Les féminines ont ceci de particulier qu’elles ont inscrit dans leur ADN : l’erreur des autres, la leur, n’est pas un problème. Elle fait partie du jeu. Quelle que soit sa conséquence. Elles repartent de la même manière à l’assaut, sans doute à l’esprit. Elles ont tellement grandi avec elle, qu’elles savent la maitriser en imposant deux mots clés : SOLIDARITE et ABNEGATION. Dans ce mondial, il a peut-être trop manqué une 3e clé : l’EXPLOIT. 

Vous pourrez regarder les 52 matches de la compétition et d’autres d’ailleurs. Jamais vous ne verrez une réaction négative à l’erreur d’une joueuse. Même si cette erreur coûte un but.

Lors de la demi-finale mondiale entre les Pays-bas et la Suède, 98′ ont été déjà jouées. Les prolongations sont commencées depuis 9′, un peu plus de la moitié de cette première mi-temps lourde d’enjeu est commencée. Linda Sembrant bloque Vivianne Miedema, elle coupe la passe qui lui était adressée, sans être dangereuse. Le ballon est dévié dans les pieds de Jackie Groenen, milieu relayeuse de Manchester City. 24 ans, qui a du faire au mieux un tir dans ce Mondial. 99′ de jeu dans les jambes et cinq matches comme titulaire auparavant. Elle tire des 16 mètres quand tous les buts ont été mis de la surface dans ces matches à élimination directe. Et cela fait but. Un but qui élimine la Suède et 120′ minutes d’efforts collectifs pour une finale mondiale.

La suédoise se prendra la tête à deux mains un court instant. Personne ne lui dira rien. Pourtant, ce geste, il a un poids certain.

La même Jackie Groenen, au cours de la même rencontre, envoie directement sa passe en touche. Sa joueuse de couloir partie dans un sens, quand la joueuse passeuse pensait à un retour en défense. Une faute grossière qui aurait soulevé tous les twittos du milieu masculin.

Une erreur qui ne peut pas se faire en 1/2 finale d’un Mondial. Mettre une balle directement en touche ?! Elle s’est faite devant une petite dizaine de millions de spectateurs. Personne ne lui dira rien.

L’erreur fait partie du jeu chez les filles.

Les féminines ont cela dans le sang. L’erreur des autres, sa propre erreur, font partie du jeu. Elles ne sont pas sanctions. D’instinct, elles repartent à l’action.

Dans cet exemple comme dans d’autres, les deux joueuses repartiront « comme si de rien n’était ». Pourtant c’est lourd. En résultat pour la sympathique Linda Sembrant. En image pour la future buteuse Jackie Groenen.

Les coéquipières de la même manière. Aucune de s’écroulera psychologiquement. Elles ont tellement appris dans la difficulté, dans l’imperfection qu’elles se sont créées un anticorps qui est devenu une force. SOLIDARITE et ABNEGATION.

Ce sont deux mots forts du football féminin. Ne vient pas au football féminin pour voir un match sans ces deux clés qui t’ouvrent leur façon d’exister en compétition. D’ailleurs, s’il y a la moindre fissure dans ces deux mots, les équipes perdent une force incroyable.

L’exploit passe après, il est nécessaire mais il se jouera dans un 3e temps. Si les trois sont réunis, alors on trouvera l’Equipe Championne du Monde : SOLIDARITE + ABNEGATION + EXPLOIT.

Les deux premiers sont devenus essentiels. L’homogénéisation des niveaux oblige à cela. Tous les adversaires ayant des attaquantes pour faire la différence mais la troisième partie a été trop oubliée par certaines équipes nationales dans ce Mondial.

L’exploit. Un mot quasiment devenu « tabou » dans ce football féminin alors qu’il en était la première ressource dans un passé récent.

D’ailleurs, les américaines avec leur jeu à cinq derrière, ont changé de philosophie et pratiquent la même formule, donnant 3 victoires serrées au score mais normales en contenu. (2-1) contre l’Espagne en 1/8e, (2-1) contre la France en 1/4, (2-1) contre l’Angleterre en 1/2.

Si toutes les équipes savent avoir de la SOLIDARITE et de l’ABNEGATION, qui saura avoir le sens de l’EXPLOIT et le risque qui va avec ?

William Commegrain Lesfeminines.fr