Cette photo du sommet de l’Everest qui a circulé sur le net et une bonne image des candidats qui viennent chercher le titre mondial 2019 en France de football féminin.

Un titre. Qu’est-ce que c’est ? « Un truc » qui fait que, à chaque mot utilisé pour vous présenter, on associe la syllabe « championne du monde ». Même la Reine d’Angleterre n’a pas ce droit de vous donner un tel titre. Une reconnaissance pendant quatre ans, et bien plus longtemps. Didier Deschamps dit : « cela changera définitivement votre vie ! ».

En fait vous entrez dans l’Histoire des autres par la grande porte tout en entrant dans l’aventure de votre vie. Votre cinémascope, grand écran, avec fond sonore et larme à l’oeil en entendant, « We are the Champions ».

Pour les 552 joueuses, Il y aura celles qui y étaient et celles qui l’auront fait. Elles seront 23, plus le staff. Toutes et tous de la même nationalité.

C’est pareil pour la montagne la plus haute de notre planète bleue. L’Everest. 8.848 mètres. Après t’être préparé, tu n’as plus qu’un seul objectif. Y arriver. Une montagne qui aurait pu être politique d’ailleurs, à la frontière entre le Népal et la Chine. Deux pays qui s’entendent plutôt bien me disait le seul restaurant népalais de Créteil où je me suis arrêté pour manger, juste avant le France-Chine qui s’annonçait à quelques encablures de Duvauchelle, au pied du quartier du Port.

J’avais cette image en tête, j’en ai parlé. La leur est montrée. ils étaient fiers de leur montagne.

En 2019, vous avez vu la foule sur le toit du monde !?

Au début, l’Everest, personne n’y allait. L’accès de leur aventure était réservé aux fous de l’exploit impossible. Du sang qui vient de l’intérieur, des crampons qui renversent les montagnes. Les vainqueurs de l’Everest par nationalité se comptaient sur les doigts de la main.

Pierre Mazeaud avait été le premier français (1978), il en avait obtenu un rôle de député, un maroquin de secrétaire d’état du sport, terminant même Président du Conseil Constitutionnel. Un alpiniste aux plus hautes fonctions de notre Droit. Actuellement, 89 ans, toujours vivant nous dit wikipedia.

J’avais écouté une de ses conférences à côté du Luxembourg. Il n’y avait pas grand monde. Le sport ne faisait pas recette. Cela parlait de caractères surtout.

Jeune, j’étais interpellé par son aventure et il expliquait à une assemblée clairsemée de médecins, les risques médicaux pris à cette altitude de la mort. Candide, j’avais posé une seule question : « Mais après être allé si haut, que vous reste-t-il d’encore plus grand à faire ? » Il y avait un jeune médecin de son équipe à côté, il a compris ma question.

Pierre Mazeaud ne l’a pas comprise. Maintenant j’ai compris. Pour lui, le temps était le bon pour gagner cette bataille qu’il s’était imposé. C’était le bon moment. J’ai compris depuis que cela s’appelle communément l’expérience. Il est allé au bout de lui-même car il n’aurait pas pu y retourner.

De la même manière, pour atteindre le titre Mondial 2019, il y aura le niveau, l’envie, il y aura des jeunes et des joueuses d’expérience. Les jeunes pourront se dire : « si ce n’est pas aujourd’hui, cela sera Demain ». Les joueuses d’expérience se diront : « c’est maintenant ou jamais ».

Aujourd’hui, quand la fenêtre météo est bonne, il y a foule. il y a la queue à faire pour atteindre le sommet. Des gens meurent à trop attendre, soit au sommet, soit en descendant. Par manque d’expérience. Chacun s’arrête pour faire son selfie nous disent les commentaires. Des autorisations sont données mais les alpinistes ne montent pas seuls, ils sont accompagnés, cela augmente le nombre. Et puis le passage est serré. Inutile de tenter de le passer comme pour l’Aiguille du Midi. 12 heures d’attente sont nécessaires pour arriver réellement au sommet. 12 heures à ce sommet, c’est long.

Le titre mondial 2019 de football féminin, le 8e du nom, sera long à obtenir. Le football féminin monte graduellement. Il est monté trop vite. Bien trop vite mais il y a une certitude, pour atteindre le titre mondial 2019, il n’y a plus trois équipes à s’y préparer comme les USA, l’Allemagne et le Japon et les autres, à y participer.

Comme pour l’Everest, elles sont nombreuses à vouloir cet Everest du football.

Seize équipes sur vingt-quatre ont des raisons de l’avoir en tête. Et s’y préparent pour y accéder pas pour y figurer.

Il y aura du monde, il y aura foule pour ce titre Mondial 2019.

A défaut, on n’y mourra pas, mais les joueuses y laisseront quelque chose. C’est plus que du sport, c’est du football.

William Commegrain Lesfeminines.fr