Wendie Renard est un cas dans le football féminin. Elle a 28 ans, elle pourrait en avoir 35 ans tellement elle est présente dans l’Histoire des Bleues. Non pas par la parole ou la présence mais par l’authenticité de la force qu’elle a accumulée au fil des saisons et des années. Cela pourrait être une cadre. C’est un peu plus, c’est une leader qui possède un leadership.

Le leadership, « c’est la capacité que vous donne les autres à être écouté, entendu, repéré et suivi car vous possédez la solution qu’eux non pas sur le moment et qu’ils attendent de vous. »

Avant le leadership des Bleues se trouvait bien plus près de l’attaque. Au milieu avec Gaetane Thiney, Camille Abily et Louisa Necib. Trois joueuses qui donnaient le tempo aux Bleues et dont les joueuses utilisaient leurs talents pour arriver à trouver une solution. Le jeu des Bleues était donc très offensif.

Aujourd’hui, après le départ de ces joueuses et la présence intermittente de Gaetane Thiney, le leadership des Bleues se trouve dans le secteur défensif. Il est de droit auprès d’Amandine Henry qui a montré qu’elle pouvait apporter des solution aux autres. La Corée du Sud a explosé sous ses coups de boutoirs.

Mais, le leadership de fait est, pour moi, détenu par Wendie Renard, capitaine lyonnaise et ex-capitaine de l’Equipe de France de 2013 à 2017. Les autres lui reconnaissent des qualités qui leur permettront de passer quand un obstacle va survenir. Charlotte Bilbault ne disait pas autre chose à la sortie du match contre le Nigéria pour son pénalty retiré « Wendie a eu son courage et a montré ce soir qu’elle était une grande joueuse. Cela nous fait du bien qu’elle nous donne la victoire ce soir. C’est là qu’on voit les joueuses qui ont du mental en tout cas. Wendie en fait partie. Elle a loupé le premier pénalty. Elle a retiré et mis le 2e. il n’y a pas beaucoup de joueuses qui le feront. En tout cas, elle l’a fait ce soir et cela nous fait du bien pour la suite. »

Corinne Diacre, avare de compliments individuels comme tous les coaches, y était allée de son mot : « Ce que je peux vous dire sur ce pénalty, c’est qu’il faut saluer  Wendie d’avoir eu ce courage et cette ténacité et surtout cette prise de responsabilité d’aller tirer à nouveau ce pénalty. »

Amandine Henry et Amel Majri n’avaient pas supporté que Wendie Renard rate son pénalty. C’était toucher à la force française. Accepter cette marque de « moins bien » que le résultat était en train de donner. Se dire qu’il est impossible de gagner un match si Wendie Renard passe au travers de sa prestation. Elles lui ont demandé de le retirer. Ce qu’elle a fait et réussi. Célébrée par toutes.

Wendie Renard qui a pour maxime, « d’être forte dans les deux surfaces » a marqué trois buts dans ses premiers matches de poule. Elue deux fois la meilleure joueuse du match par le partenariat Visa-Fifa. Elle est en tête des buteuses de l’Equipe de France. Pourtant défenseuse centrale.

En conférence de presse après le Nigéria, Corinne Diacre avait dit, en répondant à une question de Jean Resseguié de RMC. « On avait été défaillant sur notre organisation défensive. On fait les efforts. on a vu un bloc défensif ». Il n’y avait eu qu’un but norvégien, un csc .. de Wendie Renard. Je n’avais qu’en tête le peu d’occasions françaises et je cherchais celles face au Nigéria. Elle pensait défensif. Appliquant la maxime : « si je ne prends pas de buts, je ne perds pas le match ».

A ses débuts à Clermont en Ligue 2, elle avait scoré mais les autres, plus. Depuis, elle appliquait la maxime de la L2. Une défense d’expérience et assez d’efficacité offensive pour mettre un but. Corinne Diacre, après Nigéria-France est claire : « Après sur l’aspect offensif, on a fait des choses intéressantes en 2e période. Après, on ne peut pas mettre 3-4 buts à chaque match. »

Ne vous posez pas de questions au sujet du jeu de l’équipe de France. Il est au niveau de ses leaders. D’abord défensif. La lunette n’est pas posé au niveau des 10, mais du 4 et 5. L’objectif défensif est de ne prendre aucun but, un objectif partagé avec la vision du projet de jeu de Corinne Diacre. Alors, une bonne prestation française, c’est et ce sera « aucun but encaissé ».

L’Allemagne de Sylvia Neid et la Suède de Pia Sundhage avaient joué comme cela aux JO 2016 de Rio. Cela s’est terminé par l’Or et l’Argent.

Wendie Renard a le leadership de fait du groupe France car son attitude correspond à ce que recherche Corinne Diacre. « Pas de risque en défense » avait-elle soulignée en conférence de presse dans les murs de TF1 le jour de l’annonce des 23. Une des raisons pour lesquelles, Eve Perisset joue même à gauche en cas de besoin. Les pénétrations intérieures de Sakina Karchaoui augmenteraient le risque d’AVC du banc français. Très puissantes et dynamiques mais très intérieures.

Si vous voulez savoir qu’elle va être la qualité du match des Bleues. Voyez la réussite de Wendie Renard sur les corners. Cadrés et pris, les Bleues vont l’emporter. Hors cadre ou pas pris, les Bleues seront dans la difficulté.

Il y a un mot que Wendie Renard va apprendre à ses supporters. C’est le mot « patience« . Un mot de défenseur. Voilà son approche après Nigéria-France : « Je trouve qu’on est bien rentré dans la rencontre même si dans les 30 derniers mètres adverse on a manqué de justesse et surtout de jeu en mouvements. Tout le travail de la première période nous a permis d’avoir plus d’espaces en 2e et d’appuyer là où cela fait mal. Même si je pense qu’on aurait marquer plus de buts. On a eu des situation et c’est très bien de continuer sur cette série positive. »

Wendie Renard, l’indicateur du jeu des Bleues 2019.

William Commegrain Lesfeminines.fr