Le Brésil est moins fort que la France si les Bleues jouent un ton au-dessus de ses prestations dans la phase de groupe. D’autant que le Brésil est décimé par les blessures, notamment en défense. Les excellentes Erika, ex-joueuse du PSG et Fabiana, toutes les deux centenaires en sélection sont restées à la maison, quelques instants avant de prendre l’avion pour la France.

Corinne Diacre ne se préoccupe pas des statistiques passées. Elle reste sur son plan de jeu qu’elle trouve adapté à la situation. Avec le même onze que lors du France-Norvège dans lequel les Bleues ont été poussées dans leur dernier retranchement mental, elle part du constat suivant :

. la défense française sera plus forte que l’attaque brésilienne.

Logiquement. Le jeu défensif préconisé par la française ne peut donner confiance qu’à la condition où il est soumis à la question et à l’interrogation par ses adversaires. C’est avec cette garantie qu’elle a, et surtout dont elle souhaite qu’il devienne une évidence pour les Bleues, qu’elle prend le risque de laisser les mêmes joueuses sur le terrain. Tout simplement pour qu’elles se disent qu’elles sont meilleures. Cette certitude et cette confiance manquent aux Bleues.

Elle a encore quelques matches à jouer pour changer de système offensif mais elle ne veut pas perdre l’opportunité de donner confiance à son système de jeu qu’elle a mis en place pour gagner le titre Mondial.

Il faut juste que les filles jouent un ton au-dessus. Les filles le savent.

Ce sont des décisions très risquées car l’environnement décisionnaire de la fédération n’apprécie pas les échecs. Bruno Bini (2007-2013), Philippe Bergerôo (2013-2016) et Olivier Echouafni (2017) pourraient le confirmer. Tous mis de côté pour un quart de finale perdu face à des attentes de titres.

Là, le marketing n’a jamais été aussi fort. Bien trop fort. L’attente de titre est multiplié par 100 ou 1000 pour ce Mondial 2019. On sent que les interrogations privées et publiques sont partagées au sein de l’église du football. Le lien de confiance est soumis à la question. Tiendra-t-il ou est-il sur sa limite. Pour ma part, les réactions en conférence de presse de Corinne Diacre sont plus dues à cette situation qu’à de mauvais rapports avec la presse.

Corinne Diacre va faire du Corinne Diacre. Estampillée BEPF, formation qui assoit le système défensif comme un axe de travail avec un passage obligatoire par les couloirs. De plus, Philippe Bergerôo, son formateur au BEPF, a dû lui dire à quel point, dans le talent, il y a de la fragilité chez les Bleues au plus fort des moments (Mondial 2015, JO 2016).

Les statistique sont favorables à la France d’autant qu’avant de venir au Mondial, les brésiliennes avaient réalisé 10 défaites de rang. Pourtant, j’en avais fait mes favoris. Trop de talents et pas assez de RDV avec l’Histoire. Des joueuses agées mais au Mondiaux, l’âge a plutôt été une qualité. Carli Lloyd ayant été élue meilleure joueuse du Mondial 2015 à 33 ans. Avec de pair, le titre de meilleure joueuse FIFA 2015 et 2016.

Le Brésil ne va pas s’inquiéter d’une domination française. Le Brésil aura une force particulière qu’elles n’avaient pas au cours de leurs performances passées (Finale JO 2004 et 2008, finale mondial féminin 2007) sans titre.

Elles sont surmédiatisées en pleine Copa America masculine. Bien plus que les françaises. 25 millions de personnes les suivent au Brésil. Du jamais vu pour des filles qui ont été ignorées voire méprisées et obligées de gagner leur argent à l’étranger. S’expatrier. Cela, c’est une force bien plus forte que les 10 millions français. Les françaises partent de peu, les brésiliennes partent de rien et de bien plus loin que rien. Elles ont connu les vérités du machisme quand pour les Bleues, c’est plutôt une question cartésienne, de raisonnement, universitaire.

En gagnant, elles auront la possibilité de voir leur dossier de candidature pour le Mondial 2023 à venir passer devant celui de l’Australie. Les stars brésiliennes sont très féministes. Marta, après avoir battu son record mondial de buts, disait juste à la sortie du terrain : « Ce record, c’est celui de toutes les femmes ! Avec les yeux qui se sont remis à briller ! ». Elles ne voudront pas rater cette opportunité.

Elles ont raté le doublé, « homme-femme » aux JO de Rio en 2016. Battue en 1/2 finale. Trop de choses ratées aux portes du Talent. C’est possible mais le jeu récompense le talent, au moins une fois.

Le Brésil aura une faiblesse. L’âge de ses leaders sur 90′ et plus de jeu : Cristiane et Marta, 33 ans. Formiga 41 ans. Des filles au talent incroyable mais qui n’ont jamais gagné contre les lyonnaises pour Cristiane (PSG) et Formiga (PSG) ; et jamais pour les trois avec l’équipe nationale. (3 victoires françaises et 5 matches nuls).

5 matches nuls, c’est certainement sous cet angle que le match devra être attendu. Je ne vois pas le Brésil ne pas marquer d’autant que je ne vois pas ce match, sans coup franc, à la portée des pieds de Cristiane et Marta.

Avec un match comme celui d’hier entre la Norvège et l’Australie où le jeu a tout emporté ;

Au 3e but brésilien, il faudra en mettre un quatrième. Même si la solution sera dans la patience en calmant le jeu, ce que feront certainement les Bleues de Corinne Diacre. A un moment, l’impatience prendra le pas sur la patience.

La maxime de ce 1/8e. Le détail. Un match bien joué est un match gagné.

Si la France sort, elle ne sera pas aux JO 2020. Prochain RDV en 2021. C’est loin. SI le Brésil sort, elles sont déjà qualifiées pour les JO 2020.

William Commegrain Lesfeminines.fr