Corinne Diacre a annoncé sa sélection pour le match amical face à l’Islande et le premier match qualificatif contre le Kazakhstan pour l’Euro 2021. Au chapitre des joueuses, si Marie-Antoinette Katoto a été appelée (20 ans, PSG), les deux surprises viennent de Perle Morroni (21 ans, PSG), postulante à gauche d’une part et la confirmation d’Elisa De Almeida (21 ans, Montpellier Hsc), au renouvellement de sa première convocation face à l’Espagne, semblant avoir passé le premier tamis de la vie de groupe et d’investissement aux entraînements. Trois jeunes qui se connaissent bien pour avoir évolué ensemble chez les jeunes.

La sélectionneuse française (45 ans), commence sa troisième année de mandat. Elle a certains principes qu’on a du mal à conserver à l’esprit mais qui concoure à sa liste.

« L’Equipe de France présentent les meilleures, les plus performantes à un instant T ». Cette réponse, qu’elle soit posée dans une phase dynamique ou au coeur d’une situation compliquée, Corinne Diacre l’a sans cesse répétée. Sur les absences, « C’est une équipe de France qui n’a jamais eu de portes fermées ». Entendez les choix ont des raisons d’être. Enfin, « la réponse se fait sur le terrain, notamment aux entraînements ». Voilà les trois devises qui, à mon sens, conditionnent la sélection française, aujourd’hui comme Demain.

Je rajouterais, en me rappelant l’émotion palpable à l’annonce de sa sélection face à l’Espagne (2-0), premier match après la Coupe du Monde. « Corinne Diacre ne lâchera pas facilement une Mondialiste de sa liste ». Elle est fière du travail réalisé, de l’impact auprès du public français, du partage, de l’engouement médiatique. Tout cela fait qu’elles ont vécu ensemble, une Histoire qui les lie, laissant de côté l’échec sportif pour une sempiternelle élimination en 1/4 de finale d’une compétition internationale.

Un sentiment partagé par les joueuses dont on ne sait si il l’est autant par le fait qu’il ne peut être que le seul ou si il l’est, oubliant qu’il peut s’éteindre compte tenu que les événements FIFA donnent tout le temps cette résonance, que le temps, implacable, réduit le plus souvent au silence pour donner à un autre Mondial à venir, une nouvelle résonance, estampillé FIFA.

Dans ce cadre franco-français, revenu aux réalités quotidiennes des qualifications, on comprend le maintien de Julie Debever (31 ans, Inter Milan), le retour de Pauline Peyraud Magnin (Arsenal) et Maeva Cleamaron (Everton Ladies), blessées face à l’Espagne. Toutes trois mondialistes, sans temps de jeu en Juin 2019, mais présentes dans le groupe France. Idem pour Valérie Gauvin, ressentie « comme titulaire en neuf  » chez les Bleues, « regrettant juste qu’elle ne le soit pas à Montpellier », tout en se gardant bien de commenter les choix. La coach le répète. « Chaque entraîneur a ses raisons dans ses choix ».

Une équipe où sa capitaine Amandine Henry, gênée par des tendinites aux chevilles est laissée au repos. Gaetane Thiney confirmée dans une sélection « du 26 septembre », Emelyne Laurent en manque de temps de jeu laissée à Bordeaux sans être appelée en U23, et Kenza Dali, complétant une liste plus nombreuse, à chaque saison, de joueuses françaises évoluant hors de la D1F. Là, cinq sur 23.

On a un sentiment prononcé d’un rappel sur ce qu’est une sélection. Un cadre formel qui va s’imposer à chaque conférence de presse et dont les réponses reviendront souvent à cette maitrise des règles des sélectionneurs face à la presse. Il faut mettre au crédit de Corinne Diacre qu’à chaque fois qu’elle a voulu parler « franc », elle en a subi les contre coups médiatiques !

Peut-être pourrait-on lui glisser dans le creux de l’oreille que les verts écrits sont tout autant dus à une prestation peu convaincante en contenu. Ce à quoi, elle vous regardera de ses yeux de professionnelle en vous rappelant le nombre de victoires, le nombre de buts, un pénalty non attribué et des millions de TV spectateurs.

Peut-être que la mer redeviendra calme lorsque la presse sera passée d’un football féminin à émotion vers un football féminin de compétition. On pourra rétorquer que le football féminin de compétition manque de piments et subit mal la comparaison quand celui à émotion, transporte les démocrates du ballon rond vers une sympathie affichée à ces filles qui jouent au ballon.

Est-ce à dire qu’il n’y a pas de nouveautés ?

A bien écouter le replay. Une chose s’est imposée, une phrase. Une situation. « Je m’adapte ». Trois ou quatre fois énoncés. Précisés. Argumentés. Utilisés. Une phrase qui sort. Apprentissage de langage ? Evolution du management ? « Je m’adapte. J’écoute les joueuses ». Un management différent dans un cadre précis. Elle a écouté Amel Majri dans son désir de jouer plus haut. Elle écoutera Marie-Antoinette Katoto pour une discussion qui restera entre elles. Un management consultatif. La sélectionneuse ne transige pas sur un principe directeur. Les joueuse doivent jouer « dans le cadre d’un plan de jeu fait par moi et mon staff ».

C’est dans cet univers que les Bleues et Corinne Diacre vont construire leur aventure de l’Euro 2021. Chacune a fait un pas. Tout cela a tout d’un consensus au bord d’un lac Suisse. Le pays habilité à recevoir les grandes décisions d’un monde multilatéral. (NDLR : aidons à la lecture, image signifiant que le football féminin est maintenant fait d’intérêts et contraintes multilatérales).

Reste que la raison d’être est celui de la performance dans un football féminin qui se construit vite et fort en Europe. Tout cela est bien au-dessus des personnes et des égos. C’est un objectif dans le haut niveau. A l’idéal, c’est cela qui doit être au coeur des pensées et actes de chacun.

A retenir.

William Commegrain Lesféminines.fr

Les Bleuettes ont pris la décision d’être une sélection U23 sous la houlette de Jean-François Niemezcki. Cela fait plaisir à voir. Donner du temps de jeu aux jeunes pour ne pas perdre la qualité de la formation française. Une opinion que je partage et ai exprimé au lendemain du Mondial.