L’environnement de cette Coupe du Monde est incroyable. Laissez tranquille Alain Finkeilkraut, philosophe, qui légitimement se donne la liberté de ne pas aimer le football pratiqué par les filles. Habitué de cette pratique, je confirme qu’il ne dit que ce qu’un grand nombre pense et dont il est aisé d’en justifier de la réalité. Les spectateurs d’un match de football féminin de D1F se situent entre 250 et 1000 spectateurs.

Il y a un « parisianisme » en explosion qui voudrait que la pratique féminine soit extraordinaire, non pas qu’en football, mais comme preuve de la force de la féminité. Qui voudrait argumenter du contraire doit se préparer au pire.

Le hand, multiples championnes (Argent mondial 1999, 2009 et 2011 ; Or en 2003 et 2017) n’a pas eu à supporter cet étendard. Le tennis, avec Amélie Mauresmo, encore moins. En natation, Laure Manaudou et Camille Muffat n’ont jamais dépassé le modèle du sport. Des sports qui, pourtant, ont réalisé des performances.

Le foot féminin, sans rien comme médaille au cou, devient pour ce Mondial français, la propriété de toutes les femmes. 51% de la population française et 49,6% de celle mondiale, cela fait un poids. Pourquoi pas ! Sauf que cela oblige à accepter la critique, les divergences d’opinions et la sanction des résultats.

Que valent les Bleues 2019 dans ce contexte ?

Des Bleues professionnelles par rapport aux meilleurs résultats de 2011 (1/2 finale) qui sont dans les meilleures conditions athlétiques, physiques, techniques et tactiques au regard de son classement FIFA (4e) devant juste appréhender la nouveauté d’un tel environnement et d’une telle attente.

48.000 spectateurs au Parc des Princes. Une audience Tv qui devrait être supérieur au 1/4 de finale France-Allemagne de 2015 (W9) avec un chiffre à 4,5 millions pour des pointes à 5. Une audience mondiale proche des 30 millions avec 136 pays assurant la diffusion.

Et un match qu’elles attendent depuis 22 mois pour celles qui étaient confirmées en Equipe de France, soit six lyonnaises sur sept dès lors que Delphine Cascarino est entrée plus tard.

Un contexte émotionnel qui pose interrogation d’autant que les français n’ont pas la réputation de tenir leurs engagements dans des environnements où ils ou elles sont attendues.

La France 4e FIFA face au 14e mondial.

La Corée du Sud est inférieure à la France. Elles le disent elles-mêmes dans les interviews FIFA disponibles pour la presse. Sa meilleure représentante, Ji So-Yun, sensible au féminisme de son sport et au besoin de reconnaissance que toutes portent dans leur cœur, ne subit pas la pression de l’hôte et de ce qui a été créée pour ces Bleues.

Elle revendique un style de jeu qui a dépassé celui de se mettre en bloc bas pour attendre et subir la pression adverse en espérant le nul et prévient qu’elles viendront pour jouer des attaques placées aussi, hautes sur le terrain.

Ji So-Yun (28 ans), sa capitaine, joueuse de Chelsea, a signé un superbe coup franc face à l’Olympique Lyonnais en 1/2 finale retour de la WCL 2019 dans une équipe dont Farid Benstiti précisait qu’elles évoluaient dans un football professionnel.

L’enjeu des Bleues.

L’enjeu des Bleues sera « de remettre les pieds sur terre » pour jouer un match de football de compétition où le premier résultat, s’il est favorable, ouvre en général la porte à la 1ère ou 2e place qualificative pour les 1/8e à venir.

Le second objectif devrait être « le moment » où la France va prendre ses distances. Est-ce au cours de la seconde période ? Comme elles en ont pris l’habitude de le faire ou dans les premières minutes ? Ce que l’Olympique Lyonnais essaie de faire dans ses matches.

Aujourd’hui, arriver à marquer dès le début de la rencontres donne quasiment le succès. Attendre trop longtemps, devient risqué. Tous les adversaires ayant le niveau pour tenir l’opposition. En D1F, Lille, club descendant, l’a fait subir à des clubs de renommée de la D1F. Face à l’Ol, le Paris FC et PSG.

Les Bleues ont buté en gagnant contre la Thaïlande (3-0), un peu plus encore quant au score face à la Chine (2-1), au profil proche de la Corée du Sud.

La force des Bleues est réelle. La ligne de défense a toujours été la même depuis 2017 et l’arrivée de Corinne Diacre. Sarah Bouhaddi, centenaire en sélections dans les buts. Marion Torrent, Wendie Renard et Amel Majri jouent ensemble sans discontinuité. Aissatou Tounkara, si elle doit remplacer son amie Griedge M’Bock, a pris de l’assurance à l’Atletico Madrid.

Le milieu se connait depuis 2011 : Amandine Henry, Elise Bussaglia, et Gaetane Thiney jouent ensemble au moins depuis 2015. Eugénie Le Sommer, si elle joue, est de renommée internationale. Kadidiatou Diani ou Delphine Cascarino ont des qualités de vitesse incroyables et Valérie Gauvin est très utile en appui et dans la surface.

La question ne se porte pas sur leurs qualités mais plutôt sur leurs défauts. C’est là où tous les habitué.es ou spécialistes du football féminin doivent s’interroger.

Ne pas avoir à montrer les limites des Bleues. Dans le passé, l’ex-coach des Bleues, Philippe Bergerôo, après l’élimination aux JO 2016 en quart, l’avait situé dans le mental.

Est-ce toujours vrai en 2019 ?

William Commegrain Lesfeminines.fr