Quand vous recherchez une référence au chiffre 23, la seule qui vous vient à l’esprit et que Google confirme, concerne le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris jusqu’en 7 décembre 2017, précise wikipédia.

23, un chiffre qui résonne fort à soixante jours du Mondial.

Il est vrai que pour les Bleues 2019, le football est devenu une religion comparée à la génération 2011 qui se formait à d’autres choses tout en pratiquant le jeu aux pieds qui les avaient poussé en 1/2 finale du Mondial 2011 comme des JO 2012. Toutes sont « professionnelles » et se consacrent totalement au seul football. Certaines étant quasiment des « cardinaux » de ce sport au féminin. On pense à Amandine Henry, Wendy Renard, Eugènie Le Sommer, Gaetane Thiney, Sarah Bouhaddi, etc..

Le chiffre 23 a, à quelques jours de la liste définitive de Corinne Diacre (mi-mai, au 20h00 de TF1) quelque chose de biblique, de sacro-saint. Se trouver dans la liste des françaises appelées à représenter la France dans la seule Coupe du Monde qui se jouera en France, dès lors que l’on sait que, pour 2023, 6 pays (Australie, Japon, Thaïlande, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud et Colombie) se sont manifestés pour pouvoir l’organiser.

Il semble loin le temps des désistements de dernière minute et des choix in extrémis d’un pays hôte comme celui du Canada 2015 (devenu la 3e édition en Amérique du Nord pour 7 éditions à l’époque) ou des USA en 2003 après la crise de la peste aviaire chinoise.

Prendre une place sur le banc.

Pour être dans cette liste des 23, il faudra convaincre Corinne Diacre sur la période de stage. La sélectionneuse, au long passé d’adjoint, prête une attention particulière à la qualité de l’entraînement. Pour elle, il est le siège d’un renouvellement ou non sur la liste et elle ne s’est pas empêchée d’avertir oralement la meilleure buteuse du championnat de France, Marie-Antoinette KATOTO (18 buts) lors du précédent stage. A la surprise générale.

Il reste que si son onze est fait, avec sept matches pour atteindre une finale, il faudra bien 23 joueuses pour y arriver. D’autant que les féminines sont passées à un stade tactique avancé, mettant de côté le jeu en profondeur ou la verticalité, ce qui donne des solutions au score qui souvent, se décantent en seconde mi-temps. Moment privilégié, où à la 60′, entrent celles qui doivent faire la décision.

Une pratique payante en club avec récemment Chelsea, qualifiée en 1/2 finale européenne face au PSG et dont la coach féminine, Emma Hayes, a mis sur le banc sa meilleure joueuse, Fran Kirby, pour la faire entrer et lui faire jouer un rôle décisif. Ce qui a été le cas, à l’aller comme au retour.

Bien que la France soit adepte « d’une prise à la gorge » dans les dix premières minutes, le banc aura certainement un rôle prépondérant à jouer dans ce championnat du Monde.

Kheira et Emelyne, entreront ? N’entreront pas ? 

Dans ce cadre, on attend deux joueuses appelées de dernière heure. La barcelonaise et expérimentée Kheira Hamraoui et la jeune lyonnaise, prêtée à Guingamp, Emelyne Laurent qui a réalisé un bon Mondial U20 en 2018. Rentrera ? Ne rentrera pas ? Corinne Diacre nous a montré qu’elle aimait brouiller les cartes et le choix tardif de Kheira Hamraoui peut très bien avoir sa solution sans qu’elle entre sur le terrain d’un match de cette semaine, dès lors que l’entraînement ait été la réponse suffisante.

Corinne Diacre, à 60 jours de la compétition et après 18 mois à la tête des Bleues (1er Septembre 2017) a la maîtrise du poste et sait qu’il s’agit de sa liste. Qu’elle sera condamnée en cas de contre performance et adulée en cas de réussite. En l’occurence, elle la gère comme elle sent son envie de la gérer.

Ce qu’elle maitrise moins, c’est la communication autour de l’Equipe de France. Avec une fédération au service des Bleues ou des Bleues au service de la féminisation du football ?

Le Japon ? 

Les « Nadeshiko », surnom donné aux japonaises et signifiant « les femmes parfaites » sont adulées au Japon. Pour avoir ravi le titre Mondial 2011 aux Etats-Unis (2-2, 3 tab à 1) alors qu’elles étaient 6e mondial et, ont eu à se battre (mot qui a un sens historique entre le Japon et les USA), en jouant d’une superbe technique, -elles- si petites comparées aux américaines, présentées comme des monstres athlétiques.

La subtilité face à la force. L’idéal japonais. Les joueuse s’en sont emparées, notamment lorsque Homare Sawa, capitaine, Soulier d’or de la compétition et meilleure joueuse FIFA 2011 est venue recevoir sa récompense mondiale en Kimono traditionnel.

Homare Sawa et Lionel Messi, meilleurs joueuse et joueur FIFA 2011

L’Histoire aurait pu s’arrêter là. Avec le Japon, il ne peut y avoir d’arrêt sans Histoire. Et celles des japonaises est celle de la conquête des Titres. Une finale Olympique en 2012 pour une médaille d’Argent, laissant l’Or aux USA. Un premier titre de Champion d’Asie en 2014 suivi d’une renouvellement en 2018. Et surtout une nouvelle finale Mondial en 2015 au Canada, toujours contre les USA, perdue sur le score historique de (5-2).

Seule, la qualification aux JO de 2016 sera empêchée par la Chine de Bruno Bini.

Les Nadeshiko ne perdront pas pour autant leur surnom. Femmes Parfaites, championne d’Asie 2018. Prête à reprendre le titre 2019 en France et égaler la performance des Allemandes (deux consécrations) pour se mesurer encore aux USA (3 titres) en 2023. D’autant qu’elles pourraient recevoir la compétition à venir ou à défaut, la jouer dans la partie asiatique au vue des nombreux postulants liés à la CAF.

Les Nadeshiko, la tête haute (2012 à 2015).

Lorsqu’en préparation des JO 2012, les Bleues avaient vaincu le Japon alors championne du Monde à Charlety (2-0), les japonaises en zone mixte, s’en étaient royalement fichues. Pas un mot de travers, de la rigolade avec les journalistes japonais présents. Un regard sur le clan français. Trois semaines plus tard, elles éliminaient les françaises en 1/2 finale (2-1) devant 61.482 spectateurs à Wembley. Une période où on ne comptait pas les spectateurs pour faire exister le football féminin. On s’attachait au contenu.

Il s’agissait du 7e match entre les deux nations. C’est assez peu quand la fédération recense 434 matches internationaux pour les Bleues. Donnant une parité équilibrée entre les deux fédérations. 3 victoires, 3 défaites et 1 nul. La dernière rencontre (3-1) lors du Tournoi de l’Algarve de 2015, préparatoire au Mondial a fait pencher la balance du côté des Bleues (4V, 1N, 3D) avec un doublé de Gaetane Thiney pour une réalisation d’Eugènie Le Sommer. Trois buts en réponse à l’ouverture du score japonais.

Dans le courant de cette époque, elles étaient encore Championne du Monde. La défaite en match amical n’avait pas de sens, les victoires se faisant lors des compétitions.

Aujourd’hui, on assiste à un nouveau cycle. 

L’élimination à la qualification des JO 2016 organisé à domicile a engendré la nomination d’une nouvelle sélectionneuse Asako Takakura, en remplacement du renommé Norio Sasaki (meilleur coach FIFA 2011). En reconstruisant son groupe dans lequel on retrouvera dans sa capitaine, la lyonnaise Saki Kumagai, milieu de terrain habituelle tireuse du fameux 5e tir au but des compétitions (notamment pour le titre Mondial 2011 comme pour les titres de la WCL avec Lyon), Asako Takakura vient chercher de la confirmation pour une équipe qui doit reconstruire son palmarès.

Un objectif bien débuté avec le titre de Championne d’Asie 2018 et surtout de championnes du Monde U20 en Bretagne. Avec un style de jeu que l’on ne retrouve plus. Fait d’abnégations, de passes courtes, de jeux tournés vers l’avant et de dribbles dans le dernier geste. Très loin du « contrôle-passe » du jeu européen.

Si elles gagnent face à la France, elles seront saluées comme des princesses ou des Femmes Parfaites. Le Japon, 6e mondial est toujours très fière de gagner contre une équipe mieux classée qu’elle. La France étant deux places devant, descendue à la 4e place et très proche de la 3e.

Un premier programme de qualité sur W9, en direct (21 heures, Jeudi) qui sera suivi pour Les Bleues, du Danemark le Lundi 8 Avril quand le Japon sera opposé à un aussi rude adversaire, l’Allemagne (2e mondial) le 9. Le Japon se prépare dans le dur.

William Commegrain lesfeminines.fr