Seconde partie : Lesfeminines.fr Dans ce domaine d’intégration des jeunes avec une performance à la clé, tu as une médaille d’Or avec la jeune américaine Lindsey Horan, dans la sélection américaine maintenant. Meilleure joueuse de la saison 2018 !

Farid : C’est une vraie réussite. Elle a frappé à la porte du PSG, il fallait le culot de prendre une jeune joueuse qui prend une place d’extra communautaire avec les ambitions qui étaient celles du PSG au départ. J’avais pris le risque. C’était une des jeunes américaines, pas parmi les meilleures. Elle a été courageuse de faire le choix de venir au PSG et nous avons eu le courage de la faire signer alors que l’on était dans un projet de joueuses plus importantes.

C’est une fierté de l’avoir amené à ce niveau pendant quatre ans. Donc c’est possible. Mais j’avais fait la même chose avec Shirley Cruz et on pourrait dire la même chose avec Wendie Renard. Des joueuses de 17 ans qui sont devenues parmi les meilleures joueuses du monde.

Lesfeminines.fr Puisque tu parles de l’OL. L’Olympique Lyonnais, malgré ces victoires n’est-elle pas en fin de cycle ? 

Farid : Difficile de répondre à cela. Je ne pense pas. C’est toujours les concurrents qui décident de la fin d’un championnat ou d’une coupe. Si vous construisez un championnat où plusieurs équipes peuvent mettre à mal l’OL, elles pourraient ne pas être championne. Mais si vous n’avez que les confrontations directes qui vont vous permettre d’être champion. Face à l’OL, cela devient très compliqué.

Plus vous aurez des équipes fortes autour du PSG et de l’OL, plus il sera possible au PSG de concurrencer l’OL.

Sinon, peut-être qu’il faut que le PSG prenne des joueuses de l’OL et tape fort pour qu’on arrive à déstabiliser l’OL. Ce que j’ai essayé de faire. C’est peut-être le moment de le faire.

Lesfeminines.fr mais quel est l’intérêt pour un club d’investir dans cette démarche, face à un tel concurrent alors que le retour n’est pas à hauteur des investissements ? 

Farid : C’est une limite, mais c’est dans tous les clubs du monde qu’il faut essayer d’être premier. Quand j’ai joué la Coupe d’Europe contre l’OL, je vous signale qu’après j’ai eu cinq joueuses du PSG qui ont été contacté par l’OL et quatre qui sont parties à l’intersaison. C’est de bonne guerre, je crois. Les meilleures joueuses se trouvent à l’OL. le PSG se doit de prendre les meilleures joueuses. Si c’est à Chelsea, c’est à Chelsea. Il faut les récupérer qu’elles soient en fin de contrat ou si on doit négocier. C’est le nerf de la guerre.

Et à côté de cela, il faut construire un projet stable. Comme je te le disais faire perdurer le club dans les résultats.

Lesféminines.fr Tu es bien et toujours dans le surnom que je t’avais donné : « Bâtisseur de performances »

Farid : Je suis arrivé en Chine parmi cinq entraineurs. On bout de deux ans, je me suis retrouvé quasiment manager du club. Dans une langue étrangère, ils m’ont donné carte blanche. Je me suis occupé de restructurer la formation, le recrutement. C’est comme cela.

Lesféminines.fr Pour changer, quelle est ton attente de la Coupe du Monde 2019 en France ?

Farid : Je vais regarder la Coupe du Monde car c’est mon métier. Je suis passionné de football et elle e passe en France. Dans ma ville, il va y avoir la finale et je suis à 500 mètres du stade. J’y vais même à pied. C’est très excitant d’aller voir une Coupe du Monde en France, c’est exceptionnel.

A mon avis, on va avoir des surprises. La meilleure surprise serait que la France la gagne. Tout le monde dit que la France est favorite. Non, je ne crois pas. Il y a toujours le Japon, l’Allemagne et les Etats-Unis car j’analyse les choses sur plusieurs années. Les dix dernières.

Aujourd’hui, la France, l’Angleterre, l’Espagne, la Hollande et surtout l’Australie sont des outsiders très concurrentiels. Je crois que ces cinq dernières équipes peuvent aller au bout de cette coupe du Monde, mais surtout la France car je suis supporter de cette équipe nationale. Les derniers résultats des compétitions internationales n’ont pas été mauvais. Cela n’a pas été si mauvais que cela avec des résultats assez bons et une équipe assez exceptionnelle, une très bonne équipe, au sommet de son art mais on n’a pas réussi à gagner une CM.

Peut-être que en France avec de jeunes joueuses comme Corinne Diacre le fait, avec des joueuses d’expériences et les lyonnaises comme Eugènie Le Sommer, Amandine Henry, Wendy Renard, Amel Majri, Sarah Bouhaddi qui ont montré leurs talents ces dernières années, je crois vraiment qu’on peut gagner cette Coupe du Monde comme Corinne Diacre le fait. Sans trop de pression. Tout est possible.

J’aimerais vraiment que la France et l’Australie figurent bien dans cette compétition.

Lesfeminines.fr Pourquoi l’Australie ?

Farid : L’Australie a consulté beaucoup de coach avant de prendre ce coach. Je connais bien cette équipe pour l’avoir étudié. Je trouve qu’il y a de jeunes joueuses très prometteuses, autres que Samantha Kerr. Vous verrez. Elle a eu plusieurs résultats probants. Elles rivalisent avec les USA. regardez bien cette équipe.

Lesfeminines.fr. Tu as été sollicité par la fédération australienne ?

Farid : Je n’ai pas pu me libérer car j’étais sous contrat avec mon club chinois. J’ai pour habitude de respecter mes contrats qui se finissait en 2021 et 2022 avec l’année supplémentaire. Il était hors de question pour moi de trahir mon club. Aujourd’hui je me retrouve sans club et sans équipe nationale. Il faut attendre la fin de la Coupe du monde mais j’espère bien que j’aurais de nouvelles opportunités.

Lesfeminines.fr te voilà avec un peu de 20 ans au très haut niveau. Quel est ton avenir ?

Farid : L’année dernière j’ai été sollicité par deux ou trois clubs américains. Des propositions en terme sportifs assez exceptionnelles. Je cherche un club où j’arriverais à faire passer un palier. En Chine, j’avais une bonne équipe même si la difficulté était de travailler dans une langue étrangère et de se faire comprendre. J’ai bien aimé.

J’aimerais avoir une équipe qui essaie de gagner cette Coupe d’Europe, d’aller en finale et de se qualifier régulièrement en championnat pour une place européenne. Je n’ai rien décidé de définitif. Ce que j’ai décidé c’est de rester en France avec ma famille.

Lesfeminines.fr Es-tu intéressé par Les Girondins de Bordeaux, 4e du championnat ? 

Farid : Bordeaux a un entraîneur. Bordeaux, je n’arrive à détecter les ambitions de Bordeaux. J’ai du mal. Je sais ce que veut l’Olympique Lyonnais, je sais ce que veut le Paris Saint Germain. Je sais ce que veut Montpellier. Pour les trois, très bien ou bien figurer pour participer régulièrement à une Coupe d’Europe. Bordeaux, je ne sais pas.

Lesfeminines.fr On dit que Jerôme Dauba, pourtant deux fois meilleur coach de la D1F, ne serait peut-être pas le coach de la saison à venir ? 

Farid : Pourquoi changer un coach français pour prendre un coach étranger ou moi si c’est pour avoir une ambition qui ne sera pas du niveau de celle de l’OL ou du PSG ? Si les ambitions son avérées, elles doivent être au niveau de celles de Montpellier au minimum voire même de Paris. Alors en effet, il faut prendre un coach de gros calibre avec une grosse expérience du football féminin. Ca se comprendrait.

Mais si c’est de prendre un coach sans changer fondamentalement d’objectifs pour avoir une équipe qui ne soit pas très concurrentiel au niveau attendu des deux premières places européennes de la D1F. Ne changeons pas de coach. Gardons le coach.

On s’entend la-dessus William, le coach et les moyens.

William Commegrain Lesfeminines.fr