Si le titre 2019 semblait quasiment acquis aux américaines après la demi-finale insipide Pays-Bas – Suède de Mercredi dernier, le match des suédoises face à l’Angleterre pour le bronze mondial (2-1) a eu la qualité première de remettre les choses en place. Un match de football n’a pas de passé, il n’a qu’un présent, celui du moment. Encore plus quand il s’agit d’un titre Mondial.

Certes les USA ont un tel potentiel qu’il parait difficile d’équilibrer les faits avec les néerlandaises dès lors qu’on expose les qualités de chacune. Rien que le palmarès fait la différence, trois titres américains, une position de numéro 1 depuis la création du classement mondial d’un côté, et de l’autre une place habituelle de 12e Fifa et là, une génération exceptionnelle qui l’a amené à la 8e place, et un titre de championne d’Europe 2017 quand les américaines en compte sept et quatre médailles d’Or olympique.

Pour autant les deux équipes pourraient quasiment se découvrir cousines.

Les deux coaches sont des femmes. Jill Ellis pour les USA, Sarina Wiegman pour les Pays-Bas. Un point qui a sa part de conséquences. La seconde finale internationale d’ailleurs où on peut le constater après les JO de Rio en 2016 et l’opposition entre Sylvia Neid (Allemagne) et Pia Sundhage (Suède). Le football féminin sera-t-il mieux compris ? Mieux joué ? Pas nécessairement mais les décisions prises ne seront pas les mêmes. L’intuition qui est un acteur du match n’est pas la même entre des hommes et des femmes face à une même situation factuelle.

Les deux coaches ont été meilleures coaches FIFA. Jill Ellis l’a été avec le titre de Championne du Monde en 2015, pour arriver seconde en 2016 derrière Sylvia Neid. Sarina Wiegman a été élue en 2017 avec le titre de championne d’Europe des Pays-Bas, pour arriver seconde en 2018, derrière Reynald Pedros.

Elles sont de la même génération. 49 ans pour Sarina cadette de 3 ans de Jill. Des références culturelles du football proches, avec un football féminin qui a eu du mal à exister et à être reconnu. Elles viennent, en quelque sorte, du même quartier, de la même banlieue dont elles ont identifié les codes et su naviguer dans ce sport masculin pour Sarina, américain seulement pour le football féminin pour Jill.

Les stars sont des joueuses offensives. Elles pourraient être défensives à l’image d’une Wendie Renard, défenseuse centrale ou d’une Amandine Henry, milieu défensif pour les Bleues.

Les stars des deux équipes dans cette finale sont offensives. Du côté néerlandais, Vivianne Miedema (Arsenal), si elle crucifie les USA, sera sans contexte le Ballon d’Or du Tournoi. Indispensable depuis l’Euro 2017, elle s’est épanouie à un poste de numéro 9 où s’exprime toutes ses qualités d’anticipation. Toujours bien placée, à l’endroit où il faut, elle est celle que ses partenaires cherchent et trouvent.

A 22 ans, elle a déjà marqué 61 buts pour sa sélection. Un Mondial où elle a eu quelques trous d’air tout en sachant porter son équipe, 3 buts dont un décisif contre l’Italie.

On trouve aussi Lieke Martens (Barcelone), meilleure joueuse FIFA 2017 et Shanice Van de Sanden (Ol). Deux joueuses qui peuvent faire la différence ou à l’inverse tomber dans l’indifférence.

Du côté des américaines, Megan Rapinoe et Alex Morgan, super stars mondiales sont à la pointe de l’attaque. La première, incroyable de détermination, est sortie du commun dès les matches à élimination directe. Le parfum de la compétition lui a fait marquer quatre buts en deux rencontres pour porter son total à cinq unités. Alex Morgan, éblouissante dans le premier match a fêté son anniversaire de la meilleure des manières. Avec un but et une cup of Tea tout juste sublime de subtilité. Tobin Heath, aurait pu jouer dans Pirate des Caraïbes, tellement elle aime le jeu de jambe et de dribbles.

Les deux équipes ont des pointures offensives. les américaines, plus efficaces. Les hollandaises, plus fines.

Les deux équipes ont un milieu qui donnera la victoire ou la défaite. Avec une telle attaque, il doit y avoir un milieu physique, tactique et surprenant. Les USA présentent deux joueuses physiques, Julie Ertz et Lindsey Horan et une libellule de 22 ans, Rose Lavelle. Toujours là, près du ballon. Volant d’un coin à l’autre du terrain.

Les néerlandaises ont le même profil de jeu. Jackie Groenen qui a du recevoir un troisième poumon sans qu’on le sache. Infatiguable, relayeuse, positive. Elle est l’indicateur offensif des Oranje. Spitse, au contraire, est l’indicateur défensif des néerlandaises. Si vous la voyez, c’est que les Pays-Bas subissent. Si vous ne la voyez pas, c’est que les Pays-Bas ont la main sur le ballon.

Dans un rôle de dix, on trouve Danielle Van de Donk (27 ans, 95 sélections). Elle serait plus une Gaetane Thiney dans le jeu. Passeuse, à chercher à déstabiliser les défenses adverses.

Un défense solide. Dans cette finale, les deux équipes savent que leur défense sera mise à contribution. Une erreur et c’est la fin du Monde. Avec de telles attaquantes des deux côtés, il faudra être au niveau. Les Pays-Bas ont été plus testées que les américaines. Le Japon, l’Italie a montré des qualités qui ont mis en difficulté le système défensif ces championnes d’EUrope. Le dernier match contre la Suède a montré qu’elles pouvaient faire une rencontre « 0 défaut ».

Les USA ont une défense supposée imperméable mais qui a eu le défaut de prendre à chaque fois des buts. C’est là que pourrait se situer le talon d’achille des américaines lorsqu’elles ne sont qua quatre derrière. A l’inverse, à cinq, elles sont infranchissables.

Cette finale va se jouer avec beaucoup de points communs. Notamment un. Il est hors de question, pour les deux équipes, de quitter le Groupama Stadium sans le titre !

Qui va avoir raison ?

William Commegrain Lesfeminines.fr