La jeunesse des Pays-Bas balaient tout sur leur passage. Avec seulement une trentenaire dans son onze de départ face aux USA, elles ont joué une finale mondiale à une moyenne d’âge de 26 ans ! Très loin des statistiques habituelles en football féminin.

Le onze face aux USA, le 7 Juiller 2019, en finale mondiale : Van Veenendaal (29) – Van Luteren (26), Dekker (32), Van der Gragt (24), Bloodworth (24) – Groenen (24), Spitse (29), Van de Donk (27) – Beerensteyn (22), Miedema (22), Martens (22).

Sont entrées : Van de Sanden (26 ans) et Jill Roord (22 ans). Dans les 23, se trouve une gardienne de 21 ans. Lise Kop.

Imaginez que ces joueuses avaient deux ans de moins en 2017 lorsqu’elles ont remporté, à la surprise générale, l’Euro 2017 qui était organisé chez Elles. Alors classées 12e FIFA, à la 8e place avant le Mondial. Elles devraient être plus près de la tête après le Mondial.

Anouk Dekker, très abattue en zone mixte, après cette finale mondiale qui s’échappait et qu’elle ne reverrait pas, cumulait « émotions et réalités ». Dans ces premiers mots, il y avait eu le message « Nous sommes une équipe jeune et un grand avenir s’ouvre à nous ». Alex Morgan disait, quelques minutes après, sa propre opinion « c’est une équipe que l’on reverra au très haut niveau pendant quelques bonnes années ».

Les Pays-Bas, jeunes avec les risques qui vont avec ! Habituées des Play-Off.

Les Pays-Bas c’est l’anti-thèse de l’expérience. Avec ses risques ! N’oubliez pas que les néerlandaises ont gagné leur ticket au Mondial 2019 sur un play-off européen opposant Suisse, Danemark, Belgique et Pays-Bas. N’oublions pas qu’elles ont perdu l’accès aux JO de Rio en 2016 sur un play-off qui les opposait à la Suède, Norvège et Suisse.

Des Play-offs européens qui doivent avoir RDV avec l’Histoire. La Suède avait gagné son ticket Olympique en les remportant et était revenue avec l’Argent de Rio (2016). Les Pays-Bas sont venus en France en suivant le même chemin, elles repartent avec l’Argent du Mondial !

Les Play-offs européens, le rattrapage qui mènent aux honneurs.

Les Pays-Bas et leur avenir ? 

Qualifiée directement pour les JO de Tokyo de 2020, elles vivront les premiers Olympiques de leur histoire. On verra si la qualification directe, voie traditionnelle, sera de la même augure que celle plus mouvementée des Play-Offs. Peut-être le début de l’expérience ? Déjà les trois derniers matches des néerlandaises (Italie, Suède et USA) ont été des rencontres très tactiques qui s’éloignaient de la « belle folie de l’Euro » avec une finale incroyable contre le Danemark.

En 2021, pour l’Euro en Angleterre certaines basculeront dans la trentaine mais elles seront peu nombreuses. En 2023, si elles se qualifient pour le Mondial à venir, là elles seront dans la maturité du football.

Des joueuses sollicitées par de nombreux clubs étrangers qui ne challengent pas spécialement le pouvoir européen de l’OL (Norvège, Allemagne, Suède, Angleterre, Espagne, cinq jouent aux Pays-Bas), elles maintiennent une émulation et un niveau propice à l’efficacité dès qu’elles sont sous le maillot national.

Peut-être feront-elles comme les hommes, avec un doublé de finaliste Mondial (74 et 78) qui reste une référence dans le monde du football. Cinquante ans après.

Pourtant leur championnat est quasiment inexistant au niveau européen. L’Ajax comme Twente dépassent rarement les 1/8e de finale de la WCL et le football féminin subit la concurrence du Hockey sur gazon avec huit titres mondiaux sur quatorze pour les Oranje dont les deux derniers auxquels il faut ajouter 4 titres Olympiques (source Equipe).

En fait on a le sentiment que les Pays-bas ont eu la chance d’avoir une génération dorée (Championne d’Europe 2014 en U19), et leur récente Histoire ont montré qu’elles ont su l’exploiter dans un football qui cherchait une identité après les déconvenues des hommes : pas de qualification à l’Euro 2016 comme au Mondial 2018. Une trajectoire assez proche de celle qu’avait connue l’Equipe de France féminine en 2011.

Peut-être qu’elles n’étaient pas d’accord avec l’identité que prenait le football néerlandais ? Elles ont affirmé le contraire comme peuvent le faire des jeunes et la chance leur a souri d’avoir pris ce risque en donnant cette trajectoire unique. En deux ans, championne d’Europe 2017 et finaliste Mondial 2019 après un play-off pour y accéder.

Chaque trajectoire est unique mais dans un milieu où on regarde souvent ce qui s’est passé avant pour argumenter le présent, c’est un nouvel exemple à retenir.

Si elles touchent encore le bonheur des finales (JO, Euro, Mondial), alors il y aura un exemple à suivre : comment ont-elles réussi à s’adapter à l’évolution de leurs talents ? Ou plus simplement, comment ont-elles fait pour maintenir leurs talents ?

William Commegrain Lesfeminines.fr