Des fois, on est pétri de bonnes intentions et puis les faits montrent que votre décision est contraire à l’objectif. On veut bien que l’idée soit l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes, mais faut-il tout simplement qu’elles aient les moyens de la maîtriser.

La VAR est un outil redoutable pour certaines fautes sanctionnables d’un pénalty. Une loupe que même les meilleures astronautes ne pourraient pas utiliser, venant chercher le geste soit à son début, soit à son terme pour, après coup, imposer ou non la sanction suprême. Le point de réparation. Pour un pénalty.

Comment voulez-vous que des pays, déjà pauvres en football féminin, puisse maitriser cette contrainte alors qu’au quotidien, dans leur championnat -s’ils en ont un- le jeu se joue de manière bien plus libre. Déjà que c’était le cas auparavant, mais là avec cette loupe, la FIFA crée l’outil le plus discriminant au monde. Celui de l’inégalité entre les pays riches, structurés, développés et les pays pauvres.

Une discrimination qui existe de plus entre les hommes et les femmes. Les hommes professionnels, rompu à la maitrise du geste quand les femmes, pour celles qui ne sont pas professionnelles, – et elles sont nombreuses – subissent la règle.

En économie, cela est bien connu. Quand on veut dominer une relation économique, on établit des règles non-tarifaires qui ne permettent pas aux pays pauvres de produire – là de jouer- aux conditions créées dans les pays riches, inatteignables pour les autres.

La seconde injustice est encore plus criante avec celle d’un des deux pieds au contact avec la ligne. La discrimination est encore plus forte. L’injustice éclate au grand jour. Elle est imbuvable, inacceptable, choquante.Imaginez cela dans un Mondial masculin. C’est la RE_VO_LU_TION !

D’une pratique intéressante, enrichissante dans le passé, le Mondial 2019 nous montre des ambitions excessives, une authenticité qui s’éloigne de l’origine. Une pratique de haut niveau injuste, totalement injuste. Et nous savons tous, avec un minimum d’intelligence ou d’expérience que ce n’est pas d’en faire une règle qui la rend juste. En mémoire du 6 juin 1944 fêté récemment, rappelez-vous juste les 6 millions de déportés.

Ce n’est pas la règle qui la rend juste. C’est son contenu.

Et là, on voit une différence sociale, humaine, inacceptable. Déjà que la pratique n’est pas spécialement simple. Là, le haut niveau la ramène à l’Europe, l’Amérique du Nord, à quelques pays asiatiques et surtout aux seules joueuses professionnelles. Et encore, celles qui sont dans des clubs structurés pouvant se permettre de les former pour ne pas être sanctionnées.

Voyez le nombre de joueuses concernées… Les 3 pays africains ont du mal à avoir 23 joueuses. La Thaïlande a des fins de mois difficiles. L’Argentine et le Chili idem. Le Brésil joue à l’étranger pour en vivre. Un gag. Même à l’OMC ils n’osent plus établir de telles règles protectionnistes. Des règles pensées dans une tête de riches.

Je ne sais pas qui a eu cette idée mais il serait temps qu’au football féminin, on mette des gens qui ont assez d’expérience et de compétences pour établir des règles supportables.

Je sors de ce match révolté. Non pas par le résultat, c’est le travail des joueuses ; à elles, d’en être satisfaites ou non. Pas l’injustice sociale que j’ai vu devant mes yeux.

S’il y a des joueuses connues qui ont de la voix. Sortez de votre message « Homme-Femme ». Pensez aux différences et à celles qui jamais, ne viendront rêver à un titre dans une compétition si vous acceptez des règles qu’elles sont incapables de maitriser. Vous les condamnez tout simplement à être des faire-valoirs.

Il y a assez d’inégalités Nord-Sud pour que le sport n’érige pas des règles qui les renforcent. On en connaît les conséquences en économie. Les barrières non-tarifaires, empêchant les pays pauvres de produire pour les pays riches faute d’avoir les outils pour respecter les règles de sécurité excessive mises en place par les pays du Nord. Une plaie intellectuelle et économique dont on connaît le prix humain en méditerranée.

William Commegrain lesfeminines.fr