Le Sud de la France n’est pas le meilleur endroit pour organiser un match de football. Bizarrement. Lors de la Coupe du Monde féminine, la Mosson de Montpellier, club leader de la D1F, avait réalisé un taux d’occupation de 44% pour une moyenne de 13.749 spectateurs. Un chiffre qui semblait bas, et pourtant. La moyenne de Montpellier en Ligue 1 n’est que de 13.829 !

Nice a été dans la même configuration avec une moyenne de 17.380 en Juin pour un taux d’occupation de 51%. Un résultat qui tenait compte du France-Norvège qui avait fait 34.872 spectateurs, soit à « guichets fermés ». En Ligue 1, Nice ne fait que 19.123 spectateurs de moyenne.

Le Sud de la France, à l’exception de l’OM, se situe à moins de 20.000 spectateurs pour un match de football. Qu’il soit féminin ou masculin. C’est donc une très belle performance que Nîmes ait pu réunir 11.384 personnes, un soir d’Octobre de fin de semaine. Les nîmois privées d’un football féminin de l’élite depuis que les féminines nîmoises, après une incursion en D1F, sont descendues maintenant en régional.

Les Bleues jouent vite ensemble

11.384 spectateurs qui ont vu une équipe de France féminine comme rarement elle a pu produire d’envies offensives face à un adversaire qui oblige à passer « la vitesse supérieure » pour accepter la défaite. Des Bleues dont la première signature estampillée Corinne Diacre a toujours été le jeu défensif et qui là, a brillé de mille feux sur le plan offensif.

Les joueuses ont réussi à produire ce qui semble être la patte de la sélectionneuse française. Que chacune, dans son rôle, fasse le maximum et même plus, sans aller sur le terrain des autres. Une machine organisée, huilée, qui joue rapidement sans déborder. La victoire se faisant sur la plénitude de cette force qui s’installe, par vagues, ou même mieux, continuellement.

Peyraud Magnin (Arsenal) en remplacement de Sarah Bouhaddi a assuré tous ses ballons. Marion Torrent, en difficulté face aux USA lors du Mondial, a joué plus haut pour terminer avec le brassard de capitaine montrant son influence dans ce groupe qu’elle n’a jamais quitté depuis son entrée en 2017. Aissatou Tounkara, depuis sa titularisation à l’Atletico Madrid avec le double titre de championne d’Espagne ne joue plus comme une remplaçante. Wendie Renard, pour une fois, n’a pas eu à montrer « sa grinta » en marquant un but salvateur et Sakina Karchaoui (Montpellier) commence à se mettre dans la peau d’une titulaire depuis qu’Amel Majri présente une candidature au milieu. Elle joue sans excès.

Au milieu, Charlotte Bilbault prend de la maturité avec le brassard girondin qu’elle est amenée à porter et Grace Geyoro joue un rôle de huit à qui il ne reste plus que la qualité et l’envie d’une frappe réussie dès lors qu’elle ne la réfléchira pas. Delphine Cascarino a un jeu de trois-quart de rugby, balle au pied. Elle entre dans les adversaires pour les perforer sur plusieurs lignes. Eugènie Le Sommer est une dix et demi, entre dribbleuse sur le côté gauche et passeuse comme buteuse au centre quand Kenza Dali, cherche encore à se placer dans ce jeu qui demande d’être présente et utile avec son talent. Plus facile face à un adversaire plus fort, le besoin de la chercher se faisant ressentir quand là, les Bleues à dix auraient pu gagner avec le même résultat. C’est ainsi quand les joueuses offensives brillent, le ballon ne peut pas passer par tous les pieds.

Valérie Gauvin a fait une prestation, un ton en dessous, de celle du Mondial. Il lui a manqué la confiance qui donne de la force à l’impact et à la confrontation. On ne peut pas aussi peu jouer comme titulaire à Montpellier sans le payer au plus haut niveau. Il y a une limite à la détermination. La joueuse réunionnaise sait ce qu’il lui reste à faire. Soit gagner la confiance du coach montpelliérain, soit changer de club. D’autant que dans un trou de souris de jeu (10′), Marie-Antoinette Katoto a réalisé sa meilleure prestation aux yeux de Corinne Diacre. Elle a montré qu’elle pouvait être utile aux autres en réalisant un débordement et centre parfait, réussies uniquement grâce à sa puissance physique et à sa qualité technique. Amel Majri a apprécié. Main tapée après regards échangés.

Je n’aurais pas aimé être du côté des islandaises ce soir. 17e FIFA pourtant et qui avait fait peur à la France d’Olivier Echouafni lors de l’Euro 2017 (1-0). A l’exception de leurs deux avant-centres, Elín Metta Jensen jusqu’à la 60′ et Berglind Björg Thorvaldsdóttir après, elles n’ont rien pu montrer dans ces 90′ aux Costières. Les Bleues les en ont empêchés.

A l’image de Fanndís Friðriksdóttir, gentiment précisé par Denis Balbir, excellente face à la France en 2017, et sans apport sous les couleurs marseillaises en 2017-2018, les joueuses amateurs ont la difficulté de pouvoir répéter les bonnes performances quand le travail des professionnelles est justement fait pour que cela soit fait.

Eugènie Le Sommer et Amel Majri, des buts superbes de loin.

Alain Vernon avait posé une question qui était restée sans véritable réponse en conférence de presse : « Pourquoi les joueuses ne tirent pas de loin ? ». La réponse de Corinne Diacre s’était promenée entre le travail devant être fait en club ; une sélection n’étant présente qu’une semaine durant, et la volonté mentale des joueuses de le faire.

Au niveau envie, Eugènie Le Sommer en déborde. Une superbe reprise du gauche sur un ballon bataillé par Valérie Gauvin qui transperce Sandra Sigurdardóttir, gardienne qui n’aura pas raté son match mais qui ne pourra rien contre les quatre gestes d’artiste des Bleues. On commence le décompte du record à battre de Marinette Pichon. 78e but sous les Bleues pour la lyonnaise qui aime les reconnaissances et le statut qui va avec. 81 étant le chiffre à abattre. Le capitanat au bras. Il est évident que le Kazakhstan va exploser sous les coups de la bretonne.

D’autant que le 79e sera superbe. Une balle reçue plein centre et toute la tonicité dans le geste qui transforme la joueuse en Calamity Janes du football féminin. La joueuse qui tire plus vite que son ombre. Une sortie à la 81′ qui se fera sous les applaudissements des Costières.

Amel Majri aura deux gestes rares. Elle va nous montrer qu’installée dans un jeu offensif, elle regarde la situation avant de prendre une décision quand auparavant, on pouvait lui reprocher ses centres aux jugés. Elle voit le jeu et sa tonicité lui fait prendre très rapidement une décision.

Lorsqu’elle pique la balle pour la déposer deuxième poteau à Delphine Cascarino, elle n’a pas centré. Elle a déposé le ballon dans un espace vide, anticipant le fait que sa coéquipière lyonnaise va s’y engouffrer. Elle a juste utilisé sa superbe technique pour que cela soit réussie.

Et pour son tir des trente mètres qu’elle reçoit plein centre. Juste avant, elle voit l’espace libre qui s’offre dans les buts islandais. L’instant suivant, elle envoie la puissance nécessaire qui ne permettra pas à Sandra Sigurdardóttir, malgré une belle horizontale, d’aller chercher la balle qui s’écrasera dans les filets islandais.

Au final, quand l’arbitre grecque siffle la fin du match, une pensée m’interpelle. Si les Bleues pouvaient avoir la même envie offensive face au Top 5 mondial. Et si, Et si. Et si. Cela pourrait augurer de belles promesses.

24 heures après. Je me dis que, il y a deux mois, on aurait écrit que des lyonnaises ont marqué, alors qu’aujourd’hui, on écrirait plutôt, des Bleues ont fourni un sacré match.

Peut-être une belle victoire pour Corinne Diacre.

William Commegrain Lesfeminines.fr

(Source footofeminin.fr) Match de préparation
Vendredi 4 octobre 2019 – 21h00
FRANCE – ISLANDE : 4-0 (2-0)
Nîmes (Stade des Costières)
Temps dégagé et légèrement venteux (19°C) – Terrain bon
Spectateurs : 11 384
Arbitres : Eleni Antoniou (Grèce) assistée de Chrysoula Kourompylia (Grèce) et Georgia Komisopoulou (Grèce). 4e arbitre : Maïka Vanderstichel (France)

Buts :
1-0 Eugénie LE SOMMER 4′ (Cascarino côté droit décale sur sa droite pour Torrent qui effectue un centre rentrant du gauche pour Gauvin au point de penalty qui prolonge de la tête au second poteau sur Le Sommer qui place une reprise de volée du gauche à 8 m vers la lucarne droite de Sigurdardóttir)
2-0 Eugénie LE SOMMER 16′ (Cascarino sur la droite revient avec le ballon vers l’axe et sert Le Sommer, démarquée dans l’axe à 20 m qui contrôle et enchaîne par une frappe du droit qui va se loger dans la lucarne droite de Sigurdardóttir)
3-0 Delphine CASCARINO 66′ (Majri récupère le ballon côté gauche, fixe Sigurdardóttir puis délivre un centre incurvé au second poteau pour la reprise de volée de l’intérieur du droit de Cascarino qui redresse le ballon pour le placer au ras du poteau)
4-0 Amel MAJRI 85′ (Cascarino récupère côté droit, vient trouver dans l’axe, Majri à 35 m, qui profite de la gardienne avancée pour armer une frappe flottante du gauche sous la barre)

Avertissements : Alexandra Jóhannsdóttir 83′, Dagný Brynjarsdóttir 88′ pour la France

France : 21-Pauline Peyraud-Magnin ; 4-Marion Torrent, 5-Aïssatou Tounkara (2-Elisa De Almeida 86′), 3-Wendie Renard, 7-Sakina Karchaoui ; 20-Delphine Cascarino, 8-Grace Geyoro, 14-Charlotte Bilbault, 9-Eugénie Le Sommer (cap.) (18-Viviane Asseyi 81′) ; 15-Kenza Dali (10-Amel Majri 65′) ; 13-Valérie Gauvin (12-Marie-Antoinette Katoto 86′). Entr.: Corinne Diacre
Non utilisées : 1-Solène Durand, 16-Sarah Bouhaddi, 6-Maéva Clemaron, 17-Gaëtane Thiney, 19-Griedge Mbock Bathy Nka, 22-Julie Debever, 23-Perle Morroni

Islande : 1-Sandra Sigurdardóttir ; 6-Ingibjörg Sigurdardóttir, 3-Sif Atladóttir (2-Gudný Árnadóttir 46′), 4-Glódís Perla Viggósdóttir, 11-Hallbera Gudný Gísladóttir ; 7-Sara Björk Gunnarsdóttir (cap.) (9-Margrét Lára Viðarsdóttir 60′) ; 14-Hlín Eiríksdóttir (18-Sandra María Jessen 60′), 15-Alexandra Jóhannsdóttir, 5-Gunnhildur Yrsa Jónsdóttir (10-Dagný Brynjarsdóttir 72′), 23-Fanndís Friðriksdóttir (21-Svava Rós Gudmundsdóttir 60′) ; 16-Elín Metta Jensen (20-Berglind Björg Thorvaldsdóttir 60′). Entr.: Jón Thór Hauksson
Non utilisées : 12-Cecilía Rán Rúnarsdóttir, 13-Ingibjörg Valgeirsdóttir, 8-Ásta Eir Árnadóttir, 17-Agla María Albertsdóttir, 19-Anna Björk Kristjánsdóttir, 22-Rakel Hönnudóttir