Tant que le patron paie. Le football féminin a bien changé depuis les exploits de 2011 et 2012 (1/2 finale mondiale et JO), pas encore égalés. Des budgets qui partaient autour de 500.000 € pour maintenant se tenir autour de deux millions (Paris FC, Montpellier, Olympique de Marseille, Bordeaux) quand l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint Germain ont dépassé allègrement les 5 millions d’euros.

Les joueuses gagnent très bien leur vie pour un spectacle qui ne touche que 500 spectateurs par match. « Tant que le patron paie » puisque ce sont des filles. Donc, il ne faut pas être trop exigeant. Déjà, elles jouent au foot. Alors ! Et puis tant que le patron paie.

Il y a un vrai problème d’efficacité offensive des jeunes joueuses du Paris FC ?

C’est la phrase qui me trotte dans la tête à la lecture brute du résultat du Paris Fc face à Montpellier Hsc. Un sévère (2-5) à la maison avec deux buts des historiques de Juvisy, Camille Catala (5′) et l’égalisation de Julie Soyer (48′) pour trois buts pris en toute fin de match (84′, 86′, 90’+1) dont un triplé de Valérie Gauvin.

Un Paris FC dont on cherche les buteuses parmi les jeunes depuis le début de cette saison : face à Dijon (Thiney, Catala, Soyer). Contre Metz (Catala, Butel). Ce sont Sällstrom et toujours Catala qui ont mis les trois buts contre l’OM. Pas de buts face à Lyon et contre le PSG. Et là, Camille Catala et Julie Soyer. Toutes des trentenaires avec plus de huit ans dans la maison.

Pourquoi les jeunes n’arrivent pas à exploser au Paris FC ? Ont-elles été mal plantées ? Sont-elles dans un environnement qui n’amènent pas au plus haut niveau. C’est une question que je me pose et qui peut être posée quand on voit comment Aissatou Tounkara (2018) et Kadidiatou Diani ont explosé à l’Atletico Madrid et au Paris Saint Germain (2017).

Est-ce ce calcul facile à poser qui me vient à l’esprit mais qui me semble impossible ? Le regard derrière pour savoir qu’il y a toujours deux équipes plus faibles limitant le risque de la descente et le regard devant pour se dire qu’il est plus facile de jouer la quatrième place ou 5e place tout en assurant ses arrières. Salariées, avec un patron qui paie. Tous dans le train, en comprenant avec précision la règle. Je ne peux imaginer cela. Cela doit être autre chose.

Les portes sont grandes ouvertes à Bondoufle.

Tant que le patron paie, tout va normalement à Bondoufle. Cinq buts pris par Montpellier, deux contre le PSG, quatre face à l’Olympique Lyonnais. Seulement deux victoires à trois buts face à Dijon et l’OM. Deux scores nuls contre Soyaux (0-0) et Metz (2-2). Tant que le patron …….. ! 15 buts encaissés, à quatre unités du dernier, le FC Metz.

Le patron du Paris FC, Pierre Ferracci, est plutôt quelqu’un de très bien élevé. Ce n’est pas lui qui va mettre le feu aux poudres d’autant que la manne financière existe à la simple condition de défendre la condition féminine. Des messages tendances assez loin du sport. Sauf que c’est du sport. Et de plus en plus homogène au niveau où on évolue le Paris FC.

Tant que le patron paie

Je ne sais pas si le malheur du football féminin ne se trouve pas dans cette phrase : « tant que le patron paie ». La professionnalisation du football, c’est un peu comme le gavage des oies. C’est sans fin. Le football masculin a eu du mal à trouver des leviers de motivation hors contexte purement financier pour les replacer sur le rectangle vert. Avec les difficultés et les décisions qui vont avec.

Le football féminin n’y est pas encore. Un truc qui n’existait pas avant d’ailleurs. Les pépites étaient rares et on les trouvait lorsqu’elles avaient vraiment tout fait pour être au Top.

Aujourd’hui, quand les filles sortent de Bondoufle. Tant que le patron paie. Cela va passer.

C’était pareil à Montpellier la saison dernière. Sauf que Laurent Nicollin a commencé à bougonner fort en faisant comprendre que le football féminin n’était pas plus attaché à Montpellier qu’autre chose. La différence entre l’investissement et le résultat commençait à se transformer en un gap qui ne lui plaisait pas. Les poches se trouaient. Un truc qui signifie « danger » dans le langage familial que lui avait transmis son père.

L’Ol « puisque le patron paie ! »

L’Olympique Lyonnais n’est pas dans cette dimension. Ce serait plutôt « Puisque le patron paie, alors … ». Et Lyon paie bien. Après un match nul qui aurait pu être anecdotique, Bordeaux est passé à la moulinette lyonnaise. Puisque le patron paie, alors on va aller chercher ce 14e titre pour lequel elles ont grillé un joker avec le match nul contre Dijon, 12e du championnat lors du dernier match (0-0). Un truc « impossible à imaginer » pour tous les suiveurs de cette pratique.

« Puisque le patron paie », Amandine Henry a lancé les débats (1-0, 19′). Elle qui fait partie des 20 joueuses du Ballon d’Or, essentielle à l’OL et capitaine de l’Équipe de France qui a donné la victoire des Bleues face au Brésil dans une prolongation épique. Hegerberg (44′), Parris (45’+1), Van de Sanden ont aggravé le score. Trois zéros à la mi-temps, puisque le patron paie, alors les lyonnaises ne lâchent rien.

« Tant que le patron paie. Cela dépend aussi des joueuses ». Là, à Lyon, elles veulent quelque part justifier de leur salaire. Unique en Europe. Attention que personne n’avance en me disant que si le Paris Fc était payé comme l’OL, elles seraient championnes du monde.

Il y a des joueurs qui jouent au football pour être payé. Il y a des joueurs qui ont dépassé le stade de la rémunération. Ils jouent pour autre chose.

C’est pareil pour les filles.

Le salaire, c’est un lien de subordination avant d’être une reconnaissance. Prendre trois buts en six minutes. Il y a un problème quelque part. A mon avis, cela vient de loin.

William Commegrain Lesfeminines.fr