Une demi-finale mondiale, annoncée comme pétillante et qui ne restera pas dans les annales. Un Champagne transformé en Champomy.  Les deux équipes, préoccupées d’abord à ne pas prendre du buts, n’avaient plus la force de réaliser des attaques qui font mal la défense adverse. Six matches sont passées par là. L’enjeu d’une finale mondiale est dans toutes les têtes où on peut deviner, « ne pas prendre de buts, c’est ne pas perdre ». Les rares fois où les gardiennes ont été sollicitées et ont produit des « saves » significatifs, seront sur des corners. La transversale pour la tête de Vivianne Miedema et le tir sur le poteau de Fischer pour la Suède.

Le match ne sera que duels individuels. Chacune se motivant pour ne pas le perdre, peu l’ayant perdu. Le jeu du football demandant au minimum quatre passes pour arriver dans la surface adverse, aucune équipe n’y est assez bien arrivée pour en faire une occasion. A l’exemple de ce combat entre Sofia Jakobsson et Van Dongen (Photo Eric Baledent)

Coupe du Monde – Equipe des Pays-Bas féminine vs Equipe de Suède féminine – 03/07/2019 Demi-finale – (c) 2019 Baledent

Une demi-finale qui a eu donc toutes les caractéristiques d’un match fermé.

Se jouant bien plus avant le match dans la motivation individuelle et collective du groupe à ne pas « craquer » et dont les 120′ de jeu ont été l’expression de cette volonté. Effectivement aucune n’a réellement craqué. Sauf qu’il fallait un perdant et ce sera la Suède. Sauf qu’il fallait un gagnant et ce sera Les Pays-Bas.

La stratégie que nous pourrions retenir de la rencontre peut être le suivant. A ne pas vouloir perdre, à être certain que l’une va passer grâce à la règle du jeu qui impose un gagnant, on a autant de déception quand on perd, mais moins de regrets, faute d’occasions à se reprocher.

La Suède ne va pas avoir de regrets.

C’est dommage car autant, les Pays-bas ont montré de la fatigue en 1/4 déjà, autant les suédoises avaient la capacité de jouer autrement.

La Suède ne sera présente offensivement que sur corners (12).

Une équipe offensive qui a d’abord défendu et très bien défendu. Jamais vu d’ailleurs un match féminin avec autant de tacles puissants et soignés. Seger met un gauche qui devient un mur sur une tentative de Miedema après un dribble dans la surface (8′). Van den Gragt, pour les Pays-bas, va chercher un tacle le long de la ligne de touche, avec un mètre de retard. Propre, physique et Stina Blackstenius fait son premier soleil (10′). Personne ne veut commettre d’erreurs et peu en commettront.

Un éclair de jeu pointe à la 15′ Sofia Jakobsson, plein champ, prend de la vitesse. Part balle au pied plein centre, traverse le terrain, créant le doute et l’inconnu qui sied aux grand moments des attaquantes. Elle sert Blackstenius décalé à droite, enclenchant son tir dans la surface. Un pétard mouillé pour Van Veenendaal (15′), la capitaine néerlandaise.

Un geste qui sera le mauvais indicateur suédois. Si les attaquantes des Jaunes et Bleues n’arrivent pas à allumer le match, on va vite tomber dans les matches tactiques défensifs. Exactement ce que la première mi-temps proposera. La parisienne Glas sert Blackstenius mais Bloodworth intervient (24′). A la 35′ Sofia Jakobsson a centré en prenant le meilleur sur Van Dongen, mais personne à la réception dans la surface. Replacée déjà pour empêcher le contre néerlandais. Hurtis, faible offensivement, s’essaie sans danger (38′). Et sur les corner nombreux (12), rien de bien exaltant à se mettre sous la dent si ce n’est que le principe faisant qu’un corner met votre équipe dans la surface adverse, tout cela augmente le danger.

Une première mi-temps, à donner à la Suède, qui a dû donner aux USA un immense sourire. Quand une force offensive disparait, la qualité défensive a du mal à pouvoir faire peur à un adversaire. Surtout les américaines.

Les Pays-Bas prêtes au même scénario que face à l’Italie. Faire la différence en fin de rencontre. Sans capacité de le faire.

Spitse, collée aux basques de Kosovare Asllani, ne produit rien comme animatrice du jeu néerlandais. Les Pays-bas, sans souffle n’arrive pas à passer la défense suédoise. Lieke Martens, avec un orteil en moins, se transforme en joueuse anonyme de couloir. Heureusement que sa carte de visite mentionne son titre de meilleure joueuse FIFA 2017, sinon la sécurité aurait pu la retirer du terrain. Jackie Groenen nous fait des passes qui trouvent la touche.

Seule Vivianne Miedema (22 ans) jouera son match. Descendue d’un cran pour aider au jeu, elle mettra à l’ouvrage Lindahl par deux fois. Un tir cadré que la gardienne suédoise sortira superbement, main opposée et une tête sur corner, qu’elle repoussera du bout des doigts sur la transversale (63′).

Coupe du Monde – Equipe des Pays-Bas féminine vs Equipe de Suède féminine – 03/07/2019 Demi-finale – (c) 2019 Baledent

La seconde mi-temps, aux points, sera donnée aux Pays-Bas. Avec une petite différence lorsqu’on prendra en compte le tir cadré de Nilla Fischer, dans un cafouillage de corner, que Van Veenandaal effleurera pour qu’il finisse poteau extérieur (54′) mais avec réalité après le tir canon de Shanice Van de Sanden dans les arrêts de jeu (92′).

Le jeu léché des Pays-bas, estampillé trois étoiles, s’est terminé en repas de cantine. Un menu clair et net, nécessaire mais qui a du mal à vous faire revenir, à moins d’y être obligé par le travail. Les championnes d’Europe en titre avaient joué la même rencontre en 1/4 de finale contre l’Italie. Un match où elles n’avaient rien montré et qui s’est terminé par deux buts, à la 70′ et 80′ en leur faveur. On peut se demander si elles ne sont pas à bout de souffle ?

La prolongation donne le ticket final aux Pays-bas.

Il faudra la prolongation pour que Jackie Groenen emmène les Pays-bas pour leur première finale féminine (99′, 1-0). Un tir en dehors de la surface, ras de terre en coin, assez fort pour que Lindahl ne puisse pas l’arrêter. Les Pays-bas explosent, la Suède, après 100′ de jeu, mesure la difficulté de revenir.

Les suédoises ne pourront pas déborder les néerlandaises surmotivées. S’il reste la force mentale, le carburant physique est dans le rouge. Il ne reste plus rien à Lyon. Caroline Seger est encore présente. Joueuse d’expérience (34 ans), elle connait le prix réel de ce qui s’échappe mais, sans mettre à mal la capitaine suédoise, le fait de la nommer n’est pas le meilleur indicateur offensif pour penser à une égalisation.

Les Pays-bas sont en finale. Une première. Un retour pour cette nation historique du beau football. Un exploit pour une équipe qui n’existait pas à ce niveau avant 2017 et son Euro.

Sept matches dans un tournoi, c’est beaucoup pour des filles. 2015 a été la première fois. 2019 risque de faire mal, avec une prolongation dans les jambes et un jour de moins de récupération. Si c’est le cas, alors souvenons-nous du (5-2) américain face au Japon. (4-0) en 16′.

Les américaines ont du bien dormir cette nuit.

William Commegrain Lesféminines.fr

Mondial 2019 – 1/2 finale PAYS-BAS (1-0) SUEDE. Stade de Lyon. Lyon. 3 Juillet 2019. Arbitre : Beaudoin Marie-Soleil. Assistantes : Brown Princess, YEE Stéphanie-Dale. VAR : IRRATI Massimiliano. VAR HJ : BOUDREAU Chantal. Carton(s) jaune (s) : Spitse. Zigiotti. Van de Dong.

  • But Jackie Groenen (99′).

Pays-bas : Van Veenendaal (cap) – Van Lunteren, Van Der Gragt, Bloodworth, Van Dongen – Groenen, Van de Donk, Spitse – Beerensteyn (71′, Van de Sanden), Miedema, Martens (46′ Roord). Coach : Sarina Wiegman.

Suède : Lindahl – Glas, Fischer, Sembrant, Eriksson (111′, Andersson) – Rubensson (79′ Zigiotti), Asllani, Seger (cap) – Jakobsson, Balckstenius (111′ Larsson), Hurtig (79′, Janogy). Coach : Peter Herhardsson.