Jill Ellis (53 ans le 6 Septembre 2019), coach de l’équipe féminine des USA, double championne du monde (2014, 2018), ne renouvellera pas son contrat avec l’United States Soccer Federation qui se terminait dans les jours à venir. Ce dernier est cependant prorogé jusqu’à la fin des cinq matches promotionnels du Victory Tour, fin Septembre (Irlande et Portugal dans un premier temps selon le site footofeminin).

Un palmarès « au quotidien »aussi impressionnant que ses titres avec 127 matches joués, pour 102 victoires, 18 nuls et seulement 7 défaites. Dont deux pour la France (2017 et 2019).

US-Soccer-Jill Ellis.

Une décision prise visiblement sous l’angle familial. Cinq années à la tête de l’équipe numéro 1 mondial ont certainement puisé dans cet édifice, elle qui ne cache pas son affection pour ses parents, John Ellis (80 ans) et sa mère ……….. avec qui elle ne manque pas de parler chaque jour, et dont tous les participants à sa conférence de presse de vainqueur de la Coupe du Monde 2019 pourraient confirmer la réalité. Un appel coupant ses réponses au Groupama Stadium, trente minutes après le titre. Jill Ellis, glissant à l’assemblée hilare : « C’est juste ma mère ! ».

Mariée à Betsy, pour autant mère de Paul et grand-mère, Jill Ellis, anglaise de naissance qui a débarqué aux USA en 1981, en suivant son père, invité à prendre en charge l’Allendale Boys Club de Virginie, qui recevait tous les ex-joueurs et coaches irlandais venus distiller leur expérience à un soccer masculin en effervescence, rien n’a été facile pour elle qui est la coach féminine la plus titrée des mondiaux.

Le mondial, la tasse de thé de Jill Ellis.

Seconde au monde à réaliser un doublé mondial après l’italien Vittorio Pozzo (1934-1938), partie pour réaliser à 23 ans, le million de dollars actualisé de revenus potentiels avec ses diplômes technologiques issus du « College of William & Mary, avec une maîtrise en communication technique de l’État de Caroline du Nord » concernant les grands groupes, elle choisira le football et ces 8000 $ de revenus annuels par passion en prenant en charge, après des sauts d’universités en universités (Maryland, Virginie, Illinois), d’adjoints en entraîneur-chef, l’équipe féminine universitaire d’UCLA qu’elle amènera 8 fois en finale fours, sur 11 saisons.

Jill Ellis, adulée et respectée en dehors des USA, discutée à l’intérieur.

Son père le dit. « l’Amérique est tellement gagnante, orientée gagnante, que si vous ne gagnez pas, ils vous vireront et c’est le mode de vie qu’elle le comprend ».

L’élimination en 1/4 de finale des JO 2016 par la Suède aurait pu coûter très cher à Jill Ellis, elle qui avait pris la place de Tom Sermanni après un tournoi de l’Algarve 2014 où les USA avaient terminé, bien trop loin ! Des SheBelievesCup (tournoi avec les quatre premières nations mondiale) avec seulement 2 victoires (2016 et 2018) et une difficile quatrième place en 2017 ont épicé la chose.

Sports Illustrated avaient même fait écho en 2017 d’anciennes internationales qui avaient écrit au Président de la fédération Sunil Gulati, pour la désister ! Passant aux oubliettes une Coupe du Monde gagnée au Canada en 2015, quasiment à la maison rappelant la dernière, celle historique mais ancienne, qui remontait à 1999. Il faut dire que les JO semblait être la propriété américaine. Seule la Norvège leur avaient pris l’Or en 2000 à Sydney.

La victoire de l’Allemagne en 2016 coupait l’élan pris (1996, 2004, 2008, 2012). Une défaite qui avait confirmé le caractère d’Hope Solo, traitant les suédoises de « couards », managée par Pia Sundhage, la coach qui avait donné la victoire olympique aux USA en 2012 à Londres. L’ex-gardienne américaine et meilleure mondiale à son poste ne manquant pas, en France, de confirmer son avis aux auditeurs et spectateurs de la BBC, intervenant comme consultante : « Elle n’est pas la dirigeante que je souhaite qu’elle soit ». Il faut dire que Jill Ellis l’avait suspendue un mois et éjectée d’un camp d’entraînement pour conduite inappropriée.

Un management basée sur la capacité des américaines à lire les qualités des autres pour les contrer.

Le comportement, un point important pour cette américaine anglaise qui sait devenir anglaise-américaine sur certains points sensibles, sans se départir d’une application liée au résultat et à la victoire.

Jill Ellis attend de son équipe qu’elle soit capable de trouver les solutions. Apportant sa pierre à l’édifice en prenant des options dans les places attribuées. Ajuster sa formation à un 4-4-3 plus agressif ; elle a fait de Julie Ertz, défenseur central de son club, un milieu de terrain défensif. Convertie Crystal Dunn en latérale et a transformé Kelley O’Hara d’attaquante en défenseuse, en donnant une chance à de jeunes talents tels que Mal Pugh et Rose Lavelle (24 ans, soulier de Bronze en 2019 et meilleure jeune).

De plus et on l’a vu lors du Mondial, où ses adjoints interviennent beaucoup sur l’équipe avec l’ex-coach de Tyresö, finaliste de la Women’s Champions League, Tony Gustavsson, avec elle depuis 2014. « Elle compte beaucoup sur ses entraîneurs adjoints » reconnaît Hope Solo. Son père dit d’elle : « Elle a l’instinct de motiver et d’inspirer et c’est pourquoi elle est gagnante ». Elle a constitué une équipe intelligente. Par exemple, Diplômé de Stanford, Tierna Davidson avait l’intention de devenir astronaute, avant que le football n’emmène l’athlète de 20 ans sur une trajectoire différente.

Elle propose à cette équipe un projet supérieur au jeu « Quand j’étais nouvelle dans l’équipe, je me souviens de Jill disant qu’elle voulait amener le football de haut niveau aux États-Unis afin que nos fans, et l’Amérique en général, puissent voir les femmes jouer au football à un niveau aussi élevé. » dit Sam Mewis.

Megan Rapinoe (34 ans), meilleure joueuse du Mondial 2019 et Soulier d’Or 2019, n’a pas dit autre chose dans ses commentaires : « Il n’y a jamais eu un Mondial à un aussi haut niveau. Nous n’avons jamais joué à ce niveau ». L’ancienne internationale Abby Wambach (184 buts, record mondial) a décrit les américaines de 2019 comme la plus grande équipe de l’USWNT de l’histoire, tandis que le patron de l’Angleterre Phil Neville a déclaré que Ellis était la meilleure entraîneuse de la Coupe du monde.

Les faits le confirme. 102 victoires pour seulement 7 défaites et 18 nuls. 2 Coupes du Monde, 2 Concacafs (2014, 2018) et la transformation d’une équipe qui commençait à perdre (Algarve 2014) en une équipe victorieuse.

Ce qu’aime les Etats-Unis.

Transformer une équipe. Pour un coach, la meilleure des satisfactions. Là, en mettant l’intelligence au pouvoir du jeu.

En écrivant ceci, je pense à la faute intelligente et réfléchie provoquée par Alex Morgan face à Griedge M’Bock dès la 4′ du quart de finale au Parc des Princes. Je pense au coup franc de Megan Rapinoe coupé par Julie Ertz. Une action travaillée qui fera le but. Je pense au pénalty intelligent obtenu en finale par Alex Morgan et tiré intelligemment par Megan Rapinoe. Je pense à la défense de Becky Sauerbrunn (34 ans) en finale face aux Pays-Bas.

Je pense aussi à l’absence de Megan Rapinoe en demi-finale contre l’Angleterre. J’y vois l’état d’esprit anglais des choses qui doivent se faire dans la forme.

Je retiendrais de Jill Ellis qui ne sera pas la future Générale Manager de l’USWNT mais tiendra un rôle d’ambassadrice pendant une année dans un premier temps, sa volonté de voir les USA produire un jeu intelligent pour gagner.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Sources twitter : Equalizer, Jeff Kasouf, news-24. Après réflexion, je pense que les compliments faits à Corinne Diacre étaient réels.