Les lyonnaises ont transformé les analyses des observateurs et les miennes sur les qualités parisiennes en « compliments ». Les mots que l’ont dit à des jeunes « pour leur faire croire que c’est possible, » quand elles, ont produit une réalité. Un (5-0) très lourd d’autant que le seul tir parisien n’interviendra qu’à la 88′ de la danoise Bruun, entrée en cours de match.

Dans ce match, les filles de Paris ont respecté -de trop- la règle du slogan parisien « Rêver plus grand ». Rêver, et seulement rêver quand le titre se proposait comme une réalité. Pendant 88′, elle sera lyonnaise.

A huit devant un écran, pas faciles à réunir tellement la réputation lyonnaise est forte. Il fallait des émotions et des arguments pour changer le Samedi soir de la détente après une semaine de travail très chargée en samedi soir football féminin. En proposant une soirée à émotions, surprises et pourquoi pas exploit. Dernier cours à 16h00. Rentré à 18 h00. Match à 20h45. Les heures de loisirs se comptent avec le temps. Pourtant, j’y suis devant cet écran, nous y sommes.

Ada Hegerberg condamne le Paris Saint Germain dès la 8′ !

Quand Amandine Henry, dans un fauteuil de princesse tellement Cook est loin d’elle, dépose un centre du gauche sur la tête d’Ada Hegerberg et que cela fait but, … la norvégienne fait attention à prendre le dessus sur la canadienne Ashley Lawrence et ses 1m68, sans faire faute pour poser ses 1m76 et reprendre ce ballon, condamnant le Paris Saint Germain à l’exploit (1-0, 8′).

On ne marque qu’un but à l’Ol quand on en marque un. Si Juvisy a pu en scorer deux (2017), c’était après en avoir pris cinq. Une seule équipe, le Turbine Potsdam allemand a réussi dans le passé des 10 dernières années à gagner l’OL à domicile sur un score de 2 buts (1-2). Les lyonnaises auraient pu s’en contenter. Elles l’ont précisé après le match « Elles voulaient montrer que les écrits avaient été excessifs et le prouver sur le terrain ». Ce qu’elles ont superbement réussi.

Pourtant, les premières minutes du match ont été parisiennes. Grace Geyoro et Kadidiatou Diani, la seule à se mettre au niveau de ses adversaires, arrivent à se positionner dans les 20 mètres lyonnais, les obligeant à reculer pour les rendre humaines, alors que Victoria Beyer vient juste d’ouvrir les débats.

On perçoit une interrogation lyonnaise très courte mais le caractère exceptionnel de ces filles ressort. Elles réagissent en championnes. Des émotions qu’elles ne veulent pas voir prises par d’autres. Les lyonnaises feront en sorte que les 88′ restantes seront toutes à elles. Elles seront lyonnaises et donneront raison à leurs aficionados : « Le PSG n’est pas au niveau d’un titre de la D1F quand l’OL est là ! ».

Trois buts dans les quarante cinq premières minutes.

En football, quand tu prends trois buts, tu peux croire à une remontada. En football féminin, face à l’OL quand tu en as pris un, au mieux tu fais match nul. Si tu en prends trois, tu oublies les quarante-cinq minutes restantes.

Le Paris Saint Germain en prendra trois dans le premier acte et Kiedrzynek, préférée à Endler dans les cages, en sauvera deux. A la 13′ face à Majri et un arrêt incroyable de Lucy Bronze, comme prévue, dans un style très napoléonien, toujours devant à la 39′. Une occasion qui ne demandait qu’à rentrer, sauvée comme une gardienne de hand. A l’inverse, elle ne pourra rien sur la superbe balle piquée d’Eugènie Le Sommer (2-0 40′), servie idéalement par Fishlock, et ne pourra que constater le 100e but de Wendie Renard, sur un pénalty accordé pour une main d’Eve Perisset (45′). Avec un tel contenu, elle est loin la main dans la surface de Griedge M’Bock, oubliée ou pas sanctionnée par l’arbitre.

A l’exception de Kadidiatou Diani, quelle est la joueuse qui ressort de cette mi-temps ? Personne. Toutes font le boulot, plus ou moins bien, mais aucune ne peut rétorquer face aux lyonnaises hormis la parisienne qui devra se poser des questions à 24 ans, si elle veut des titres et pas qu’un salaire, pour changer de pays ou de clubs. Enfin, pour moi, elle a montré qu’elle avait des arguments de négociation. Ce qu’elle arrive toujours à faire dans les grands matches.

Une seconde mi-temps lyonnaise avec moins d’OL mais pas plus de PSG !

Le changement tactique en positionnant quatre joueuses derrière bloque un peu mieux les couloirs. Un couloir, terrain d’une véritable balade pour Delphine Cascarino qui a montré ce que c’était d’avoir 22 ans. On a du mal à comprendre le choix de mettre trois joueuses grandes dans une ligne de trois quand on connait la vitesse des attaquantes lyonnaises alors qu’Eve Perisset et Ashley Lawrence, plus hautes, ne servaient pas à grand chose offensivement, faute de ballons, et en retard défensivement.

Le couloir droit sera pilonné nous faisant poser la question de l’absence de Perle Morroni, excellente à Jean Bouin contre les lyonnaises et le choix de la suédoise d’Emma Berglund, toujours très moyenne dans ses quelques matches parisiens. Matches rares d’ailleurs, éloignée plus de trois mois pour cause de blessures.

Le milieu de terrain parisien sera perdu face à l’animation offensive lyonnaise. Il laisse Eugènie Le Sommer jouer à l’intérieur pour glisser à Ada Hegerberg, transformant la meilleure buteuse du championnat (19 buts) en numéro dix, pour une passe millimétrée vers Dzsenifer Marozsan qu’Ashley Lawrence n’arrive pas à reprendre, pour que l’allemande glisse un pointu maitrisé qui fera le quatrième (60′, 4-0).

L’addition est lourde mais logique. Elle restera toujours logique quand Shanice Van de Sanden ne s’arrête pas et, en pleine vitesse, glisse un cinquième à la 92′ (5-0). Un score lourd qui accompagne le record de spectateurs dans un match de football féminin, 25.907 (trois places offertes aux abonnés et places entre 2 et 5 €. Toutes compétitions et toutes équipes confondues, même pour les Bleues.

Le football étant un monde de « chambrette ». Les sept à la maison se mettent à crier à la 88′ alors que je plonge dans mon frigo depuis la 10e fois pour un énième yaourt salvateur. Un retour au lait maternel peut-être ! Une étincelle d’espoir sur un but parisien ? Quelque chose ? Une belle chambrette de l’assemblée. Un simple tir « d’escargot » et le premier parisien à la 88′ ! Un vrai tir de « gonzesses » dira celui qui est là par erreur. Condamné par sa compagne. Vengeur.

Une soirée qui m’aura coûté un repas promis. Je m’endors avec le cortex qui travaille. Le meilleur message, c’est qu’en sport, « les compliments, c’est pour les perdants ».

Lyon s’est imposé en championnes (5-0). Ce sont des réalités. Elles savent transformer les réalités des adversaires en redoutables compliments.

William Commegrain lesfeminines.fr

Les lyonnaises, très près d’un 13e titre consécutif. Il reste deux matches à Lyon (Dijon et Metz) quand Paris avec 3 points en moins s’opposera à Bordeaux et Guingamp. Trois points séparent les deux équipes et un goal average favorable à l’OL. Il suffira à l’Ol de gagner leur match contre Dijon pour ne plus pouvoir être rattrapé par le PSG. Seule 1 défaite et 1 match nul lyonnais donnerait une chance au PSG de prendre le titre, à la condition de remporter leur deux matches.

Au Groupama Stadium de Décines.

D1 Féminine (J20) : OL Féminin – PSG 5-0 (3-0)

Arbitre : Victoria Beyer. Spectateurs : 25 907.

Buts: Hegerberg (8′), Le Sommer (40′), Renard (sp 45+1′), Marozsan (60′), van de Sanden (90+2′) pour l’OL.

Avertissements : Diani (53′), Lawrence (57′) au PSG.

OL : Bouhaddi – Bronze (Buchanan, 64′), Mbock, Renard (cap.), Majri – Fishlock, Henry (Kumagai, 70′) – Cascarino (van de Sanden, 74′), Marozsan, Le Sommer – Hegerberg. Entr : Reynald Pedros.

PSG : Kiedrzynek – Paredes, Berglund (Wang, 46′), Cook – Périsset, Diallo, Formiga (cap.) (Bruun, 82′), Geyoro, Lawrence – Diani, Katoto (Nadim, 65′). Entr : Olivier Echouafni.