La Conférence de presse d’Elise Bussaglia et Maeva Clemaron, très intéressante a montré à quel point l’équipe de France se trouve dans une nouvelle dimension. A deux jours du 3e match de compétition face au Nigéria, seules deux ou trois questions ont été liées à l’équipe adverse et à ce match sur une vingtaine de posées.

La raison en est simple. La France est déjà qualifiée. Même l’interrogation quant à l’entrée possible du banc n’a pas été au centre du débat ni des joueuses. Les esprits des suiveurs sont déjà aux huitième à venir. A croire que la certitude mentale du groupe France s’est insérée dans celui des journalistes professionnels qui suivent le Mondial féminin.

D’où vient ce mental des Bleues ? 

Un mental dont on a cherché en vain les défaillances dans les deux prestations des françaises. Avec pourtant, de bonnes raisons de le voir défaillir.

La première, très chargée en émotions, lorsque les Bleues se sont trouvées face à 45.261 spectateurs lors de la Marseillaise du match d’ouverture qui a été le premier lien fort des Bleues avec leur public. Un lien si fort que lorsque vous en discutez, au coin d’un repas partagé, elle reste l’image que retient le public de cette équipe féminine qu’il découvre autrement que cinq minutes, à la vitesse d’un résumé.

Comment avoir pu réaliser la prestation que les Bleues ont faites face même, à une faible Corée du Sud (4-0) alors que trois minutes avant le match, le coeur de chacune étaient exposés au grand jour, sans protection, les obligeant à le recoudre sans anesthésie pour glisser dans l’armure de la compétition face à un père, une mère, la famille, l’ami ou amie. Témoin de tant de doutes et d’efforts, pour se transformer en un soir, en chevalière de l’impossible. Jeanne d’Arc et Bayard au féminin, prêtes à renverser les montagnes.

Comment lutter comme elles l’ont fait face à la Norvège, venue les chercher dans le combat alors qu’aucun action individuelle n’est venue perturber la force collective que l’équipe s’est créée, d’elle-même, sur le moment. Comme une protection pour devenir une force sur laquelle les norvégiennes ont buté.

Des messages de confiance fort apparaissent en zone mixte. Forts, car réels. Sans excès. La vérité de l’instant. Amandine Henry en avait les yeux qui brillaient en zone mixte : « Je pense que cela va peut-être, être un déclic dans la compétition. » Toutes avaient retenu le combat remporté. « Quand on joue des matches comme cela, personne ne peut rien lâcher. Parce que c’est ensemble. Toutes ensemble ! »

Un mot qu’on entend de plus en plus dans la bouche des Bleues, juste après l’effort. La meilleure nouveauté de la compétition, cette zone mixte, ouverte dans l’instant de la fin du match. L’esprit encore pris par le match réalisé.

Corinne DIacre, une véritable manageuse qui sait déléguer.

Le mental, souvent le talon d’Achille de la performance française qui va, une fois vers David, l’autre fois à constater d’être Goliath, est dans le groupe des Bleues, linéaire. Pas encore ascendant mais prêt à l’être.

En prenant Richard Ouvrard, « Accompagnateur de performance dans le sport de haut niveau », dans son groupe, Corinne Diacre a joué une carte qui lui correspond bien. On pourra discuter sur la vision du football de haut niveau de la sélectionneure française, même en sachant qu’on a tort, mais on ne pourra jamais la prendre en défaut sur sa mise en place des outils qui concourent à la performance.

Elle est bien une manageure qui va chercher des compétences extérieures utiles à la réalisation de son objectif. D’ailleurs, il me revient en mémoire la réponse qu’avait apportée Corinne Diacre à l’une de mes questions lors d’une conférence de presse sur l’annonce d’une de ses sélections. La question avait été, de mémoire la suivante : « Avec une quinzaine de matches, quelle caractéristique donneriez-vous à votre équipe ? »

Elle avait répondu, convaincue : « la performance« .

Richard Ouvrard, accompagnateur de performance.

L’homme, assez discret, n’apparait que sous l’encre de Stéphane Bianchi du Parisien, grand spécialiste du hand-ball pour le support régional et national et celle de la Nouvelle République. A la lecture des deux articles, on pourrait présenter sa mission ainsi.

« Se situant entre la compétence footballistique qu’il doit acquérir et son observation ; il est à l’écoute des besoins individuels comme collectifs et travaille pour créer une dynamique collective faisant puiser le groupe dans les expériences individuelles de chacune, exprimées et donc ouvertes aux autres. Il est un des outils qui va permettre à l’objectif collectif d’Être autrement qu’en le disant mais en le vivant. »

Maeva Clemaron, très ouverte à la réflexion, le qualifiait « d’une présence vraiment positive parmi Nous, il booste le groupe ».

Sans être le détonateur, à voir la qualité mentale qu’ont exprimé les Bleues pendant les deux premières rencontres et après, quand souvent elle a été stigmatisée comme source de défaillance  .. On peut sans souci affirmer que sa présence est loin d’être inutile.

Au delà des freins.

Dans une structure hiérarchisée, la présence des uns dépendent de la volonté d’autre. Richard Ouvrard évoque les freins nombreux à ce style de collaboration auprès de la Nouvelle république. « L’évaluation des compétences est difficile, comme pour le monde de la psychologie ou de la psychanalyse. Il y a le facteur humain qui rentre en compte et c’est souvent ça qui fait peur aux fédérations. L’autre élément, c’est la peur de perdre le contrôle pour les entraîneurs, auprès des sportifs, et la peur de la manipulation. »

Terminant ainsi : « Ce qui est vraiment nécessaire, c’est une relation de confiance et des bases éthiques fortes. »

Visiblement, la relation de confiance, avec le groupe des Bleues, Corinne Diacre et son staff, est présente.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Source : Nouvelle République et Le Parisien. Depuis deux ans, l’Angevin collabore avec l’équipe de France féminine de handball (et celle de foot), tout en accompagnant individuellement des athlètes vers les Jeux de Tokyo.