Aulas, cet inconnu.

Si on doit observer un anachronisme dans le paysage du football, c’est qu’aucun ouvrage n’a été écrit sur le Président Jean-Michel Aulas à l’exception de celui de Thomas Nardone (2007) « Aulas, l’enquête interdite. » dont le nombre d’exemplaires vendus l’a très rapidement éloigné des Goncourt et qu’on peut trouver sur Amazone pour la modique somme de 2€27 (occasion).

La Bourse, comme régulateur motivant de la performance lyonnaise.

Un prix pas très loin d’ailleurs du « range » boursier de l’Ol groupe depuis cinq ans. Situé entre 1,80 à 3,50 €, et à 2,95 actuellement. Une seconde poussée lors de la pulsion boursière liée à l’introduction de l’investisseur chinois au capital (Août 2016) qui aujourd’hui, joue sa carte de « sleeping partner », en attendant mieux.

Introduit en Bourse en 2007, au prix pourtant de 24 €, dans la fourchette haute de son estimation (21 à 24,40 €), à une hauteur jamais atteinte dans le monde du football boursier (voir indice STOXX Europe Football), le cours a plongé très rapidement. Le modèle inflationniste du football et de ses rémunérations plaisant difficilement à la Bourse, préférant « l’inflation des bénéfices ».

Un phénomène qui n’inquiète personne, à part les premiers souscripteurs. On a la sensation que les règles strictes, régulatrices du monde boursier, sont d’ailleurs, le cadre protecteur du Président Lyonnais pour communiquer une décision, s’éloignant très rapidement, du « je suis Président » et « je décide ». Plutôt amateur, en spécialiste des chiffres, de l’argumentation cadrée par le droit. Attendant ensuite, comme un paysan expérimenté que le fruit, soit la décision, tombe comme prévue. Tout l’art de soumettre la décision aux autres en ayant « la garantie » de la réponse.

La Bourse, un cours à suivre.

Un cours bas qui n’a rien de bien surprenant. La Juventus, très longtemps à 0,205 €, ce qui est très peu au regard du parcours européen de la Vieille Dame, connait une belle embellie avec un cours à 1,325 € mais reste à une valeur unitaire basse. Une embellie pour l’un, embolie pour l’AS Roma, coincée à 0,492 €. Un plus haut quasiment depuis cinq ans, pour le second club de la capitale italienne.

Le pragmatisme pourrait être l’exemple du Borussia Dortmund, côté à 8,45 (15 mai 2019).

Mais le rêve serait de suivre l’AFC Ajax que les journalistes sportifs redécouvrent depuis l’époque des Cruyff, Neeskens, Johnny Rep des années 80. La Bourse, bien plus actuelle, avait anticipé. Dès début mai 2018, le cours était sorti de son cycle par le haut, passant de 11€05 pour finir à 17,90 € (au 15 mai 2019).

Réalisant un (+ 62%) en 12 mois. Faisant même une pointe à 25,20 € (+120 %) en pleine demi-finale européenne.

Un cours lyonnais, s’il devait évoluer, qui pourrait donc se situer dans le futur entre ces deux valeurs : 8 €50 à 17 €. Soit de 3 à six fois sa mise au mieux. Certainement l’objectif d’Aulas, roi du ROI (Return On Investment), parlant la même langue que les observateurs boursiers en tant que Président de la CEGID, collaborateur des experts-comptables. Les comptes de l’OL dégageant, de plus, le profit annuel qui convient.

On peut juste se poser la question si l’image communicante du Président lyonnais est celle que la Bourse apprécie. Un autre président a un usage stratégique des réseaux sociaux, Le Président de Tesla, Elon Musk, très réactif sur son compte twitter. D’un côté, une condamnation médiatique et boursière sur ces messages précurseurs, et sur le côté face, une valeur boursière à 231 € 95 …alors que la société américaine présente une perte de deux milliards en 2017.

La fusée lyonnaise : des décisions liées entre elles.

Jean-Michel Aulas a l’air d’aimer les options stratégiques liées, soit transversales. Elles garantissent qu’en cas de difficultés, il existe un amortisseur pour en réduire la portée.

Une entrée aux USA après une introduction chinoise, en cours d’organisation avec le partenariat « Tony Parker ». D’abord initié avec Alex Morgan. Maintenant en cours de développement avec la possibilité d’entrer dans une franchise, au sein du championnat américain professionnel de football féminin. Liant et finalisant ces deux initiatives par un partenariat Tony Parker, star française américaine. Quel meilleur ambassadeur possible pour JMA ? Français apprécié, image de talent et de gagnant, baigné aux USA depuis 2002, MVP 2007, quatre fois champions NBA (2003, 2005, 2007, 2014). Capitaine des Bleus et Président de l’historique Asvel (Villeurbanne) depuis 2014.

Une entrée au capital du club de basket lyonnais, ASVEL et Lyon ASVEL, repris par Tony Parker depuis 2009, leader féminin et masculin, ou en établissant un partenariat d’intérêt commun, à proposer le Groupama comme Arena de basket à un ASVEL, dont l’objectif serait de se qualifier continuellement pour l’Europa Ligue et d’avoir une salle profitable en volume à deux pas.

On peut penser que le second étage de la fusée lyonnaise est de sortir de la France. S’exporter. Une stratégie difficile à mener puisque les clubs, par essence même, ont un champ d’action national à travers un championnat.

Pour cela, il faut peut-être intégrer une autre culture managériale sportive. C’est visiblement la recherche du Président lyonnais pour remplacer Génésio. Si Arsène Wenger (69 ans) n’était pas aussi âgé, il serait la personne idoine. Quoi que, aujourd’hui, l’âge est d’abord une caractéristique mentale.

Il est intéressant de noter, pour une première fois, la volte-face du Président Lyonnais avec son coach qu’il a ardemment défendu, un soir d’élimination en Coupe. Là où d’autres auraient réuni une cellule de crise, on s’aperçoit que le « personnage » Aulas a vite fait rentrer « dans le rang » la presse sur cette affaire. Le fruit de son identité médiatique. Quoi de plus surprenant que de voir Aulas prendre une décision surprenante ? D’où l’intérêt de bien maitriser son identité médiatique.

Par contre, on a vu l’importance de la position des supporters dans le portefeuille du Président. Au moment où les comptes doivent être faits, ils pèsent dans sa décision. Clients du Groupama Stadium, ils peuvent en devenir les seconds Rois.

Le moteur de la profitabilité : le Groupama Stadium

Un stade qui sera le moteur de la réussite ou de l’échec de l’OL groupe. Une garantie de chiffre d’affaires et de profit non-négligeable pour un stade qui s’amortirait en exploitation à concurrence de 50 manifestations annuelles de mémoire. A vérifier, à l’écriture, cela me semble trop peu. Une année étant faite de 52 semaines, ce rendrait l’objectif difficile. Si on transforme l’indicateur en jours, avec 360 jours, cela devient possible.

Si le programme est diversifié en terme de spectacles non plus sportif, cela laisse une belle marge de profit. Si au contraire, il se limite au côté sportif, cela reste possible mais tendu (matches dans la semaine).

A mon sens, la réussite de l’OL groupe dépendra de la réussite économique du Groupama Stadium (contrat de naming de 3 ans, se renouvelant en 2020). Investissement clé de la pérennité des comptes de l’OL.

Voyez le programme, vous verrez le signe avant-coureur d’une montée du cours de l’OL. L’action pourrait exploser.

La Lfp a raison, elle réagit pour un intérêt collectif, exclut les logiques individuelles.

C’est donc sans surprise que la LFP et les confrères du Président Lyonnais se sont bien gardés d’écouter sa demande de décalage de la 37e journée de Ligue 1, coïncidant avec la finale européenne lyonnaise à Budapest. Il s’agit d’un intérêt personnel, à charge pour le Président de faire son choix.

La 38e et dernière journée bouge sur demande du Ministère de l’Intérieur, en prévision des Gilets Jaunes qui semblent plus relever de l’exercice de prévention au bout de la 28e édition. L’extérieur, principal fait générateur.

Un dilemme pour deux victoire potentielles qui seront des problèmes en cas d’échecs.

Entre une sixième coupe européenne (Samedi 18 mai 18h00 à Budapest) contre le FC Barcelone féminin ou une qualification européenne masculine (Samedi 18 mai 20h00) face à Caen. Lui qui sait que les joueurs et joueuses ont souvent « besoin » de sa présence habituelle pour réaliser leurs performances. Existe-t-il un match de l’Ol sans un plan « Aulas » ?

Dans les deux rencontres, l’Olympique Lyonnais est favori. Sa présence ne parait pas indispensable. Pour lui, cela doit être différent. Un échec dans l’un des deux serait un souci dans la construction de sa fusée lyonnaise.

Le monde du football a un jeu particulier. Il adore créer des problèmes à un acteur, pour voir comment il réagit. Un petit jeu très souvent pratiqué dans ce milieu.

Que fera Jean-Michel Aulas ? Si le Président Aulas est Dieu dans le football, alors il devrait trouver -sans problème- des Saints.

William Commegrain Lesfeminines.fr