Une équipe est un groupe. Le football est un jeu collectif et chacun apporte aux autres pour une seule finalité : la victoire. Voilà comment on pourrait résumer la situation actuelle de l’équipe de France à quelques souffles de l’ouverture de la Coupe du Monde pour ce que la Chine avait décidé : quasiment un match officiel, intensité : « World Cup ».

Les « blessures » des Bleues.

Duvauchelle, bien rempli avec 10.028 spectateurs, pas loin de son record, a vu démarrer les Bleues en se demandant où était passée Amandine Henry, capitaine de l’Equipe de France. La lyonnaise, s’est réveillée le matin même, avec une douleur dorsale faisant dire à Corinne Diacre, en conférence de presse : « C’est une surprise pour moi aussi, je m’en serais bien passée. Elle va mieux, vu comment elle marche ce soir, je ne vois pas comment elle aurait pu jouer ce soir. »

La coach française, lorsqu’elle racontera sa Coupe du Monde, pourra dire que les derniers jours de préparation n’auront pas été des plus simples pour aborder « ce premier match officiel » de l’Equipe de France depuis 2017, en ouverture de la Coupe du Monde. Eugènie Le Sommer, sa meilleure buteuse (74), préservée depuis les deux derniers matches. Amel Majri, prête à jouer, mise aussi au repos. Toutes les trois lyonnaises qui ont concentré les premières questions d’après match. Corinne Diacre envoyant tout le monde dans les cordes : »Je n’ai pas à être rassurée puisque je ne suis pas inquiète ! ».

Kadidiatou Diani, Ballon d’Or, d’Argent ou de Bronze au Mondial ? 

Les Bleues ont rendu une copie collective au sein de laquelle Kadiditou Diani, placée excentrée gauche et sans pied gaucche, aura brillé en jouant à l’américaine : une perforation athlétique qui va faire saliver les recruteurs américains tellement la joueuse du PSG, évoluant à 15 minutes de sa famille, a fait exploser les latérales droites chinoises.

C’est elle qui donnera la victoire (2-1, 58′) avec une percussion qu’elle se mémorisera en zone mixte : « c’est Griedge MBock qui me donne le ballon. J’élimine une adversaire. je suis accrochée mais j’arrive à m’en sortir. Je réelimine une adversaire et je suis devant les cages et je frappe ! » Un but très Top 14 du rugby.

Une présence, un match et un but qui ne seront pas restés « lettre morte » aux techniciens norvégiens venus superviser le match et qui partiront discrètement 20 minutes avant la fin de la rencontre. Une tablette à la main. Me donnant l’impression que le Nouveau Monde commence. On est bien dans une Coupe du Monde où chacun va jouer sa chance à 100%.

Nominée dans les 3 meilleures joueuses de la D1F, remportée par Dzsenifer Marozsan à la qualité technique impeccable, la joueuse parisienne pourrait bénéficier d’un autre regard, axant les qualités des joueuses sur son impact, la vitesse, la percussion et le physique. Des qualités qui la place au plus haut niveau mondial, très appréciés par les techniciens des autres pays, quand le nôtre s’attache beaucoup à la technique.

« S’adapter », c’est ce que feront les Bleues.

Ce match comme celui face à la Thaïlande, la France l’a joué avec son collectif, pour compenser des absences de dernière minute. Eve Perisset, d’habitude suppléante de Marion Torrent à droite, se place comme titulaire à gauche alors que Sakina Karchaoui, suppléante d’Amel Majri, va se poser sur le banc. Pourtant, titulaire à Orléans contre la Thaïlande. Corinne Diacre cherchant certainement à utiliser toutes les possibilités.

Charlotte Bilbault, prévue comme remplaçante, joue son second match de rang dans le onze de départ. Un fait qui ne lui était jamais arrivée auparavant. Et Kadidiatou Diani, droitière naturelle, se place à gauche. Place habituelle de la vice-capitaine des Bleues qui n’a jamais eu de réelles concurrences et donc sans carte particulière à utiliser pour la coach des Bleues, si ce n’est d’essayer de s’adapter.

Le mot « s’adapter » reviendra dans les propos de toutes les joueuses en zone mixte : Grace Geyoro, Viviane Asseyi, kadidiatou Diani, Eve Perisset. S’adapter, c’est ce que devra faire l’ensemble de la presse avec des Bleues qui gagnent mais sans jamais l’obtenir comme une domination lyonnaise. Cela va être souvent avec un but d’écart, bien suffisant chez les hommes, inhabituel chez les filles.

S’adapter c’est aussi ce que devra faire le public. Prêt à s’enflammer mais toujours avec le risque d’une égalisation voire d’une défaite. Les Ol Ang’elles n’en pensaient pas moins sur le parking de Duvauchelle. Supporters habituels du football féminin, ils étaient prêts à accepter ce risque et à vivre pour autant l’émotion gagnante, tant pis pour la domination.

Les Bleues n’ont pas dominé, elles ont gagné.

La partie s’est réalisée entre une présence bien plus significative des Bleues dans la surface adverse où les deux couloirs, avec Diani et Delphine Cascarino ont montré l’étendue de leurs talents mais dont on doit constater un déchet technique qui n’a pas permis d’obtenir assez d’occasions pour s’échapper au score.

Les Bleues qui ont construit leur première mi-temps en ouvrant le score à la 30′ sur un tir puissant de Marion Torrent que Valérie Gauvin propulse dans les buts ouverts, frappant le bas de la transversale (1-0). Une perforation de Diani dont le centre avait été disputée dans la surface avec une balle qui ressort mal pour un tir déterminé de la latérale montpelliéraine.

Auparavant, Marion avait déposé un superbe centre sur la tête de sa partenaire de club, Valérie Gauvin (9′) qui ne demandait qu’à entrer quand la gardienne chinoise, grande, réalisait une horizontale salvatrice. (1-0) à la mi-temps, c’est le risque d’être reprise.

Un poil légèrement devant les Roses d’Aciers où Wang ShanShan (numéro 11) n’a pas manqué la seule occasion (1-1, 52′) que le match aura donné aux troupes de Jia Xiuquan qui s’exprimaient devant Bruno Bini, ex-coach des deux sélections ! Un magnifique contre bien maitrisé par la Chine, avec une balle déposée dans l’espace par la parisienne Wang Shuang, entrée à la 46′.

La Chine a fourni un match intense avec des hauts et des bas, comme les Bleues, donnant aux observateurs le regard qui sera celui de la Coupe du Monde 2019.

Wendie Renard ira chercher un bon tacle sur Yang Li, bonne joueuse d’appui au quelle il manque de la vitesse pour poser un souci à la défense française. Ce sont les couloirs qui montreront une faiblesse française lorsque la profondeur est utilisée mais tout cela ne donnera qu’une seule occasion chinoise. Réussie. Ce sera l’efficacité des Roses d’Aciers et la limite française. Elles peuvent prendre un but.

Une compétition officielle, c’est peut-être ce qui a manqué à la France pendant ces 18 mois de matches, pour qu’elles prennent plus nettement le dessus sur un football asiatique qui sera son premier match, pour l’ouverture de la Coupe du Monde, vendredi à venir, dans un stade plein à guichets fermés.

Les Bleues veulent gagner, c’est tout mais c’est beaucoup.

Au final, les Bleues au-dessus ont montré qu’elles savaient s’adapter et qu’elles refusaient le fait de ne pas avoir de victoire. Qui a vu le déboulé victorieux de Kadidiatou Diani ne peut en douter.

Voilà les deux forces actuelles de Bleues 2019 : adaptation et victoire.

Le prochain match sera le premier match officiel des Bleues. L’ouverture du Mondial devant 47.000 personnes et la presse du Monde entier.

« Les yeux des Bleues dans les yeux » n’avaient qu’un seul sens. A cette idée, ils brillaient de mille éclats.

C’est peu dire qu’elles n’attendent que cela !

William Commegrain Lesfeminines.fr

Fiche technique : footofeminin.fr

Match de préparation de la Coupe du Monde de la FIFA
Vendredi 31 mai 2019 – 21h00
FRANCE – CHINE : 2-1 (1-0)
Créteil (Stade Dominique Duvauchelle)
Temps chaud (25°C) – Terrain en très bon état
Spectateurs : 10 028
Arbitres : Bram Van Driessche (Belgique) assisté de Yves De Neve (Belgique) et Kevin Monteny (Belgique). 4e arbitre : Stéphanie Di Benedetto (France). Arbitre VAR : Erik Lambrechts (Belgique)

Buts :
1-0 Valérie GAUVIN 30′ (Centre de Diani depuis la gauche qui arrive au second sur Cascarino en duel avec une adversaire. Le ballon revient derrière sur Torrent qui arrive élancée et place une frappe du gauche dont Gauvin hérite au second poteau pour dévier du gauche devant Wang Ying)
1-1 WANG Shanshan 52′ (Wang Shuang trouve plein axe sur une passe au sol en profondeur Wang Shanshan qui part dans le dos de Mbock et vient battre Bouhaddi d’un petit extérieur du droit de 12 m qui termine plein axe)
2-1 Kadidiatou DIANI 58′ (Côté gauche à 50 m du but, servie par Mbock, Diani se lance dans un raid de 30m éliminant 5 adversaires avant de placer une frappe du droit de 18 m au ras du poteau droit chinois)

Aucun avertissement

France : 16-Sarah Bouhaddi (cap.) ; 4-Marion Torrent, 29-Griedge Mbock Bathy Nka, 3-Wendie Renard, 2-Éve Perisset ; 14-Charlotte Bilbault, 15-Élise Bussaglia (8-Grace Geyoro 85′) ; 20-Delphine Cascarino (12-Emelyne Laurent 62′), 17-Gaëtane Thiney, 11-Kadidiatou Diani (7-Sakina Karchaoui 73′) ; 13-Valérie Gauvin (18-Viviane Asseyi 62′). Entr. : Corinne Diacre
Non utilisées : 1-Solène Durand, 21-Pauline Peyraud-Magnin, 5-Aïssatou Tounkara, 22-Julie Debever, 23-Maéva Clemaron
Chine : 12-Peng Shimeng ; 14-Wang Ying, 5-Wu Haiyan (cap.), 3-Lin Yuping, 2-Liu Shanshan ; 19-Tan Ruyin (20-Zhang Rui 38′), 21-Yao Wei (13-Wang Yan 54′) ; 4-Lou Jiahui (7-Wang Shuang 46′), 11-Wang Shanshan (16-Wen Li 78′), 17-Gu Yasha (10-Li Ying 69′) ; 9-Yang Li (15-Song Duan 54′). Entr. : Jia Xiuquan
Non utilisées : 1-Xu Huan, 18-Bi Xiaolin, 6-Han Peng, 8-Li Jiayue, 22-Luo Guiping, 23-Liu Yanqiu