Incroyables les efforts que peuvent fournir les américaines pour arriver à leur objectif. Si on doit les qualifier dans ce tournoi, les mots qui me viennent sont « abnégation », « solidarité », « efficacité » et « phase tactique » quand auparavant, on rappelait la « la force » américaine, la « différence » avec les autres, et leur position de numéro 1.

Elles viennent jouer la finale à Lyon en le méritant. Les anglaises ayant très rarement pu s’imposer dans le camp américain. L’Espagne avait eu cette difficulté (2-1), la France un peu moins (2-1) en 2e mi-temps et maintenant l’Angleterre (2-1) pour une demi-finale qui qualifie les USA pour la finale, un quatrième titre si réussite ou une cinquième finale si échec. Pour huit éditions.

Une équipe américaine qui marque, attendant ensuite en demandant à ses attaquantes de bondir à la moindre erreur adverse. D’abord faire déjouer l’adversaire en coupant ses transmissions et ensuite récupérer le maximum de ballons par un jeu en bloc, en un minimum de temps. Une formule que les lyonnais connaissent bien dans le Rhône.

Sauf que là, c’est face aux meilleures joueuses mondiales.

Si Ellen White avait pu être plus souvent servie, les anglaises avaient leur chance pour la finale.

Il y aura deux regrets du côté des troupes de Phil Neville. Que serait-il advenu si elle avaient pu aller plus souvent dans cette surface américaine ?

Quand on voit l’efficacité de leur avant-centre, Ellen White, buteuse par deux fois et un pénalty obtenu pour quatre occasions dont un but refusé pour un hors jeu VAR, d’une dizaine de centimètres seulement. Plus souvent servi, on peut penser que l’égalité aurait été au bout.

Coupe du Monde – Equipe d’Angleterre féminine vs Equipe des Etats Unis féminine – 02/07/2019 Demi-finale – (c) 2019 Baledent

Un pénalty doit être tiré par une attaquante.

Le second regret est dans ce pénalty pour une faute sur White qui aurait certainement donné but et que Stef Houghton, la capitaine anglaise de Manchester City, s’est contentée de trop cadrer, oubliant la force et même la feinte.

La TV montrant à quel point Alyssa Naeher avait pu lire le geste de la défenseuse centrale anglaise. A se demander pour quelle raison, Ellen White, au rôle d’avant-centre prépondérant pour ses couleurs (6 buts et co-meilleure buteuse du mondial) n’ait pas eu à le tirer ! Un dépassement de fonction réussi contre le Cameroun pour la défenseur centrale avec un coup franc dans les 5m50 transformé en but. Là, un pénalty essentiel raté pour l’égalisation et la prolongation vers une finale. Quelque chose qui fait encore plus mal quand cela se passe à la 84′ et un ticket mondial.

Les anglais d’Angleterre ont du bondir de leur canapé. Une finale de Coupe du Monde qu’ils n’ont plus jamais atteint depuis 1966 et celle qu’ils organisaient. Une position partagée par Eniola Aluko, ex-internationale anglaise dans un tweet fait pendant la rencontre.

Les USA marque en début de rencontre.

La statistique dit que les USA ont toujours marqué dans les 15′ premières minutes de tournoi. Là, la situation ne changera pas puisque sur un centre millimétrée de l’excellente O’Hara qui voit bien au deuxième poteau Christen Press, titulaire à la place de Megan Rapinoe, esseulée. Incroyable d’ailleurs la capacité des USA de pouvoir donner tant de centres parfaits.

La joueuse de Utah, met sa tête derrière Lucy Bronze et ouvre son compteur dans ce mondial (0-1, 10′). Cela aurait pu être un hold-up. Que nenni, c’était bien la lessiveuse américaine qui s’était mise en mode « programme rapide et efficace ».

Les anglaises n’ont rien pu construire dans ces dix premières minutes. Tobin Heath (31 ans) a débordé trois fois. Rose Lavelle a réussi sur ce côté droit à faire un petit pont à Millie Bright qui fournira son plus mauvais match du tournoi, le terminant avant les autres par un second carton jaune sur le début d’un attentat contre Alex Morgan (87′), pour envoyer un gauche puissant que l’inattendue Telford (31 ans, Chelsea) sortira en corner (4′).

Le milieu américain, Lavelle, Ertz, Horan, coupe toutes les transmissions anglaises au centre, les contraignant à s’exiler sur les côtés, le long de la ligne de touche. Sans possibilité de créer le danger, voyant plus d’une fois la balle dépasser d’ailleurs la ligne fatidique. Un déchet technique qui montrera les limites anglaises dans cette première mi-temps. Une excellente réussite du côté américain de l’application mobile « comment faire déjouer ses adversaires », accessibles uniquement aux américaines. Normal, c’est elles qui la construisent.

On cherche l’influence d’une Jill Scott qui devrait amener le ballon dans les 35 mètres américains, à la manière d’une Amandine Henry. L’anglaise, malgré ses trois coupes du monde précédentes n’y arrive pas. Nikita Parris, en neuf et demi ne touche aucun ballon. L’Angleterre n’existe pas. Le plan américain fonctionne parfaitement.

L’efficience anglaise, Ellen White égalise. Une occasion, un but.

Et apparait Ellen White. Il n’y aura qu’un seul ballon pour l’anglaise. Il sera au fond. Poteau entrant. Un centre de Mead sur une balle longue. L’américaine O’Hara se positionne devant mais ses coéquipières lisent mal la trajectoire et Ellen White, sans contact, la propulse comme elle aime – croisé – pour égaliser (1-1, 19′).

L’anglaise vient de marquer son 6e but de la compétition.

Son premier ballon et il est au fond. Inconnue à ce niveau, à 30 ans joueuse de Birmingham City, le Mondial s’offre à elle, la récompensant avec la position de meilleure buteuse du tournoi.

Alex Morgan, le jour de son anniversaire, redonne l’avantage.

Score de parité dans une demi-finale mondiale (1-1). Pour la seconde fois, les USA sont repris dans la compétition après l’Espagne et pour la 3e fois, ils sont contestés d’une victoire après la remontée de la France (2-1). Les américaines ne se laissent pas émouvoir par la situation. Ni colère, ni désespoir. Elles reprennent le jeu en attaquant haut les relances anglaises. Sans arme de vitesse comme celle des suédoises qui pourraient profiter de la profondeur, Houghton et consoeurs cherchent la relance courte vite reprise par Lavelle, Horan et Ertz.

A ce jeu, il ne faudra pas plus de dix minutes pour que les USA s’échappe au tableau d’affichage. Sur un mouvement côté gauche, la balle est dans les pieds de Dunn qui trouve Lindsey Horan. L’ex-parisienne se retourne et dépose un ballon à la hauteur du pénalty pour Alex Morgan. L’américaine s’envole et tout en maîtrise, égalise au score des buteuses (6) pour redonne l’avantage aux Stars and Stripes (1-2, 31′) d’une belle tête.

Coupe du Monde – Equipe d’Angleterre féminine vs Equipe des Etats Unis féminine – 02/07/2019 Demi-finale – (c) 2019 Baledent

Un match qui sera un duel continuel.

Comme toujours en football féminin, quand une équipe reprend l’avantage alors que l’autre a des ressources, il ne faut pas attendre longtemps pour que cela revienne. L’Angleterre a autant envie et raison que les USA de contester leur leadership. D’autant que si techniquement les transitions anglaises ne sont pas au mieux, mentalement, elles continuent d’essayer et de travailler. Esprit féminin bien en tête.

Là, une seule minute dans cette demi-finale de Coupe du Monde se sera écoulée. Walsch sortira un tir des vingt mètres (32′), superbement sortie par Naeher (32′).

La gardienne américaine, pas en veine pendant le Mondial 2019, aurait d’ailleurs pu être la joueuse du match après le pénalty arrêté en toute fin de rencontre mais les internautes vont privilégier le travail et le talent d’Alex Morgan pour lui offrir ce cadeau d’anniversaire le jour de ses 30 ans. Une reconnaissance que l’américaine-lyonnaise aurait partagé sans souci.

Une seconde mi-temps qui ne changera pas l’ordre du match. Les américaines à la maitrise et dans le camp anglais.

(1-2). Le moment de la phase tactique des américaines. Visiblement entraînés à faire déjouer les autres. Le moment où elles jouent pour minimiser le temps fort de l’adversaire ayant intégré que, compte tenu de l’opposition européenne qui s’améliore, il est fini le temps d’une balade de 90′ des USA dans un match. Et dans ce temps de défense, elles commencent à devenir très fortes.

Ce qui a piégé les anglaises, c’est le déchet technique. Elles n’ont jamais réussi à construire des mouvements assez nombreux et réussi pour poser un problème à une défense à cinq qui les attendaient. Un constat dans lequel Phil Neville pourrait trouver une des causes de cette défaite, car une des seules fois où trois passes ont été alignées, Walsh-Scott et White, cela a donné le but d’égalisation d’Ellen White, (67′) légitimement refusé pour hors jeu.

Les anglaises ont eu leurs chances.

Les anglaises vont avoir quelques remords. Elles ont obtenu un pénalty à la 83′ et les américaines raté une occasion incroyable de passer un 3e but.

Un tir trop enlevé de Press sur une récupération qui ne peut pas être plus haut. Une mauvaise passe de la gardienne anglaise. Christen Press, la récupère et la joue solo dans les nuages, quand Heath et Morgan seules dans la surface attendaient ce ballon récupéré. opposées à une seule anglaise.

Une finale qui se transformait en garantie (1-3) qui aurait pu se transformer en « passage interdit » si les anglaises avaient marqué leur pénalty (2-2). Quand se joue un deuxième titre mondial, cela pèse ce genre de situations.

Coupe du Monde – Equipe d’Angleterre féminine vs Equipe des Etats Unis féminine – 02/07/2019 Demi-finale – (c) 2019 Baledent

Les USA ont démarré les 1/4, seuls face aux européens. Sept en face. Pour l’instant, les USA sont en finale. Un deuxième titre à conquérir. Si elles le gagnent, alors l’Europe devra savoir écrire SOCCER plutôt que FOOTBALL quand on parlera du football féminin. Ce sera juste et mérité. Un football « Coca » plutôt que « Cup of Tea » ?

Une Var 10/10

Pour une demi-finale, la VAR a très bien joué son rôle de complément Un but anglais légitimement refusé par la VAR sous la conduite de la française Manuela Nicolosi, pour un orteil ou un pied de différence. Une VAR qui aura été excellente ensuite et donnera un pénalty logique que seule la TV et les ralentis auraient pu relever. L’intervention de Mr Collina s’est avérée très efficace, rendant de l’ordre là où il y avait trop de désordre.

Les anglaises vont donc jouer une 3e place à Nice, samedi contre la Suède ou les Pays-Bas. Les USA font un exploit incroyable de se qualifier pour la finale mondiale. Un style de jeu européen, avec des phases tactiques bien arrêtées. La qualité des USA, elles savent quel type de jeu elles doivent produire, et s’échinent à l’appliquer et le réussir.

Elles sauront demain qui de la Suède, Argent aux JO 2016 ou des Pays-bas, championne d’europe 2017, elles rencontreront.

William Commegrain lesfeminines.fr

ANGLETERRE (1-2) USA. 1/2 finale Mondial 2019. Groupama Stadium. Lyon. Arbitres : Alves Batista (Bra), Assistantes : Back Neuza (Bra) Sacilotti Dos Santos Camargo (Bra). VAR Del Cerro Grande. VAR HJ Nicolosi Manuela. 53.312 Spectateurs.

  • Cartons jaunes. Nikita Parris (95′), Millie Bright (jaune, Rouge) ; Lindsey Horan, Sauerbruun.
  • Buts :
    • (0,1,10′) Christen Press
    • (1-1, 19′) Ellen White
    • (1-2, 31′) Alex Morgan.

ANGLETERRE – Telford – Bronze, Houghton (cap), Bright, Stokes – Walsh (81′, Moore), J.Scott, Mead (58′, Kirby), Daly (89′, Stanway)- Parris, White. Coach : Phil Neville.

USA – Naeher – O’hara (Krieger, 87′), Dahlkemper, Sauerbrunn, Dunn – Horan, Ertz, Lavelle (Mewis, 65′)- Heath (Lloyd, 80′), Morgan, Press. Coach : Jill Ellis.