Une troisième place qui avait le goût d’un match de Ligue des Champions. A ne pas perdre. D’ailleurs, Charlotte Bilbault, en zone mixte ne voulait pas entendre le mot « beau match ». C’était « de la déception. On a eu certaines occasions et il nous a manqué d’être plus efficace devant le but. Elles ont des occasions et elles en ont mis une au fond et c’est elles qui l’emportent ! Les deux équipes voulaient cette 3e place et absolument gagner ». Quand Jean-Louis Saez, rappelait « sa honte du match face à Rodez (défaite 2-1), et un match pas facile avec la volonté du Paris Fc de pouvoir passer devant ! » L’homme était heureux et quand le futur directeur sportif de Montpellier est heureux en football féminin, il affirme son bonheur : « Je pense que sur la physionomie du match, la victoire est méritée. »

Un superbe combat

Pas si facile pour les quelques observateurs de Charlety. On a le sentiment d’avoir assisté à un vrai combat. A l’image de Sofia Jakobsson capable de percées sur le côté droit mais n’oubliant pas d’aller chercher Estelle Cascarino pour ne pas perdre, qui en seconde mi-temps, jouait comme une milieu. Un vrai combat entre Valérie Gauvin, incroyable de puissance mais trouvant devant elle la volonté de Butel Anaïg qui a mis de côté les défenses taclées comme la qualité d’une Elisa De Almeida.

Marion Torrent au milieu, bouledogue au féminin face à une Gaetane Thiney, pleine d’expérience qui est allée au bout d’elle-même pour tenter l’égalisation. Mais a certainement trop consommée d’énergie. Charlotte Bilbault si calme après un match, transformée en Avenger dans un match. Janice Cayman qui va chercher la dernière occasion de Clara Matéo, pourtant à bout de souffle trouvant la force de tenter un droit quand elle le joue en pied d’appui. Ne voulant pas rater la chance que le jeu lui propose.

Et que dire des gardiennes. Très peu sollicitées mais concentrées sans défaut quand justement, elles sont sous le sifflet du public pour des buts encaissés souvent évitables. Là, présentes, notamment sur ce pénalty arrêté pour Camille Pecherman. Le but de Jakobsson étant dû plus à l’expérience de l’internationale suédoise, changeant sa visée, -qui promet pour le Mondial 2019 à venir- plus que sur une erreur de gardienne.

Est-ce le bruit des enfants ? Est-ce l’enjeu. A Charlety, pour pas cher, on a vu un superbe spectacle de football féminin. D’un camp à l’autre. Seule la victoire est belle pour les joueuses. Pour les spectateurs, le match a son importance. On a plutôt envie d’y revenir.

La rencontre

Une première mi-temps très animé. Voilà ce qu’ont trouvé les 3.000 enfants de Charlety qui ont marqué leurs présences au son d’encouragement que le stade des hommes n’avait pas dû souvent entendre. Un vrai tonnerre sonore dans ce stade trop souvent vide.

Il faut dire qu’ils ont eu de quoi s’animer.

Les deux équipes se sont présentées pour surtout gagner cette rencontre et les mouvements latéraux -le jeu calme- n’ont pas été nombreux. De la verticalité, du duel et de l’engagement. Chacune avait bien son adversaire dans le collimateur et s’est évertuée à ne pas se laisser passer dans un premier temps et surtout à lui faire mal dans un second. Il fallait le faire reculer.

C’est le Paris Fc (7′) qui ouvre les débats avec un superbe mouvement de gauche à droite qui se termine par un tir de Thiney, la capitaine internationale des parisiennes qui commence à retrouver des jambes. Balle dans les mains de Murphy, difficile à battre à cette hauteur. Montpellier réplique dans la minute et obtiendra un pénalty sur une initiative de Valérie Gauvin, reprenant une balle perdue qui trouve la main involontaire d’Estelle Cascarino (8′).

Silence dans le stade, et éruption volcanique des enfants quand Camille Pécherman, titulaire à la place de Karima Benameur, légérement blessée, détourne en partant judicieusement sur son côté droit. Janice Cayman, ex-juvisienne, vient de laisser passer une belle occasion pour ses couleurs du Sud.

Le football confirme aux joueuses que c’est à elles de remporter cette rencontre.

Aucune fille ne s’échappe dans cette rencontre. Le jeu s’installe dans la force et le duel. Vingt deux joueuse qui veulent gagner, cela fait du bruit sur le pitch. On voit des duels de qualités et l’impact physique comme mental montrent que lorsqu’un l’emporte, c’est l’autre qui défend et inversement. Montpellier, sous la poussée de Sakina Karchaoui qui pourrait déposer sa marque de perceuse de lignes, pratique par des petits mouvements intenses d’appuis-soutiens qui font mal à Paris mais qui n’arrivent pas à trouver le duel avec la gardienne. Soit c’est un pied de De Almeida (23′, 36′, 38′) qui est là montrant toute sa qualité défensive et dont on ne peut que regretter l’acte de naissance. Deux ans de plus, et elle aurait été une superbe candidate aux 23 de Corinne Diacre. Soit, c’est une défense d’Anaig Butel, excellente avec ses relances longues, ou un tacle de Charlotte Bilbault. Au final, cela ne passe pas.

Montpellier, de son côté, cherche Valérie Gauvin et l’internationale répond présente. Forte dans les appuis, au contrôle, dans les intentions. Sans pour autant trouver d’angles de tirs significatifs. De son côté, le Paris Fc prend le risque de jouer bloc médian et pousse ses contres à la vitesse supersonique. Toujours à la limite. Elles compteront quatre hors-jeu à la 17′ et cela fera un cinquième à la 19′ !

C’est alors au tour de Montpellier de défendre. Marion Torrent se jette sur une percée de Thiney pour éviter le corner. Marion Romanelli, bataille. Elle n’a pas peur de mettre les mains pour s’opposer à une percée. L’idée est claire, partagée par les 22. Celle qui se fait passer a perdu. Personne ne veut perdre, donc personne ne passe. Pourtant, cet impact offensif face à une défense solidaire donnera un poteau de Clara Mateo à la 32′, suivi dans la minute d’un coup franc de Thiney qui frôle le poteau et que personne n’arrive à couper !

On le sent, tout est possible. Dans un tel cadre, il n’est pas étonnant que le Paris FC comme Montpellier Hsc se quittent à la pause, sur un score vierge. Chacune ayant de bonnes raisons d’être déçues et amères. L’intensité produite par les deux camps méritait mieux.

En football féminin, les mi-temps ont souvent un sens. Que sera-t-il décidé dans ces 15 minutes. A mon avis, il y a eu de la remontada positive. Du style bien clair « Allez les filles, elle est pour nous ! »Une certitude, les deux équipes ont le droit légitime de penser pouvoir l’emporter.

Une seconde mi-temps plus calme mais décisive pour Montpellier.

La seconde mi-temps va se jouer moins en verticalité. On peut penser que les coachs ont pressenti le risque de voir leur équipe exploser sous l’intensité qu’elles veulent insuffler à cette opposition. Montpellier descend d’un cran pour essayer de jouer les contres et le Paris Fc s’essaie à la domination en ayant les yeux bien ouverts.

Sur une belle transversale, Gaetane Thiney perdra du temps au contrôle (56′) et surtout butera sur Murphy après deux dribbles dans la surface (57′). La parisienne paie ses efforts, le but est tout près de se réaliser. Rien n’y fait, la gardienne américaine est bien là.

La suédoise Sofia Jakobsson ne se le fera pas dire. Il faut dire que cette joueuse possède le feu de l’attaque dans ses jambes. Si elle croit en elle et laisse jouer son instinct, c’est un exocet qui part. En finale de la Coupe de France 2015, elle avait laissé sur place Kumagai et Sarah Bouhaddi était restée sur sa ligne de départ. La balle déjà sous la barre.

Là, rebelote, elle est dans la même dynamique. Sur une balle longue, elle va percer et envoyer une mine qui claque sur le poteau extérieur (58′). Quel tir ! Un coup de froid passe dans le dos des supporters parisiens. La suédoise est dans un bon jour. Elle veut produire du talent. C’est elle, qui ouvrira le score dans la même configuration. Pleine d’expérience, elle part en contre, voit que son adversaire l’attend. Elle se met dans la même diagonale, ouvre moins son tir pour le cadrer, espérant ou jugeant que la gardienne est encore en manque d’expérience. Le résultat est là. Effectivement, elle trouvera les filets d’un superbe tir en coin pour une ouverture du score qui confirme la 3e place de Montpellier (72′, 0-1).

Montpellier exulte mais elles veulent tellement cette troisième place qu’elles restent en mode compétition. Pas question d’en prendre un dans la foulée. Le niveau est le même. De son côté, le Paris Fc cherche la faille. A deux doigts de la trouver, mais la fatigue est là. 70′ d’un niveau européen avec 100% de mental. Il faut souffler, toutes les parisiennes ne sont pas encore au niveau international des A.

Coup de massue et coup de fatigue pour Paris. Le mental ne suffira pas pour égaliser.

Paris est fatiguée à l’image de Clara Mateo qui se fait reprendre par Maelle Lakrar, servie sur une superbe ouverture d’Estelle Cascarino. Elles ont trop donné en première mi-temps. De l’autre côté, Montpellier a obtenu ce qu’elles voulaient dans un combat loyal. Elles vont défendre cet avantage becs et ongles.

C’est exactement ce qui est arrivé quand Ines Jaurena réussit un grand pont sur Karchaoui, mais ne trouve personne sur sa passe. Cinq montpelliéraines l’attendaient en défense (76′). Clara Mateo servie en percée, a encore la force mentale que son physique n’a plus. Elle ne veut pas rater celle-là. Elle tentera le diable, en bout de course, pour passer Janice Cayman, tirant même de son pied d’appui, le nez dans le gazon, à bout et ne pouvant rien sur son tir contré du bout de la chaussure (77′) par l’internationale et capitaine belge. Qui se relève, avec le même physique d’une judoka qui fait un ipon. Point pas pris égal point gagné.

Montpellier terminera ce match mieux que le Paris FC. De la même manière au niveau de l’envie, mais avec son expérience en bloquant les initiatives parisiennes dans lesquelles Ines Jaurena ne sera pas étrangère. Sandie Toletti obligeant même Camille Pécherman à détourner un coup franc sur la tranversale (88′) quand Valérie Gauvin, terminera son slalom (90′) à deux doigts d’aggraver le score.

Au coup de sifflet final, Montpellier prend la 3e place du championnat en attendant le résultat entre le Paris Saint Germain et Bordeaux. Jean-Louis Saez au micro rappelle « qu’elles ont été pendant un moment avant-dernière de la D1F ! Et maintenant 3e ! ». Le bonheur de la performance. Une dernière question sur le bonheur de ces six années de coach et sa future approche pour Montpellier : « la même chose, quelques contrats vont partir, d’autres vont arriver et valoriser la formation ». Pour essayer d’être plus près de l’Olympique Lyonnais et du Paris Saint Germain, mais sachant qu’il ferait avec les mêmes conditions.

Le Paris FC, dans la bouche de son Président Pierre Ferracci est dans la même lignée. « On a un des trois meilleurs budgets de la D1F. On va lutter pour être 3e la saison prochaine, avec le même budget. Les deux autres sont trop loin en investissement. Sandrine Soubeyrand vient d’arriver, elle fait du bon travail. Ce sera une lutte possible avec Montpellier et Bordeaux. »

Un superbe match de football féminin avec une belle bagarre entre deux équipes qui ne voulaient rien lâcher et qui ont buté ou se sont imposés sur des détails. Un match qui valait largement les 5/10€ de son prix.

Les filles sont performantes. C’est ce que l’on a vu ce mercredi 24 avril 2019 à 14h30.

William Commegrain Lesfeminines.fr

PARIS FC – MONTPELLIER HSC. Stade Charlety. Paris. Arbitres : Collin Alexandra. keita Alexandre, Ruiz Isabelle.

But : (72′, 0-1). Sofia Jakobsson perce le côté droit. Elle n’est pas attaquée et modifie sa visée, après son premier poteau de la 58′, pour la mettre au fond des filets, légérement excentrée.

Paris Fc Pecherman – Soyer, De Almeida, Butel, Cascarino,  – Bilbault, Vaysse (86′ Ribeiro de Carvalho), Thiney – Mateo, Sallstrom (61′, Jaurena), Jean-François (61′ Benoit). Coach : Soubeyrand. Banc : ,  Benameur, Leroy, .

Montpellier Hsc : Murphy – Romanelli (63′, Mondesir), Dekker, Lakrar, karchaoui – Puntigam, Torrent – Jakobsson (82′, Toletti), Le Bihan, Cayman – Gauvin. Coach : Saez. Banc : , Torrecilla, , Sembrant, Esnault.