Il n’y a pas cinquante manières d’amener du public autour de 22 joueuses qui se disputent un match. Des buts. Si le football féminin a une raison de vivre, une raison d’exister, c’est dans le jeu offensif. Mettez-lui du jeu défensif à jouer, et le voilà, empêtré dans la copie d’un football masculin.

Et là, au lieu d’un déhanché qui ferait soulever discrètement l’oeil d’un mari songeur, d’une femme comparant, vous avez l’anonymat du football en mode CFA. Moins vite, moins pressé, moins attractif.

A moins d’avoir des couleurs à défendre et supporter où tout et rien ne sont pardonnés, c’est dans le jeu offensif que le football féminin mérite des kilomètres d’efforts.

Dans ce match, sous les yeux d’un public ravi, s’est déroulé le meilleur match de la compétition pour qui n’est pas Bleue ; le second pour celui qui a été chanté la marseillaise avec le public du Parc. Sous la pluie ou devant un canapé.

Un pénalty accordé comme les accorde les arbitres de football féminin. Précis dans les règles. La moindre faute aussitôt sifflée, carton jaune à la main si revendication suit. Une vraie mère à la maison. La règle est la règle. Passez, rien à voir.

Ne cherchez pas ailleurs le silence de toutes les joueuses quoi que soit la décision arbitrale. Les femmes ont un sens inné du rigide. Les règles des autres. La leur. Marta, immense joueuse du football féminin international, récipiendaire d’un titre de Meilleure joueuse FIFA 2018, sur une jambe, l’autre étant restée à Orlando, marque un pénalty salvateur.

Mais quel second but. Un centre au cordeau pour deux bleues brésiliennes face à quatre « aussies ». détente verticale de Cristiane et voilà la trentenaire (33 ans) qui place la même tête que sur le premier match. Montée, puissance, tête croisée. Seule dans ce rectangle et pourtant marquée. Un vrai but à faire rêver les gamines de France !

Et puis la samba brésilienne qui prend de la lourdeur. Un carnaval de Rio, fantastique avec l’âge, qui passe à la fête de rue avec des plus jeunes. Le Brésil, remonté à la 45′ prend l’eau sous la pluie des espoirs des australiennes, bousculées par la renaissance italienne.

Un premier but réducteur du score, du bout de la chaussure qui vous fait rentrer dans les vestiaires avec la rage au ventre. La rage des premiers aventuriers qui ont construit cette terre que personne ne voulait. Des battants qui ont fait des battantes.

Et le brésil a décidé d’avoir une défense de m**** dans cette seconde mi-temps. Une balle qui passe devant tout le monde, même la gardienne. Comme un TER qui arrive en gare. Tranquille comme baptiste. Personne n’en veut de cette balle qui va au fond. Tranquille, sauf que cela fait (2-2) et les conductrices du Brésil ont trop fait la fête, les yeux embués des soirées trop arrosées. Un vestiaire qui s’est cru trop beau. Bien moins bon sans Marta et Formiga.

Il fallait un perdant. La capitaine brésilienne, Monica, tirée au sort, a eu la courte paille. La voilà qui détourne une balle pour se la mettre pleine lucarne, espérant un temps que les arbitres invalident son geste pour un hors jeu qu’elle n’a même pas eu le temps de regarder.

La VAR a le sens du couperet de la Justice. Inutile de chercher un avocat de la Défense voire même un procureur. Comme Saint Louis sous son arbre, la vidéo rend sa justice par écran. But.

(3-2) le Brésil dont j’ai fait un favori sort avec une défaite. Le Brésil a fait du Lula. Bien à l’extérieur, difficile à l’intérieur. Et pourtant, s’il y a bien du talent dans ce mondial, vous pouvez tirer des cartes brésiliennes. Alors elles sont anciennes mais il est impossible que le football ne soit pas juste avec ces joueuses. Marta, Cristiane, Formiga, Monica.

Des danseuses du ballon rond qui mérite de danser une fois, avec le titre en poche. Saga brésilienne ou favelas de l’espoir ?

A voir face à l’Italie, à Valenciennes. A voir et à revoir, j’espère.

William Commegrain Lesfeminines.fr