Le football féminin. Bof. Des buts qui sont des passes. Rien d’extraordinaire. Un collier de passes qui fait un collier de perles. Grosso modo, voilà ce que les passionnés du football professionnel masculin ressentent face aux buts féminins.

La jeunesse féminine a bousculé tout cela dans cette 2e journée pour leur dire : je vous emm…..Dans cette 2e journée, ce 7 septembre 2019, on a vu des buts de jeunes buteuses. Deux fois 17 ans, 22 ans, 24 ans. Des buts forts d’énergie.

La joueuse qui a marqué, et elles ont été nombreuses sur les six terrains de l’élite féminine, ont enclenché des buts qui ont fait trembler les filets. Loin de la pousser dans les filets. Comme pour les mecs, cela s’est fait sur le fil de la réussite.  Ils auraient pu être hors cadre tellement le tir est passé fort, la situation cherchée. La buteuse, totalement actrice, s’est lancée dans l’aventure du risque.

Boum et boum. Les filets ont tremblé et les statistiques sont tombées.

Naomie Feller, 17 ans.

Priorité à Naomie Feller (17 ans), tout juste championne d’Europe U19 2019 avec les Bleues qui s’est imposée au physique, tête bêche devant, sur Ada Hegerberg et Griedge M’Bock pour finir par un pointu qui file dans les buts lyonnais. Entrer en verticalité comme cela dans la défense lyonnaise, c’est rare. La jeune a moins de 19 ans. Elle est jeune, et elle em…… toutes les adversaires qui pourrait l’empêcher d’être. Cela fait (1-2 à la 8′). Elle fait recoller au score son équipe après deux buts encaissés en 4′. On peut penser qu’elle est révoltée.

Lorsqu’elle prend la balle dans les pieds de Wendie Renard, il y a (1-4) pour l’OL avec deux nouveaux buts de Wendie Renard et d’Amandine Henry. Aucune raison de partir au contact dès le début de la passe de Griedge MBock, sauf qu’elle trouve que cette gestion des lyonnaises devant leur surface est irrespectueuse face à son envie de bien faire. Elle trouve que ces lyonnaises se la joue pépère. Et boum, elle part. Et boum elle s’impose en action sur Renard, et boum elle envoie une bombe sous la transversale de Sarah Bouhaddi.

Deux éclairs de jeunesse. Un coup de pied aux fesses aux lyonnaises. 19 ans, du talent et de l’impertinence. Aller chercher l’impossible car tout est possible à cet âge. Et quand David Tess, toute petite face à Sarah Bouhaddi, en met un troisième. C’est clair. La jeunesse met un pied aux fesses aux usages et conventions du football féminin français.

Ada Hegerberg, 23 ans, Ballon d’Or 2018, 200 buts pour l’OL, mettra deux buts lyonnais après. Le premier, d’une belle reprise de volée puissante (3-6). Le second de la tête. Bien placée. Idéalement placée (3-8).

Khadija Shaw (22 ans)

Quand Khadija Shaw s’impose dans la surface à la défense centrale de Dijon. La jeune jamaïcaine formée aux universités américaines, sait déjà qu’elle va envoyer une mine pour marquer et que son adversaire ne reviendra pas sur le mètre d’avance qu’elle s’est crée. On est à la 43′ de cette dernière rencontre de la 2e journée. Tous les gros sont passés. Bordeaux est regardé. Boum. Le but est mis. Exit la pression. Bonjour la confiance.

Océane Daniel, titulaire pour ce match, se souviendra de la force et vitesse de Khadija Shaw. Bénéficiant d’un ballon de récupération, elle jette un regard sur la montée de la jamaïcaine. A hauteur de la ligne médiane, elle préfère jouer la sécurité derrière et s’applique à la remettre à sa gardienne, EMelyne Mainguy, bien en dehors de l’axe des buts. Trop peut-être. La gardienne réagit en retard. La jamaïcaine, lancée, lit le geste. La situation. Y croit. Elle fait les 30 mètres aussi vite que les dix de Mainguy. Gagne le tacle et finit par marquer dans un trou de souris malgré le retour de la défende bourguignonne.

22 ans. Quatre buts. Confiance. Une belle performance pour une première saison en Europe et en D1F Arkéma.

Oumeymata Sarr (23 ans), enverra une belle mine qui fera but en deux fois.

Kadidiatou Diani (24 ans).

Quand Kadidiatou Diani (Paris Saint Germain) met son 4e but à la 90’+2. C’est une véritable praline qui part. Un geste qui dans le football féminin part facilement dans les nuages. Là, le tir est maitrisé. La puissance présente. Elle traversera la défense et finira au fond des filets. Un but qui n’est pas exceptionnel mais qui finit rarement dans les buts. Le signe d’une confiance et de la jeunesse maitrisée. Quatre buts dans un match. Cela restera dans sa mémoire, comme la lucarne. Une lucarne, on en voit. Des buts de confiance et de puissance, moins.

Sarah Zahot (17 ans)

Les deux buts de Sarah Zahot (Olympique de Marseille) sont des perles qui sont à deux doigts de toucher la transversale bretonne. Déjà 30 minutes de jeu sans but à domicile après un sévère (6-0) subi à Lyon. Quand la balle lui est donnée en pleine surface, la jeune marseillaise ne se pose aucune question. Hypothèse ? Confirmation ? Infirmation ?

C’est sa seconde titularisation en D1F. Une des seules à faire les 90′ deux fois. Elle envoie une mine sous la transversale. La capitaine d’un soir bretonne, Solène Durand, équipe de france, ne peut rien faire. Elle constate. Une mine et un but (27′).

Le deuxième sera plein centre. Une reprise de demi-volée. Comme à l’entraînement et les bras se lèvent (2-1). A 17 ans, elle donne la victoire et les 3 points à son équipe qui en connait le prix et la valeur. Pas une question de posée. Jouée et marqué.

Des buteuses jeunes qui ont joué avec l’envie de la jeunesse et du talent. Une jeune génération qui entre dans le jeu. Fracassant.

Après Marie-Antoinette Katoto qui a lancé la jeunesse de France, et dont d’ailleurs, on voit une belle évolution dans le jeu.

William Commegrain Lesfeminines.fr