Plus la compétition avance, plus il parait évident que les déchets techniques vont être nombreux et conséquents. On ne peut plus attendre d’une équipe féminine qu’elle maitrise son sujet comme elle peut le maitriser pendant les périodes FIFA de compétition ou de matches amicaux.

A l’évidence, l’intensité et la pression augmentant considérablement, les limites techniques apparaissent.

A Valenciennes, ville où Jean-Louis Borloo et Toyota ont redonné les couleurs de l’emploi, l’Oranje néerlandais a transformé les briques de vaugirard du Nord en carnaval multicolores. Le Stade du Hainaut réhabilité, occupé par 22.423 spectateurs, son meilleur score pour le Mondial 2019, a sonné et chanté du néerlandais de la 1′ à la 92′. Eux, habitués à s’installer dans le Gard et l’Ardèche, se sont arrêtés à quelques kilomètres de la frontière pour y mettre le feu.

Les Pays-Bas 2019, copie conforme des Pays-bas 2017, championnes d’Europe. 

Les Oranje sont fidèles. Sarina Wiegman malgré un Tournoi de l’Algarve catastrophique en mars dernier, jouant le dernier match pour gagner l’avant-dernière place (11e) ; la coach néerlandaise qui avait gagné l’Euro en prenant la sélection six mois plus tôt a gardé les 2/3 de son effectif de 2017. Une majorité qui ferait verser des larmes de bonheur à n’importe quelle homme ou femme politique.

La politique de cette 1ere ministre du football néerlandais est claire. Un jeu vertical qui passe par la vitesse et du rythme. On cherche les temps faibles pour comprendre qu’ils ne le sont, qu’à compter de l’instant où le déchet technique fait perdre la balle à ses joueuses. Wiegmann, meilleure coach FIFA 2017, est pour la verticalité. Beaucoup moins pour la latéralité.

Cela tombe plutôt bien puisque le Cameroun, équipé de joueuses de D2F et quelques unes de D1F, comprend à merveille cette tactique qu’elle pratique au quotidien.

On assistera à un match où les balles perdues des unes seront les contre-attaques des autres et vice-versa. Exactement ce qui renverrait à ses dossiers un prétendant au BEPF français.

Les buts deviennent des KO pour l’adversaire.

Un KO chacun en première mi-temps.

La solution ne peut venir que des buts marqués. Exactement ce qui va se passer dans ce 2e match du groupe E, joué à une température inhabituelle (21°) qui a puisé dans les organismes mais pas dans la tête.

Les Pays-bas vont taper les premières sur la table en proposant une action associant vitesse de décision et d’action pour un centre de Shanice Van de Sanden que Viviane Miediema ira chercher courageusement, bien devant, tête la première. Une bande de billard jouée à fond, propulsant la balle dans les buts camerounais (1-0, 41′).

Un des plus beaux buts collectifs de la compétition quand la plupart sont marqués sans opposition ou par une action individuelle.

Le Cameroun ne possède pas l’équipe la plus technique du Mondial. Avec elles, les protège-tibias sont nécessaires et les joueuses sans engagement ont intérêt à dégager du terrain. Habituées à l’effort et sans prise négative sur leur mental d’un score défavorable, elles jouent chaque action avec l’intensité de la dernière, en pensant qu’elle est celle qui finira au fond des filets.

Une balle piquée de trente mètres de Feudjio, dont le « rétro » permet à Onguene de devancer une sortie « trop diplomatique » de la capitaine Van Veenendaal pour glisser un plat du pied technique et trouver les filets entre deux tacles de la défense néerlandaise. (1-1, 43′).

En deux minutes, un KO chacun. Comme chacune des deux adversaires a des balles pour faire mal à l’autre, inévitablement chaque joueuse peuvent penser l’emporter. Les deux équipes rentrent dans le coin avec de bonnes raisons de se dire que le prochain est pour l’autre.

Les Pays-bas prennent le dessus en fin de match

Là encore la vitesse dans la décision fera la différence. Un coup franc joué rapidement à deux. Groenen, partie comme une Shanice Van de Sanden, qui assure son centre dans la surface. Comme d’habitude, la balle ne ressort pas. Bute sur une joueuse, revient sur le pied gauche de Bloodworth qui l’avait raté une première fois et la différence se fait au tableau d’affichage (2-1, 48′).

Trois buts en sept minutes (41′, 43′, 48′). Le reste sera de l’intensité et du physique.

Le Cameroun n’abdique pas. Il n’y a rien d’ailleurs à abdiquer. Les filles d’Alain Djeumfa s’entêtent dans leur plan de jeu. S’entêtent encore plus et elles auront raison. Les Pays-bas commencent à lâcher mentalement. La force physique adverse prend le dessus. Onguene est redoutable. Elle fait faire un tour de manège à son adversaire pour servir une co-équipière, presque buteuse, les buts offerts, sans Spitse sur la trajectoire. 

Il faudra le talent de Vivianne Miedema, 22 ans. Meilleure joueuse 2019 de la récente FAWSL en Angleterre sous les couleurs d’Arsenal. Excellente en neuf, capable de jouer en soutien mais aussi d’être décisive. La voilà partie pour un doublé. Une chevauchée de trente mètres. Un tir puissant cadré. Et les Pays-Bas prennent leur envol (3-1, 85′).

Le Mondial 2019 se cherche une star. La hollandaise Lieke Martens, a été élue en 2017 meilleure joueuse FIFA. Viviane Miedema pourrait être celle-là. A la différence d’une Kadidiatou Diani, elle est décisive sur le plan offensif pour son équipe.

Les Pays-bas sont la cinquième équipe européenne qualifiée pour les 1/8e de finale. A défaut d’avoir pour l’instant le jeu d’une championne du Monde 2019, elle en a le public.

William Commegrain Lesfeminines.fr