Si l’OL l’emporte. Au bout du 13e titre féminin consécutif en 2019, l’ennui pointe son nez. Même Netflix ne fait pas des séries aussi longues ! A chaque fois que le Paris Saint Germain version féminine a failli renverser l’Olympique Lyonnais, les lyonnais de coeur ont crié au scandale, rappelant les nombreuses victoires précédentes comme le palmarès. A faire exploser la facture de votre imprimeur !

Si on devait suivre cette psychologie, personne ne regarderait ce match, partant de l’idée que les féminines de l’OL sont certaines de la victoire, du titre et de la suite. Dans ces conditions, laissons le département du Rhône se glorifier de leur certitude et passons à autre chose. Il y a plein de choses passionnantes ailleurs, y compris des filles qui se donnent corps et âmes pour leur passion mais qui au moins nous font vivre une émotion.

A l’inverse, si les 69 de France acceptent l’inconnue. N’oublient pas les difficultés face à Lille, Grenoble (D2F), Fleury et le PSG, avec des victoires sur le fil (1-0) comme des matches nuls (1-1) quand d’habitude on assiste à une série de 21 à 22 matches gagnés haut la main. Reconnaissent qu’il suffit d’un but pour perdre le championnat ou le mettre à mal. Que le Paris Saint Germain version féminine a les armes pour une victoire, après leur nul à Jean Bouin (1-1) même si elle se fait sur un fil. Alors, cette année en 2019, vous avez des raisons d’aller au stade ou de vous planter Samedi à 20h45, devant l’écran cathodique pour vivre une émotion possible.

Quelles sont les raisons pragmatiques pour que le PSG emporte cette rencontre ? 

Une défense collective parisienne qui est une réalité et non pas un souhait.

-> Une bonne gardienne, les deux sont nommées aux Awards de la D1F. Une bonne gardienne face à l’OL, c’est essentiel. Olivier Echouafni va d’ailleurs jouer gros en choisissant sa gardienne. Elle flambe, tout va bien. Elle passe au travers et à lui une grande partie de la responsabilité de la défaite.

-> Les couloirs parisiens ont souvent été la clé des victoires parisiennes à Gerland. Ils seront essentiels à la tenue de la défense parisienne. Perle Morroni à gauche et Eve Perisset à droite doivent être les pompiers d’un incendie qui ne doit pas arriver, sinon il risque d’emporter le titre avec elles. Sabrina Delannoy et Laure Boulleau avaient été exemplaires pour remporter les deux seules victoires de 2014. Elles avaient défendu plus bas que terre. Sabrina Delannoy y était allée plus d’une fois d’une faute, d’un maillot face à Eugènie Le Sommer. Bien aidées par les joueuses offensives de l’époque, dont une Kosovare Asllani qui  n’était pas pourtant une adepte des efforts défensifs.

-> Les attaquantes défendent. Le système ne peut tenir qu’avec une forte présence défensive des « Wingers ». Là, il va y avoir Kadidiatou Diani, en pleine forme en Bleue et candidate au titre de meilleure joueuse de D1F attribuée le 15 avril, deux jours après. Ashley Lawrence a le même profil. Certainement la meilleure joueuse étrangère au milieu évoluant en France depuis Shirley Cruz. La canadienne n’est jamais « passée au travers » sur une rencontre. Au centre, se trouve Marie-Antoinette Katoto, co-meilleure buteuse du championnat (18 buts), buteuse de la victoire parisienne en finale de la Coupe de France 2018. Très souvent là pour ses couleurs parisiennes dans les matches importants.

-> Avec ces joueuses au coffre offensif-défensif, le seul passage se trouve au centre. Irène Parèdes a le coeur parisien et quelques fois le brassard. Si l’américaine Cook améliore ses plats du pied puissants en relance. Bien meilleure quand elle joue à gauche qu’à droite, alors il va y avoir des fusées de contres potentiels pour les parisiennes.

-> Le milieu de l’Olympique Lyonnais est le meilleur milieu au Monde. Quand on a posé cela, on a posé une vérité. Le second problème à résoudre et qu’on trouve sur le banc une solution d’une même qualité. Quand on a posé cela, on a posé un problème.

-> Grace Geyoro, Aminata Diallo, Formiga, Wang Shuang vont devoir faire un match de finale de Coupe du Monde. Dans le style si connu, « une finale ne se joue pas, elle se gagne ».

Les contres parisiens ne perdent pas le ballon et obligent les lyonnaises à défendre en redescendant, ce que les lyonnaises n’aiment pas. 

Il y a des armes, notamment si elles arrivent à rester assez haut pour lancer des joueuses qui ne perdent pas facilement la balle quand elles sont en percussion. Je pense à Ashley Lawrence et Kadidiatou Diani. Toutes les deux à un niveau qui leur permet de percuter sans ralentir ni se retourner. Ca, dans une défense, même lyonnaise, cela fait très mal.

A partir du moment où ces filles ne vont pas perdre la balle en contre, alors l’OL va se trouver avec une partie dans le « zag » et l’autre dans le « zig ». Et dans ces conditions, l’OL est friable.

Wendie Renard est la meilleure défenseur du monde quand elle est face à la balle. Elle a une lecture extraordinaire. A l’inverse, elle ne revient pas en vitesse pure sur la joueuse quand elle est attaquée en duel. Sa taille, 1m87 ne l’aide pas. Amel Majri est la meilleure en position offensive, elle a des difficultés dès qu’elle doit revenir vite. Elle développe une vitesse pure très rapidement mais qui stagne après les quinze premiers mètres. Il suffit de se rappeler le but de Cristiane en 2017 en finale de la Coupe de France. Salma Bacha est dans le même registre. Quand à Lucy Bronze, elle monte très vite et si le PSG la voit dans sa partie de camp, elle aura beau jeu de jouer sur son côté pour mettre le doute à Griedge MBock, très rapide mais moins forte dans les dribbles courts.

Avec un Paris Saint Germain qui joue vite, l’Olympique Lyonnais peut être piqué par les féminines du PSG.

La goutte de trop. L’effort émotionnel d’une Coupe du Monde à la maison ?

D’autant que se pointe la Coupe du Monde 2019 avec une charge émotionnelle nouvelle qui vient s’ajouter à un programme unique pour les lyonnaises : championnat, Coupe de France, Coupe d’Europe et Coupe du Monde.

Un truc de fou qui peut être le déclencheur d’une fin de série. La charge mentale est exceptionnelle, notamment pour les françaises renommées en France quand le Groupama Stadium les attend à compter des demi-finales. Il faudra y arriver et sans aucun doute qu’elles y ont plus d’une fois pensé. C’est une des chances du Paris Saint Germain féminin, moins servi en Bleues titulaires.

Cette charge émotionnelle qui met l’Equipe de France au même niveau que l’Olympique Lyonnais pourra se payer sur un match direct. Il est très difficile d’aimer intensément deux couleurs, deux projets différents la même année. Et les lyonnaises risquent de mettre au même niveau les Bleues et un Mondial avec les obligations de l’OL. D’autant qu’elles ont archi-goutées au championnat de France.

Les conditions d’une fin de série ne sont pas loin. Emotivement, il peut y avoir des déclencheurs « d’un moins bien mental » alors que tout porte à croire que chacune va tout faire pour réussir. Sauf, que la charge mentale, émotionnelle, psychologique est trop lourde. Une simple surcharge affective d’autant que, pour une fois, elle n’est pas protégée dans l’église lyonnaise, soumise au vent des critiques et des contre-performances masculines, quand d’habitude le calme, la quiétude et la protection « divine » sont les piliers de l’institution lyonnaise. Et là, le pilier bouge.

Pour preuve, le titre du match trouvé sur le site officiel de l’Olympique Lyonnais ? Vendredi au lieu de Samedi. L’institution Olympique Lyonnais a la tête ailleurs.

Erreur sur le site officiel

Les conditions d’une fin de série sont présentes. Des éléments, si proches du début de la rencontre, multiples et différents, et rien ne peut être fait pour les maitriser, les minimiser avant la rencontre.

Pour une fois, le contexte environnemental lyonnais n’est pas maitrisé et organisé. Il est celui de l’actualité. Sans protection. Soumis au vent. Les filles sont très sensibles à l’environnement. Bien plus que les hommes.

Voilà pour moi les raisons pragmatiques car factuelles qui peuvent donner la victoire au Paris Saint Germain. Des joueuses parisiennes prêtes au jeu défensif. Des attaquantes capables de jouer très vite pour obliger la défense lyonnaise à reculer en subissant. Ce qu’elles n’aiment pas. Et enfin, un contexte de compétition supplémentaire – de trop- partagé avec les Bleues quand d’habitude elles ne gagnent qu’OL dans une Eglise Institutionnelle, d’habitude superbement protégée ; et là, soumis au vent et à la tempête chez les hommes.

Face à un PSG international, moins fort potentiellement mais expérimenté car fait d’internationales. Qui n’est plus impressionné par le palmarès lyonnais.

Pourquoi ne pas parler de l’Olympique Lyonnais ? Car à quoi cela servirait de prévoir une victoire lyonnaise. Un 13e titre consécutif. Juste la confirmation qu’elles seraient justes incroyables, car pour gagner le Paris Saint Germain dans une année mondialisée avec les trois titres à obtenir, il faudra juste être incroyable.

Le seront-elles ? Sarah Bouhaddi, Lucy Bronze, Griedge Mbock, Wendie Renard, Salma Bacha, Amel Majri, Amandine Henry, Saki Kumagai, Delphine Cascarino, Shanice Van de Sanden, Engénie Le Sommer, Ada Hegerberg ?

Alors que les parisiennes ne rêvent plus de l’Être, mais veulent l’Être.

William Commegrain Lesfeminines.fr

PS : si Paris gagne ce match, elles n’auront pas gagné le titre. Deux matches les attendent et là, cela va souffler fort.