminines.fr