Ada Hegerberg n’a que 23 printemps. Vingt-trois. Rien à l’échelle de la vie européenne qui propose à chacun d’entre nous de vivre des émotions du corps, du coeur et de l’esprit au-delà des quatre-vingt.
Il en reste à vivre pour Ada, et la jeune norvégienne, élevée à exister et faire par une mère idolâtrée à l’évidence, vient de passer un premier obstacle avec ce superbe triplé en finale de la Women’s Champions League.
« Celui de revenir ! »

Ada Hegerberg et sa mère. L’exigence féministe dans le caractère. Telle(s) mère(s), telle(s) fille(s).
On ne réussit pas par hasard. Entourée par des gens de très haut niveau.
Arrivée à 18 ans dans l’un des meilleurs clubs de l’Europe, elle est cajolée par Lotta Schelin (Suède), star suédoise qui a écrit l’essentiel des buts lyonnais, et qui semble lui avoir confié le parchemin de la réussite en lui laissant le « 9 » devenue un « 14 » que la jeune joueuse transforme.
Passée, de 17 à 18 ans, par le Turbine Potsdam (WCL 2005 et 2010, finaliste 2006 et 2011) de l’expérimenté Bernd Schröder, ayant vite noté les qualités incroyables de la jeune norvégienne, avec ses quarante années de coaching féminin.
17 ans, c’est jeune. 17 ans et déjà en finale de l’Euro 2013 avec la Norvège d’Even Pellerud, maitre d’oeuvre du titre de Championne du Monde 95 et de l’Or 2000 de Sidney.
Tout cela n’a pas échappé au regard de Jean-Michel Aulas et de son équipe. Voilà cinq ans qu’elle porte et chante lyonnais, venue sans un mot de français, capable aujourd’hui de disserter sur la difficulté d’être une championne, en quatre heures pour les autres. Plus vite et mieux pour Elle.
C’est d’ailleurs un point commun qu’elle partage avec Eugènie Le Sommer, meilleure buteuse lyonnaise de l’histoire. La vitesse et l’exigence du plus et du mieux.
Jeune, Ada Hegerberg a été entourée, cadrée, poussée, élevée par de grands talents du haut niveau féminin. On oublie souvent de le dire. Difficile à accepter quand on est jeune, mais ce sont les autres qui font ton Histoire. Ils trouvent un talent qu’ils n’ont plus, comme un diamant brillant. Hop ici, et pas ailleurs.
Le Ballon d’or, une carte d’identité lourde à porter.
En 2018, la jeune joueuse, intelligente marche sur le tapis rouge de la Vie. D’un village enneigé du fin fond de la Norvège, elle brille au pied de la Tour Eiffel, un Ballon d’Or à la main. Le premier de l’Histoire. Ambitieuse, elle vient, blonde couverte d’une robe dorée. trop contente de briller. Un sourire « dentifrice » qui te ferait exploser les ventes d’un Colgate endormi.
Au pied du Monde de la Mode, elle vient de commettre un crime de lèse-Majesté. Dans la Ville Lumière, dans le club Lumière, elle brille de trop. Ne laissant plus rien dans l’ombre. A trop briller, elle oublie de se protéger. Dans ses yeux, le Monde attend l’extraordinaire.
2019, cinq mois à se chercher
En 2019, Ada Hegerberg, du haut de ses 23 ans, rame. A vouloir trop se rapprocher de ce Ballon d’Or, elle s’en éloigne. Incompréhensible. Le pire sera de la voir en finale de la Coupe de France face à Lille, 11e et relégable de la D1F, une fois, mal contrôler le ballon, mal le relancer, tomber en marchant dessus et taper le sol de dépit. De dépit. De dépit. Loin de ses rêves, de son envie de bien faire et de mieux faire.
A cet instant, s’en fichant de ne pas être à cette Coupe du Monde 2019 sur ses terres de coeur. La France. Pour des raisons féministes qu’elle porte haut dans son coeur. A exiger plutôt que de se satisfaire. Sachant très bien que sa soeur, Andrine, bloquée injustement à Paris, ne lui en veut pas de ne pas être pris, en conséquence, dans cette sélection norvégienne, même si le coeur saigne d’une année pas facile pour les soeurs Hegerberg. Elles restent solidaires. Soeurs.
Enfin, la libération de la finale.
Alors quand Ada fait ce triplé en finale de la Women’s Champions League, donnant à ses coeurs lyonnais, la ligne qui fait l’Histoire. La sienne, seule à avoir fait un triplé en finale. La leur, un quatrième titre consécutif, un sixième dans l’Histoire du club. Ada renait. Enfin, elle existe de la manière dont son esprit l’apaise.
Devant et Unique. Une larme au coin de l’oeil. La confiance comme premier mot rédempteur. La blessure se referme.
Ada Hegerberg est revenue de la nuit des Talents. A 23 ans, elle a passé ce premier obstacle de la Vie.
A ce titre, elle est un exemple pour d’autres jeunes. Quand tu as du Talent, tu vis plus mal la nuit, mais si tu gardes ta lumière, alors le jour et la lumière reviennent te réchauffer pour t’illuminer, si tu as appris que, ce n’est pas le moment qui t’illumines, mais tout ce que tu as fait avant et ce que tu feras après. Ce que tu es.
A 23 ans, Ada Hegerberg sera toujours le Ballon d’Or dans l’esprit de tous. Et pas loin d’écrire, à 23 ans, un futur sportif incroyable.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Il serait injuste de résumer cette finale à la performance de la jeune norvégienne. Je ne lui aurais pas mis 9/10, choix de l’Equipe. Par contre pour le retour au plus haut niveau. Championne, devant et Unique ! Ne pas oublier qu’il y a eu de la performance dans le onze lyonnais et une grande faiblesse du côté barcelonais.