Après un début d’Eté mitigé des Bleues au Mondial 2019, les Bleuettes U19 réussissent leur Euro en allant chercher une place de finale méritée qui s’est décidée en prolongations (3-1).

Les espagnoles maitrisent le jeu de possession

Les espagnoles, double tenante des deux derniers titres, ont joué un jeu de possession qui les a placé en bonne condition psychologique mais sans avoir dans le temps de jeu réglementaire pu mettre en difficulté Justine Lerond, la jeune gardienne française, titulaire la saison dernière dans les cages de D1F du FC Metz. Il y a bien eu un tir de Navarro (33′) obligeant la portière française à se coucher et un contre en fin de rencontre (100′) sorti du bout du pied par une l’excellente montpelliéraine Maelle Lakar, capitaine d’un soir et certainement d’autres brassards.

La France récupère de bons ballons dès le premier rideau.

La France, avec moins de ballons, allait chercher les espagnoles dès le premier rideau pour utiliser sa vitesse de contre et mettre à défaut une défense de la Roja qui n’avait pas encore pris un but, phase de qualification comprise, au stade des demies de ce tournoi organisé en Ecosse.

Une stratégie payante dès la 8′ avec Julie Dufour qui part excentrée pour finir par un tir puissant que Catalina Coll, stoppé pleine mains. Une gardienne qui n’a pas le physique de sa prestation mais très forte et sécurisante sur toutes les balles aériennes. Avec une telle assurance, on comprenait mieux les cleansheet espagnoles malgré l’Allemagne et l’Angleterre dans ce tournoi.

Les Bleuettes, concentrées en défense, vives en attaque.

Du côté des françaises, Gilles Eyquem était inquiet du dernier match défensif réalisé par son équipe. Une défense qui s’est appuyée sur sa solidarité pour combler les avantages pris par les attaquantes espagnoles, servies par un peu vif et rapide travaillé dans des toros d’entraînements depuis leurs plus jeunes âges. Un choix de jeu des coaches de la fédération pour toutes les tranches d’âge mais qui a manqué là, du dernier geste qui déstabilise une défense des Bleues aux aguets. Notamment, avec la sécurité Maëlle Lakrar, titulaire à Montpellier (3e du championnat de D1F) et déjà à sa troisième saison en D1F à 19 ans après être passée par l’Olympique de Marseille.

La défense espagnole confirme sa qualité d’anticipation

Si le jeu est en faveur de la Roja avec une excellente Rosa Márquez au milieu, la vitesse de la parisienne Sandy Baltimore sur le côté gauche a posé des problèmes à sa défenseuse. La jeune joueuse, petite par la taille, possède des dribbles chaloupés qui donnent le tournis. Avantage que les Bleuettes n’ont pu exploiter, avec trop peu de joueuses dans le même mouvement pour s’imposer face à une défense qui revenait très rapidement.

Un match qui a tous les ingrédients d’un derby. Staff et joueuses veulent l’emporter.

Les deux équipes se craignaient et se respectaient. Chacune bien concentrée à ne pas craquer et espérant un geste offensif pour prendre l’avantage qui ne venait pas. Le jeu allant, sans pause, d’un camp à l’autre. Aucune des joueuses ne voulant lâcher son objectif. Aller en finale et battre encore une fois les françaises, ex-dominatrices, pour les espagnoles. Reprendre leur bien à ces espagnoles trop récentes pour les Bleues et son staff.

Plus que d’un match, il y avait les ingrédients d’un derby pour une domination internationale. Quatre titres pour la France, trois pour les espagnoles. Une finale perdue par la France en 2017 en toute fin de rencontre alors qu’elle menait et qui a permis à la Roja de commencer une série de titres gagnantes (2017 et 2018).

Pourtant, il faudra bien un vainqueur. Chaque coach joue ses cartes et Gilles Eyquem met le poing sur la table. Cinq attaquantes sur le terrain avec Melvine Malard (OL), Vicki Becho (PSG) et Lorena Azzaro (OL) entrent dans le jeu et complètent Julie Dufour et Sandy Baltimore, descendue latérale gauche après la sortie sur blessure de Selma Bacha.

Gilles Eyquem met le poing sur la table. Cinq joueuses offensives sur le terrain. L’Espagne cédera.

Il faut pouvoir lutter contre une telle qualité offensive. La défense espagnole ne pourra pas. Déjà les premiers signes s’annoncent à la toute fin de la rencontre quand Vicki Becho, au jeu habituel de finir les actions au second poteau (89′) ratait l’immanquable les cages ouvertes alors qu’elle-même avait servi Julie Dufour (88′) juste avant. Melvine Malard laissant passer entre ses jambes la balle, surprenant la défense et offrant à sa coéquipière les buts vides.

C’est l’intelligence de Melvine Malard qui fera la différence. D’abord buteuse sur un centre de Julie Dufour qu’elle reprendra de la tête pour la déposer intelligemment croisé (1-0, 104′) et libérer les Bleuettes juste avant la mi-temps de la première prolongation marquant son quatrième but de la compétition. Seule à ce niveau pour l’instant. Ce sera ensuite un dribble arrêtée ou en course qui finit toujours par un centre ras de terre que Becho, au deuxième poteau, validera (114′, 3-0). Un doublé pour la joueuse la plus jeune du tournoi après une très belle initiative individuelle. Une balle récupérée à la surface par Lorena Azzaro, à l’image de cette volonté affichée des Bleuettes depuis la première minute, que Becho validera en puissance, assurance et détermination (110′, 2-0).

Les Bleuettes mettent KO les espagnoles en 10′.

En dix minutes, l’Espagne aura pris trois buts. Cela s’appelle craquer.

Une défaillance qui s’explique par la débauche d’énergie pendant toute la partie que demande ce jeu de passes. Une qualité qui devient un défaut quand en face vous avez une défense solide et une attaque de feu. Les deux caractéristiques des Bleues sur cette rencontre.

Les espagnoles réduiront le score à la 120′ par Del Castillo mais auront de très belles occasions de but. Une révolte de Teresa Abelleira (112′) cadrée que Maëlle Lakrar sortira de la tête et un superbe arrêt réflexe de Justine Lerond sur une tête canon de Carla Bautista (113′) sur corner.

Les Bleuettes menaient (2-0 à la 11′). En deux coups, elles auraient pu être rejointes pour faire (2-2 à la 113′). A la 114′, elles mettaient (3-0). Vous avez dit KO ?

Les Jeunes U19 sont comme cela. Pour passer, il faut être la plus forte. Techniquement, tactiquement, physiquement, psychologiquement. On a qu’une envie. C’est qu’elles ne perdent pas cette envie collective en grandissant.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Fiche technique. Source footofeminin.fr

Championnat d’Europe U19 de l’UEFA – Demi-finale
Jeudi 25 juillet 2019 – 19h30 locales (20h30 françaises)
FRANCE – ESPAGNE : 3-1 a.p. (0-0, 0-0)
Paisley (Saint-Mirren Park « Simple Digital Arena »)
Temps chaud (28°C) – Terrain excellent
Spectateurs : 400 environ
Arbitres : Ewa Augustyn (Pologne) assistée de Line-Maria Rasmussen (Danemark) et Karolin Kaivoja (Estonie). 4e arbitre : Zuzana Valentová (Slovaquie)

Buts :
1-0 Melvine MALARD 104′ (Côté droit, Azzaro délivre un centre pour la reprise décroisée de Malard qui smasge le ballon sur la droite de la gardienne)
2-0 Vicki BECHO 110′ (Becho récupère un ballon à l’extérieur de la surface en duel avec Itziar Pinillos et Abelleira, puis sert dans l’axe Becho qui se retrouve plein axe, feinte avant de placer du point de penalty une frappe du droit à ras de terre)
3-0 Vicki BECHO 114′ (Servie par Dufour, Malard sur le côté gauche déborde et place un centre tendu à ras de terre qui est repris par Becho seule dans l’axe à 3 m qui n’a plus qu’à conclure en ouvrant son pied droit)
3-1 Athenea DEL CASTILLO 120′ (Servie par Bautista sur la gauche, Del Castillo essaye un centre à ras de terre contrée par Revelli mais le ballon lui revient, elle s’avance à 6 m excentrée et place une frappe puissante du gauche qui va se loger dans la lucarne opposée)

Avertissements : Emeline Saint-Georges 50′, Maëlle Lakrar 106′ pour la France ; Oihane Hernández 80′, Eva Navarro 90′ pour l’Espagne

France : 1-Justine Lerond ; 13-Manon Revelli, 4-Emeline Saint-Georges, 5-Maëlle Lakrar (cap.), 3-Selma Bacha (19-Lorena Azzaro 68′) ; 8-Oriane Jean-François (10-Margaux Le Mouël 101′), 14- Chloé Philippe, 17-Julie Dufour ; 7-Kessya Bussy (20-Vicki Becho 62′), 18-Naomie Feller (9-Melvine Malard 62′), 11-Sandy Baltimore (2-Lisa Martinez 119′). Entr.: Gilles Eyquem
Non utilisées : 16-Mary Innebeer, 6-Carla Polito, 12-Assimina Maoulida, 15-Thelma Eninger

Espagne : 13-Catalina Coll ; 2-Oihane Hernández (19-Carla Bautista 109′), 3 Berta Pujadas, 4-Laia Aleixandri, 5-Laia Codina ; 17-Rosa Márquez (cap.) (12-Itziar Pinillos 109′), 6-Ana Torrodá (20-Athenea del Castillo 98′), 14-Silvia Rubio (16-Teresa Abelleira 90′) ; 18-Eva Maria Navarro, 9-Claudia Pina, 8-Olga Carmona (10-Nerea Eizaguirre 86′). Entr.: Pedro Lopez
Non utilisées : 1-Enith Salon, 7-Rosa Otermin, 15-Maria Méndez