Montpellier pourrait être une bonne surprise pour Canal Plus, diffuseur de la D1F Arkéma après le (5-2) face à Chelsea. Le club de Laurent Nicolin ne bouge pas plus qu’un cil quand on lui parle de football féminin.

L’habitude et le fait que les méditerranéens ont depuis longtemps l’habitude de ne jamais regarder si l’herbe des autres est plus verte, sachant d’abord apprécier la couleur de la leur et impliqués à y faire régner ce qu’il faut pour y passer un bon moment.

La saison passée a montré deux autres caractéristiques de cette équipe qui depuis quatre saisons a repris cette place de 3e que le Paris FC (Ex-Juvisy) lui contestait un temps, substitué par Bordeaux les deux dernières saisons.

Quand le club montpelliérain fait « vroum-vroum » et se lance, la performance est au RDV. Une première fois en 2017 pour avoir pris la seconde place européenne au PSG avec une série de victoires dans la deuxième partie de saison et l’explosion du compteur but de Valérie Gauvin (huit buts de mémoire), lui donnant un ticket de joueuse internationale. La seconde fois, après ce début de saison 2018-2019 qui aurait été dramatique chez d’autres, une onzième place après cinq journées de championnat qui se terminera avec une nouvelle 3e place.

Il y a quelque chose à Montpellier qui se trouve entre le pitch d’entraînement et les plages de sable fin de la Grande Motte.

A Montpellier après de bons et loyaux services, sur la trentaine, le bon de sortie est assuré.

Linda Sembrant (32 ans), capitaine sans peur et sans reproche de Montpellier après six saisons passées, a posé ses valises à la Juventus, championne d’Italie pour une dernière aventure dans une série A embellie par une équipe d’Azzure qui a flamblé au mondial français (1/8e de finale). Une renaissance, vingt après 1999.

Sofia Jakobsson (29 ans), attaquante est partie en Espagne jouer une carte hasardeuse auprès du CD Tacon, futur Real Madrid. Club promu, fait seulement de cinq équipes, et qui va demander une totale implication pour un onze de titulaires à construire sans possibilité de remplacements faute de profondeur de club. Un risque de blessure et de méforme après une Coupe du Monde où la Suède a beaucoup donné et dont on sait que les retours de compétition demandent six mois de « convalescence » avant de reproduire le talent passé. En espérant que son agent et le club aient bien évalué ces risques.

Derrière ces deux joueuses emblématiques, Meline Gérard, 29 ans, sans réel match depuis quatre saisons, gardienne internationale avec Philippe Bergerôo, est partie jouer sa carte en Angleterre. Virginia Torrecilla (26 ans), internationale, est retournée en Espagne pour signer à l’Atletico Madrid. La danoise Katrine Veje (26 ans) avait déjà quitté le club en janvier dernier pour jouer dans la prochaine Barclay’s FA WSL avec Stina Blackstenius (22 ans), retournée en Suède, actrice de la 3e place mondiale acquise par la Suède lors du début de l’été français.

Le nouveau Montpellier, les jeunes et les nouveautés au pouvoir.

J’ai trouvé Cindy Perrault (24 ans), venue de Grenoble (D2F) très sûre d’elle. Une excellente lecture des initiatives adverses, une rapidité d’interception et un excellent pied gauche de relance. Très précis. La jeune gardienne, championne du Monde U17 en 2012, 2e au Mondial U20 en 2016, oubliée, n’est pas loin d’une équipe de France si elle se reconstruit. Il faudrait la voir sur les corners, dans le combat physique.

Sakina Karchaoui (23 ans) est vraiment incroyable. Une bombe d’intensité qui est l’idéal pour un coach qui voit le « verre à demi-plein » plutôt que celui « à demi-vide ». Je me souviens de son match en ¼ retour face à Chelsea en Women’s Champions League. Elle avait été incroyable et extraordinaire. Elle eut été un homme, Laurent Nicolin aurait reçu une proposition de transfert l’été suivant. Une joueuse du Sud, petite de taille, à fort tempérament.

Morgane Nicoli (22 ans) est l’exemple d’un prêt réussi. Comme l’avait été ceux de Perle Morroni (FC Barcelone) et Sana Daoudi (Atletico Madrid) pour le PSG. Comme le sera peut-être celui de Lina Boussaha (Losc) revenue au club de la capitale. L’ex-lilloise, finaliste de la Coupe de France 2019, a pris de l’assurance. Il lui manque encore l’expérience.

Une défense centrale montpelliéraine qui va devoir se demander qui prendra le manteau de l’expérience entre Morgane, Elisa De Almeida (21 ans) joueuse prometteuse venue du Paris FC et Maelle Lakrar (19 ans), récente championne d’Europe U19, titulaire la saison dernière.

L’erreur serait de demander à Anouk Dekker (32 ans), finaliste de la Coupe du monde 2019 avec les Pays-Bas de remplir le rôle de mère attentive et attentionnée. La joueuse hollandaise, pleine de bon sens, possédant un diplôme social, sait que la progression appelle à l’autonomie et à le responsabilité. Elle n’est qu’une teammate, et ne peut être que Conseils.

Marion Torrent (27 ans), capitaine assurée de l’esprit de Montpellier, sait à juste titre ce que volonté, responsabilité et autonomie veulent dire. La latérale de l’Equipe de France a du entendre « les critiques sous le manteau » de sa prestation au mondial dans les matches à élimination directe, notamment en ¼ de finale face aux USA. Elle saura dire aux jeunes quand les choses ne vont pas et qu’il faut qu’elles sortent. Parce que le jeu et la compétition le demandent.

Au milieu, je trouve que Sandie Toletti est exactement dans le bon club. 24 ans, championne du monde U17 et 3e au mondial U20 du Canada, cette joueuse grandit avec le Soleil. A sa manière. Très bonne quand elle avait été essayée par Philippe Bergerôo, elle est ensuite allée porter le maillot de l’Equipe de France B quand l’Equipe de France A aurait pu lui aller aussi bien, en tirant sur les manches. Comme on fait d’un vêtement qui plaît, pas encore ajusté mais qu’ont veut.

Sandie Toletti est une joueuse qui carbure à l’Ethanol du plaisir. Dans une équipe qui flambe, elle va allumer le jeu. C’est sa nature, elle joue pour le plaisir, loin du plan de carrière. Un esprit du Sud.

Sarah Puntigam, dans ce match, je l’ai peu vu. Pourtant, elle a marqué deux buts. Décidé cette année de passer mes vacances à Paris comme un touriste, elle me fait penser à ces touristes d’hier au Château de Versailles. Imperturbable sous l’orage parisien, mille à rester sur le parvis en un serpentin de huit colonnes, attendre son tour. Juste à l’écoute des vendeurs à la sauvette, star du monde libéral, à l’écoute parfaite des clients, ayant mis immédiatement de côté les cartes postales, pour des parapluies, 50% moins cher.

L’autrichienne Sarah Puntigam, sera toujours là. Imperturbable en joueuse relayeuse. Dans les bons comme difficiles moments.

J’ai trouvé Banusic pleine de promesses. Une grande joueuse en taille à qui il ne manque pas grand chose pour être un marqueur de performance. Peu utilisée la saison dernière, elle est entrée comme remplaçante de Marie-Charlotte Léger à qui il est souvent reproché son instinct mais qui a fait les beaux jours du FC Fleury 91 depuis deux saisons. Deux joueuses qui jouent un football sur le fil, pouvant faire exploser un jeu adverse trop tactique.

Clarisse Le Bihan (24 ans) a joué cette rencontre amicale comme une sélection internationale. Très impliquée dans tous ces mouvements, elle m’a fait penser à Kadidiatou Diani quand elle jouait sous les couleurs de Juvisy et qu’elle se savait regardée par Philippe Bergerôo dans une période où sa place se jouait sur le banc des Bleues. Peut-être que Clarisse a eu des échos sur un changement d’état d’esprit de Corinne Diacre, jamais prise par la sélectionneuse, alors que sa place dans les 23 était contestée par la performance de Gaetane Thiney (33 ans). Il est vrai que regarder le Mondial quand on a marqué 13 buts lors de la dernière saison, cela n’aide pas à la sérénité.

J’ai été surpris par l’attitude de Valérie Gauvin. Entre un match joué et des regards qui avaient tout de celui d’un caprice non-obtenu. Une fille qui joue toujours à fond et qui là, ne manifestait rien. Un caprice qui pourrait être espagnol, avec une forte coloration CD Talon, peut-être ? Une grande tendance du moment. Ce qui est certain c’est qu’aucune équipe du Top 3 peut jouer le haut du tableau sans une joueuse physique qui tienne le ballon dans le camp adverse. Ce qui fait correctement Valérie Gauvin qui pour moi a réalisé un bon mondial dans ce style de jeu.

Frédéric Mendy, nouveau coach issu de la maison, a une équipe jeune en mains. Sa principale difficulté est d’arriver à récupérer le ballon quand il est en possession de l’adversaire. Elles s’opposent mais ne récupèrent sur une erreur adverse, moins sur une interception. Avant 24 ans, cette jeunesse est un défaut. A compter de 24 ans, les jeunes commencent à bouger les anciennes. C’est ainsi dans le football féminin, les filles viennent plus tard mais jouent plus longtemps.

Montpellier a besoin de ce style de jeu pétillant pour titiller l’Olympique Lyonnais qui se trouve avec trois clubs opposants pouvant les faire chuter, au bonheur souvent des autres. Avec le Paris Saint Germain, Montpellier et Bordeaux, un quart des rencontres de l’OL vont être discutées.

Pour moi, la D1F féminine sera contestée cette saison. L’Olympique Lyonnais va avoir un sacré challenge au niveau national. D’autant que les lyonnaises le disent. Ce n’a jamais été facile de gagner les treize titres passés, cela risque de l’être encore plus.

Peut-être la bonne saison pour Montpellier, Bordeaux et le PSG ?

Surtout si Montpellier se lance sur un état d’esprit pétaradant, très « vroum-vroum ! ».

WIlliam Commegrain Lesfeminines.fr