La question qui se posait concernait la titularisation ou non de Gaetane Thiney. La joueuse en zone mixte répondait à cette question ainsi : « Il faut arrêter de se fixer sur les 11, les titulaires, les remplaçantes. On est 23 joueuses. Il y en a qui commence et d’autres qui ne commencent pas. Ce qui fera qu’on ira au bout c’est notre esprit collectif. » Il reste que la capitaine du Paris FC, quinze années d’internationales, dont une bonne partie avec Corinne Diacre, est à l’écoute d’une relation distincte.

Corinne Diacre l’a compris et intégré dans son management : « On a discuté ensemble avec Corinne Diacre ce matin. Elle a envie de m’avoir à 100 % et moi j’ai envie d’être à 100 %. C’est la vie d’une sportive de haut niveau et j’en ai vécu d’autres, beaucoup moins sympa et avec beaucoup moins de communication avec le coach. Ma coach me fait confiance. Elle a envie que je sois décisive et forte pour l’équipe. »

Sur la première période. Pour une fois les mots ont été authentiques. L’ensemble du groupe France a reconnu une prestation incomplète et insuffisante. Wendie Renard : « En première période, on n’a pas joué du tout. Le ballon nous brûlait les pieds. À ce niveau-là, quand on ne fait pas trois passes, c’est difficile de déséquilibrer l’adversaire. » Corinne Diacre le reconnaissait : « Elle a été difficile, j’avais un groupe très tendu. On n’a pas aligné trois passes. »

Sur la transition à la mi-temps. Corinne Diacre : « Je leur ai dit de se libérer, de jouer simplement. Elles se mettaient une telle pression qu’on en oubliait les fondamentaux. Je leur ai demandé d’être simplement un petit plus patiente, et d’être plus efficace aussi ». Des mots qui touchent car ils sont vrais. Dans un vestiaire qui s’est donné un objectif commun, les filles s’autorégulent. Sarah Bouhaddi « On s’était dit avant le match qu’il ne fallait pas ressortir avec des regrets et donner le maximum, c’est ce qu’on a fait. »

Sur la deuxième mi-temps. Elise Bussaglia : « C’est ce qui nous a un peu fait défaut aussi, même s’il y avait trois joueuses offensives qui pouvaient occuper ces zones (entre les lignes). En deuxième mi-temps, on a rectifié le tir. La coach nous a donné d’autres consignes pour essayer d’améliorer le plan de jeu que l’on n’a pas réussi à appliquer. Cela nous a remis dans le droit chemin. » Wendie Renard. : « On a eu les ressources, on a joué autrement, différemment, avec beaucoup d’impact ».

Sur les prolongations : Gaetane Thiney. « On y a répondu et on a même pris le dessus pendant la prolongation puisque physiquement elles étaient en train de baisser. Elles avaient encore des occasions, mais l’équipe était de plus en plus coupée en deux. On avait le mental. On était persuadé qu’on irait jusqu’au bout. »

Sur l’intervention de Griedge MBock qui maintient les Bleues à flot. Sarah Bouhaddi : « C’était un débordement de Debinha, elle a réussi à se mettre sur son pied droit, j’essaye de me mettre en contre face à elle, peut-être que ça a permis à Griedge aussi de revenir à fond et de sauver ce ballon sur la ligne. C’est comme un arrêt, comme un exploit, c’est un moment fort. »

Sur le but d’Amandine Henry vu par ses coéquipières : Corinne Diacre, la coach : « J’étais ravie (ironique). Que voulez-vous que je vous dise, je suis contente d’avoir gagné, maintenant on n’a pas atteint notre objectif encore. On a franchi une étape. Je préfère rester mesurée, en sachant qu’il reste encore du temps. On aurait pu encore s’en prendre un derrière et aller aux tirs au but. Il faut que je fasse preuve de mesure. Je suis bien armée. Même si ça ne voit pas, je peux vous dire qu’intérieurement je suis satisfaite. » Gaetane Thiney : « j’avais envie de pleurer, j’étais heureuse. J’ai regardé le chrono, j’ai regardé mon père, je savais où il était et je me suis dit, ‘c’est bon, c’est fini’, c’est réglé pour le Brésil. » Elise Bussaglia : « Il y a beaucoup de joie quand on voit le ballon franchir la ligne, c’est intense. Après avec la VAR, on se dit, est-ce qu’il n’y a pas hors-jeu ou pas. Sur ce coup-là, j’étais assez sûre. Autant le but de Valérie (Gauvin), ils allaient siffler faute contre nous. On est libérées et après on s’est dit qu’il fallait tenir pour ne pas en prendre un deuxième. » 

Au final, on pourrait retenir la phrase de Gaetane Thiney : « On a eu du mal à avoir à avoir des occasions comme aux premiers matches. Mais si on fait que des matches difficiles que l’on gagne, à la fin on soulèvera la Coupe avec le sourire. »

Les françaises ne sont plus liées au contenu. Ce qu’elles veulent, c’est la finale et la gagner.

Corinne Diacre en conférence de presse après le match :

Est-ce un match fondateur pour la suite ?
Les matches se suivent et ne se ressemblent pas vous savez. Ce soir on a fait ce qu’il fallait, ce n’était pas facile, on est tombé sur une équipe brésilienne très performante, ils nous ont donné du fil à retordre, mais c’est bien, ce soir même si c’est après les prolongations on est allé chercher une belle qualification.Que pensez-vous des changements dans le onze de départ ?
Déjà on va regarder le match Espagne – Etats-Unis et ensuite on verra. C’est mes choix donc je les ai trouvé bons (sourire), de toute façon à partir du moment où on gagne j’ai toujours raison (rires).Votre avis sur cette première période ?
C’était une première période difficile, j’avais un groupe très tendu. On n’a pas aligné trois passes, c’est ce que je leur ai dit à la mi-temps. Je leur ai demandé de se libérer, de jouer tout simplement, de prendre du plaisir à jouer parce qu’elles se mettaient une telle pression qu’on en oubliait complètement les fondamentaux. En face on avait aussi une très belle équipe, donc je leur ai demandé d’être un peu plus patientes, de conserver un peu plus le ballon, de prendre le temps, et puis aussi d’être plus efficaces puisqu’en première période on a eu des situations. Il fallait plus de maîtrise, ce qu’on a eu en deuxième période.

Un mot sur le but d’Amandine Henry ?
J’étais ravie (sourire). Que voulez-vous que je vous dise, on a gagné, on n’a pas encore notre objectif, mais on a franchi une étape. Je préfère rester mesurée, sachant qu’il restait du temps. On aurait pu s’en prendre un puis derrière aller aux tirs au but. Il faut que je fasse preuve de mesure, je pense que là je suis bien armée. Il y a de la satisfaction, même si ça ne se voit pas, intérieurement je peux vous le dire : je suis satisfaite. Je ne suis pas soulagée, je n’étais pas inquiète. Il ne faut pas croire que marquer des buts c’est simple, qu’on va gagner les matches facilement tout le temps, on a des adversaire, il ne faut jamais leur manquer de respect.

Et sur l’équipe ?
Les filles ont été bien ce soir, elles sont allées chercher cette qualification, je me dois de rester mesurée et de penser à la suite. C’était un match difficile. On était loin les unes des autres défensivement, maintenant on n’était pas au mieux ce soir. Je ne peux pas dire que je reconnais mon équipe ce soir, mais on a fait ce qu’il fallait d’un point de vue défensif, collectif, on a réussi à aller chercher cette qualification.

Quel bilan faites-vous du système en 4 4 2 choisi ?
Difficile d’analyser ce match à chaud avec les prolongations et les rebondissements, je préfère revoir le match. Ceci dit je pourrais continuer avec ce système par la suite, je sais qu’on peut le faire, j’ai les joueuses pour jouer dans ce système, maintenant il faut savoir aussi s’adapter à notre adversaire, tout va dépendre de notre prochain adversaire. On va être attentifs, ensuite j’essaierai de prendre les bonnes décisions.

Pensez-vous que les joueuses ont eu du mal assimilé les changements dans le onze ?
Passer d’un 4-2-3-1 à un 4-4-2, je ne vois pas où est la difficulté… Les filles ont l’habitude de changer de système en club, on a déjà travaillé tout ça. Pour moi c’est à mettre sur de la pression, sur l’enjeu, on est à domicile et on nous le repète tout le temps. On a une pression à laquelle il faut faire face. A partir du moment où on a rétabli certaines chose en seconde période, sans changer de système pour autant, l’équipe a été plus efficace, donc nous il n’y a pas de soucis de ce côté-là.

La pression a-t elle joué ?
Aujourd’hui on est en quart, plus en huitième, on sait que la pression est sur nos épaules, mais faut avoir été sportif pour le savoir. Jouer devant un public aussi nombreux, même chez soi, ce n’est pas toujours aussi évident, on peut accorder aux joueuses d’avoir de la pression, et de moins jouer sur leurs valeurs par rapport à d’habitude. Je sais qu’on n’est vraiment pas à 100%, maintenant l’objectif c’est d’y arriver sur les prochains matches. On y travaille. Le problème c’est que le collectif ne s’y retrouve pas, parce que j’ai des joueuses qui sont en deçà de leur potentiel.

Un mot sur la chaleur ?
Effectivement il a fait chaud ce soir, les organismes n’étaient pas habitués à ce temps très lourd. Pour vendredi on va voir comment ça se passe cette semaine, déjà on va bien récupérer, et après au niveau des entraînements, on va surtout faire de l’analyse vidéo, aujourd’hui on en est plus là.

La conférence de Vadoa, le coach brésilien.

Avez vous des regrets ? 
Nous étions devant un grand défi, nous n’étions peut-être pas prêtes physiquement pour jouer aussi longtemps. Nous avons perdu des joueuses sur blessures depuis le début de la préparation et pendant la coupe du monde, nous avons eu des problèmes qui ont échappé à notre contrôle.
Je pense que nous avons bien joué aujourd’hui. Mais la France a réussi à marquer un but de plus. Nous avons essayé d’attaquer autant que possible mais la France a contré nos plans. Nous n’avons pas de regrets, bien au contraire, nous avons fait tout ce que nous avons pu. Les joueuses voulaient continuer mais ça n’a pas été possible. Nous avons fait un bon match de manière générale.
Sur l’avenir de la sélecao et le sien après le départ potentiel de ces stars ? 
Tout dépendra de ma fédération, il y a toujours cette date des Jeux Olympiques (à l’été 2020 à Tokyo, NDLR), on verra si je reste à la tête de l’équipe ou pas. C’est maintenant que la période difficile arrive pour le Brésil. Lors de mon premier mandat, j’ai pu rester longtemps et travailler sur le long terme. On verra si ça arrive à nouveau.
source FIFA, L’Equipe et footofeminin.fr